Dostoïevski, Tolstoï, Camus, Sartre , il faut impérativement ajouter Schopenhauer et Nietzsche pour aboutir à l'ébauche , une "esquisse" ;-) d' un homme total
.
L'homme, Dieu, le social et la politique ....
Pour les quatre premiers , un clivage possible : Dostoievski comme Camus sont surtout dans l'analyse Tolstoï et Sartre tentent l'action .
N.B. Ce clivage devrait éclairer leurs positons respectives sur l'art ?
La beauté sauvera le monde pour Dostoievski (je n'ai toujours pas retrouvé l'origine exacte de la citation mais Stepan Trophimovitch dans les Possédés le clame haut et fort !1 )
L'art véritable ne peut être que d'inspiration divine selon Tolstoï , tout le reste est méprisable
Le beau pour Camus je ne connais pas trop ses théories esthétiques
Sartre ? assez sévère si l'on en juge par son Baudelaire
Schopenhauer : l'art est le meilleur très relatif de la production humaine si tant est que l'homme est capable de vivre bien et beau , si le bien et le beau existe dans la dimension de l’humain , avec un faible très marqué pour la musique ; l'exception !
Quant à Nietzsche ... tout un programme que je ne connais pas assez
1) dans l'Idiot mais oui , bien sûr , ne pouvait être dite que par un utopiste !
Pour ne plus courir après mes notes de lectures , conserver des impressions, enthousiasmes ou désaccords, noter tous ces livres convoités car on ne peut pas tout acheter ou tout lire , hélas! Ceci est un brouillon, un instrument de travail utile pour moi mais je souhaiterais suggérer votre participation et vos commentaires , ce qui explique ma décision aujourd'hui de l'ouvrir à tous Merci de votre lecture.
vendredi 19 décembre 2014
jeudi 25 septembre 2014
Penser à quelqu'un
La présentation de ce livre par Robert Maggiori dans Libé de ce jour me poursuit depuis ce matin . Je ne suis pas sure de résister mais encore un livre , est-ce bien raisonnable !!!
Maggiori a le don de me tenter et encore une fois je sens la nécessité de rappeler combien je suis attachée à la presse écrite . Je n'ai pas sauter le pas , je lis toujours chaque matin mon quotidien au petit déjeuner et son contenu bien souvent détermine mes réflexions de la journée .
Je n'ai pas encore trouvé cette même richesse par mes parcours sur le web . Je n'arrive pas à m'arreter sur une page sur écran comme je m'attarde sur le papier .
Cette impression persistante de l'éphémère sur le web me parait bien réelle , bien trop !
Un clic de souris et la pensée s'envole vers d'autres informations qui écrasent la précédente et j'ai bien peu l'opportunité de faire réapparaitre la page .
précisément l'article commence par ces inépuisables définitions de la pensée . , plus exactement de l'activité de l'esprit qui consiste à penser .
Penser , reflechir , imaginer, concevoir , raisonner (actif)
Penser prolongement des sens sentir, entendre rêver aussi (passif)
Mais c'est pour mieux montrer combien penser à quelqu'un est différent : penser à .un autre verbe.
Sujette aux idées fixes , la démonstration est facile ..
De la pensée à l'obsession qui vous coupe du monde ou qui crée entre ce qui n'est pas votre obsession et vous mêmes avec votre idée fixe , un écran étanche , ou plus vrai : deux niveaux de pensée et même d'existence .
Amour ou haine , positive ou négative cette "pensée à" est destructrice au moins dans les relations au monde ordinaires .
Je pense qu'on peut étendre cette réflexion à tout ce qui ne se plie pas à une pensée rationnelle .
Il me faudrait le livre :-)
Lisons ..
A propos
Le but de ce livre est simple: il consiste à expliquer pourquoi"penser à quelqu'un " ce n'est pas comme "penser à quelque chose", mais pas non plus une exception pour la pensée , ni dans la vie . Bien plutôt un modèle pour la pensée, et une orientation dans la vie.¨
Première partie : ce n'est pas comme penser à quelque chose
-Toi tu es amoureux
F.W. part sur une reflexion que lui fit sa grand-mère dont il se souvient qui l'a troublé, qu'il a ressenti comme une intrusion . Comment a-t-elle vu . Quelque chose d'absentLà je m'interroge : pourquoi la nécessité de l'absence . Ne peut-on penser à quelqu'un qu'en son absence ? ou bien le cas traité est-il défini par cette absence >> penser à quelqu'un d'absent
Pour ma part jusque là , pas trop d'accord Une mère par exemple qui regarde son enfant peut très bien être en situation ou en état de penser à lui . mais FW va surement justifier ...
Il semble que le triangle (sujet qui pense , la grand-mère et l'absent objet de la pensée ) soit important . illustration cette phrase exprimée dans la jalousie.
Notre pensée quand on pense à quelqu'un est visible par un tiers >>sentiment d'intrusion >>viloence
A qui pensez-vous et non à quoi pensez-vous ?
-Je pense à toi
à cause du " toi " complément qui change tout.Impossible d'imaginer ces mots de façon neutre
la pensée devient parole vivante . autant que dans un dialogue.(Martin Buber ( le Je et le Tu )
Activation de la relation ,La pensée dans le "je pense à toi " est dominée par l'émotion
(Vincent Delecroix , chanter , reprendre la parole)
Penser n'est pas transitif
/Sartre "je pense à Pierre qui n'est pas là .
je pense:
Pare l'absence de la personne à qui nous pensons nous prenons conscience plus que jamais de notre existence ,séparée, distincte , individuelle Descartes avait raison :-)
cogito sum cependant cruel cogito et cruelle existence qui se révèlent au moyen d'une distance>> conscience malheureuse d' Hegel
(distinguer pensée malheureuse où l'on retrouve Steiner origine de la pensée triste et pensée malheureuse par ce que des faits malheureux (qui pourraient être aussi heureux d'ailleurs ) , sont associés à la pensée
Quoi qu'on fasse la pensée ne résoudra pas l'absence malgré l'illusion qu'elle peut parfois crer "le coeur sait qu'il n'a pas ce pouvoir magique et que la pensée continue à se définir sans lui à la fois par son plein et son vide, produisant aussi bien la douceur de l'illusion que la cruauté de la desillusion qui parfois suivra Plus encore ce déchirement créera ou réveillera en nous un vide et plus qu'une absence , un manque, une détresse, peut être autant constitutifs de nous mêmes, de notre subjectivité , ce que nous croyons être N'est-ce pas aussi par lui que nous nous sentons exister ?
Il va donc jusqu'au plus intime ce déchirement lié à l'absence . Mais il va également au plus ouvert, au plus universel.D'où ce mode de penser qui crée l'empathie , la compassion etc....
Il se peut que ce soit tout l'espace de la pensée et du monde qui s'ouvre (ou qui risque de refermer) avec elle.
Penser à quelqu'un Quoi de plus simple ? Mais tout pourrait bien s'y ajouter .
Untel, unetelle
Mes pensées vont et viennnent. Elles butent sur ces étranges ilots rocheux que sont les autres.A condition de ne pas penser à quelqu'un colme à un objet à une chose , ce qui devrait être un principe.
Impératif Kantien : Ne jamais traiter quelqu'un comme un moyen mais comme une fin .
Penser à quelqu'un c'est à la fois plus et moins que de penser aux utres
Il est impossible de penser à tous comme de penser à quelqu'un .
Risque et chance à la fois
Style:
Penser à quelqu'un c'est penser à style
Imagination :
Question vitale , esthétique , morale Comment imaginer quelqu'un ?d'abord "individuer"
Camus mettait à la racine du mal et de la cruauté le manque d'imagination
Dès que je pense à quelqu'un je l'imagine
Nous pensons à quelqu'un comme à un personnage ou a un personnage comme à quelqu'un
Associations:
Je pense à toi et nos pensées ne sont pas seulement vagabondes et libres , mais revenantes et liées
(les catins de Diderot dans le neveu de Rameau
Les associations entre les idées renverraient -elles aux relations entre les êtres
Attachements (nous y voilà ! )
Nous ne choisissons pas ou du moins pas toujours ceux à qui nous pensons et surtout (paradoxalement) à ceux à qui nous pensons le plus .parce que notre pensée à surgi de la relation
nature primaire de l'attachement:
Attachement : désigne le besoin primaire d'une relation à un autre être singulier
L'attachement vient avant l'esprit et la cognition dans le developpement humain
Serge lebovici "l'objet est investi avant d'être perçu il est aimé ou haï avant d'être manipulé et connu ..
Dedoublement, égalité (le contraire de l'autre objet .condition pour penser à quelqu'un
(pas très clair ...)
Amour et haine
Rousseau : On ne se passionne pas pour les êtres insensibles ...... Ce qui nous sert on le cherche , mais ce qui veux nous servir on l'aimeCe qui nous nuit on le fuit mais ce qui veut nous nuire on le hait
penser à quelqu'un n'est jamais neutre c'est immédiatement ou l'aimer ou le haïr.
sur youtube
vendredi 12 septembre 2014
les origines ethniques des européens
A lire avec précaution , (voir le commentaire sur Amazon qui me parait fondé. )
http://www.amazon.fr/origines-ethniques-Europ%C3%A9ens-Georges-Cerbelaud-Salagnac/dp/2262008574/ref=sr_1_3?ie=UTF8&qid=1410544562&sr=8-3&keywords=les+origines+ethniques+des+europ%C3%A9ens.
N'étant pas spécialiste , je m'abstiens de lecture .
Certainement de bonnes choses interessantes mais difficile de faire le tri .
C'était tentant mais l'ampleur du sujet incite à la prudence .
Parti-pris fondamentaliste chrétien mis en avant par l'auteur du commentaire et dont on trouve la preuve dès les premières pages (Référence privilégiée à la Genèse)
Dommage la trame du livre était séduisante .
lundi 18 août 2014
Tolstoï : Qu'est-ce que l'art ?
Hou !!! Si ce n'était pas de Tolstoï, je serais effrayée , c'est une condamnation radicale de l'art moderne incluant le romantisme , les impressionnistes , les symbolistes les décadents , sans parler de l'art contemporain qui dessinait son profil à l'époque ou Tolstoï à écrit son livre .
"il ne peut y avoir d'art sans conscience religieuse et la beauté n'est qu'une perversion de l'art .
Un commentateur sur Amazon définit très bien l'essai de Tolstoï
Je me permets de le reproduire son message ici , il est parfait (à mon sens ) :
La conscience religieuse, 16 avril 2013
Ceci dit par ce que c'est Tolstoï on ne peut s'empecher une certaine sympathie lorsqu'il parle d'art dévoyé par le marché de l'art et le professionnalisme , lorsqu'il regrette toutes les energies dépensées dans des projets futiles quand tant de misère pourrait être soulagée par les sommes englouties dans des expériences artistiques contestables .... quand des fortunes croupissent dans descoffres-forts ... quand l'élitisme creuse l'abîme entre ceux qui ont accès à l'art et ceux qui en sont exclus .
Il n'a pas tort non plus quand il affirme que les critères esthétiques dans nos sociétés occidentales sont rarement sincères et authentiques mais plus souvent artificiels et subordonnés aux lois de ce qu'on appelle aujourd'hui merchandising .
A mon avis otez à son jugement la conscience religieuse et nous retrouvons beaucoup des fondements du communisme ou encore peut-être bien des échos à certaines théories bouddhistes
Romain Rolland le définissait comme un anarchiste chrétien ..
Peut être faut-il aussi retenir de l'expression conscience religieuse que l'étymologie stricte du mot religieux : encore que ... :
Il y a deux sources étymologiques du mot "religion" : relegere (cueillir, rassembler) et religare (lier, relier)
- relegere, de legere (cueillir, rassembler). Cette filiation sémantique et formelle trouve sa source dans Cicéron et est soutenue par Benveniste. C'est l'expérience de la sacralité, voire de la sainteté, de l'indemne sain et sauf : recueillir pour revenir et recommencer, dans une attention scrupuleuse, dans le respect, la patience, avec pudeur et piété. C'est l'être, l'essence, la chose même de la religion.
- religare, de ligare (lier, relier). C'est une étymologie probablement inventée par les chrétiens : la religion comme lien, lien social, croyance, lien fiduciaire, crédit fait au tout-autre en sa bonne foi, expérience du témoignage, obligation, ligament, devoir, dette entre hommes ou entre l'homme et dieu.
Ces deux sources sémantiques se croisent. Tout en critiquant Benveniste, en insistant sur le fait que l'étymologie ne fait jamais loi, Jacques Derrida les prend au sérieux. La distinction est "quasi-transcendantale". Elle correspond à deux veines irréductibles de la religion. La répétition de cette division est, "en vérité", l'origine de la répétition, la division du même.
Tant que la religion n'est pas instituée, il n'y a pas de terme commun à ce que nous appelons religion, il n'y a pas une chose une et identifiable que tous s'accorderaient à appeler religion. Unifier les deux termes, c'est résister à la disjonction, à l'altérité absolue. ( http://www.idixa.net/Pixa/pagixa-0709031246.html)
Et encore parce que c'est Tolstoï j'aimerais bien m' y attarder davantage ...
Baudelaire , Verlaine ,Mallarmé Pouchkine , Wagner, Beethoven , les impressionnistes sont condamnés
Millet , Dostoievski (difficile à comprendre !) les contes et légendes populaires ont sa faveur
Ah encore : l'objet de la beauté se résume au plaisir .
"il ne peut y avoir d'art sans conscience religieuse et la beauté n'est qu'une perversion de l'art .
Un commentateur sur Amazon définit très bien l'essai de Tolstoï
Je me permets de le reproduire son message ici , il est parfait (à mon sens ) :
Par
Ce commentaire fait référence à cette édition : Qu'est-ce que l'art ? (Broché)
Dans ce texte très étonnant Léon Tolstoï explique sa vision sur l'art et le but de l'art.
L'art, la religion, les classes, le professionnalisme
Pour Léon Tolstoï, l'art est une activité humaine qui consiste à transmettre des sentiments (des émotions) par des signes extérieurs. L'art ne consiste pas à créer de la beauté ou du plaisir ou à exprimer des émotions, mais à infecter les spectateurs, les lecteurs ou les auditeurs avec des sentiments. La valeur de ces sentiments doit être déterminée par la conscience religieuse (chrétienne), qui nous dicte ce qui est bon ou mauvais. Le critère de base pour désigner ce qui est bon, est la vie fraternelle de l'ensemble des populations sur terre. Le but de l'art consiste donc à transférer du domaine de la raison au domaine des émotions, la vérité que le bien-être de la population mondiale consiste dans son unité et dans le remplacement de la violence par l'amour (le Royaume de Dieu).
Malheureusement, les classes supérieures, les plus grands `consommateurs' d'art moderne, ont perdu la foi. Ils ont réduit l'art à la transmission de sentiments de vanité, d'amusement et de luxure. L'art est devenu artificiel, insincère et perverti. En un mot, une prostituée.
La sincérité de l'art a également été considérablement affaiblie quand les artistes sont devenus de purs professionnels.
Les moyens et les fins artistiques
Pour Léon Tolstoï, l'art `chrétien' peut être religieux (la transmission de sentiments concernant Dieu) ou universel (la transmission de sentiments quotidiens simples).
Des dissimulations délibérées visant à éveiller la curiosité, la révélation de nouveaux aspects de la réalité ou la mise de points d'interrogation dans une aeuvre n'aident pas, mais entravent la véritable transmission artistique. La poésie herméneutique n'est qu'une suite de mots incompréhensible, alors que le réalisme et le naturalisme ne sont pas plus que des contrefaçons de la réalité.
Évaluation
En effet, une des essences de l'art est la transmission de sentiments (d'émotions) dans le lecteur, l'auditeur ou le spectateur. Mais, la conscience religieuse (chrétienne) ne peut en aucun cas être considérée comme le (seul) critère pour déterminer si l'art est bon ou mauvais. L'art peut aussi transmettre des messages (émotionnels) sur des réalités sociales ou politiques (guerre, paix), sur la psychologie humaine (amour, haine) ou encore sur des réalités potentielles (de l'anticipation).
Les messages peuvent, bien sûr, être transmis sous une forme attrayante, suscitant la curiosité du lecteur/spectateur.
L'analyse de la poésie herméneutique ne vaut peut-être pas la peine (en fin de compte elle ne cache souvent que des sentiments/messages simples), mais les exemples que Léon Tolstoï donne, sont très compréhensibles.
In fine, l'argumentation de Léon Tolstoï concernant la transmission de sentiments simples devient une caricature, quand il rejette le Faust de Goethe parce que la pièce de théâtre n'est qu'une imitation d'anciennes aeuvres d'autres écrivains, ou, quand il appelle les dernières compositions de Beethoven (y compris sa 9me symphonie) du charabia artistique, parce que Beethoven était sourd quand il les a composées.
Ce texte controversé ne peut être recommandé qu'aux fanas de Léon Tolstoï et qu'aux professionnels de (histoire de) l'art.
http://www.amazon.fr/review/R4QSDA08GU60K/ref=cm_cr_dp_title?ie=UTF8&ASIN=2130554407&channel=detail-glance&nodeID=301061&store=booksL'art, la religion, les classes, le professionnalisme
Pour Léon Tolstoï, l'art est une activité humaine qui consiste à transmettre des sentiments (des émotions) par des signes extérieurs. L'art ne consiste pas à créer de la beauté ou du plaisir ou à exprimer des émotions, mais à infecter les spectateurs, les lecteurs ou les auditeurs avec des sentiments. La valeur de ces sentiments doit être déterminée par la conscience religieuse (chrétienne), qui nous dicte ce qui est bon ou mauvais. Le critère de base pour désigner ce qui est bon, est la vie fraternelle de l'ensemble des populations sur terre. Le but de l'art consiste donc à transférer du domaine de la raison au domaine des émotions, la vérité que le bien-être de la population mondiale consiste dans son unité et dans le remplacement de la violence par l'amour (le Royaume de Dieu).
Malheureusement, les classes supérieures, les plus grands `consommateurs' d'art moderne, ont perdu la foi. Ils ont réduit l'art à la transmission de sentiments de vanité, d'amusement et de luxure. L'art est devenu artificiel, insincère et perverti. En un mot, une prostituée.
La sincérité de l'art a également été considérablement affaiblie quand les artistes sont devenus de purs professionnels.
Les moyens et les fins artistiques
Pour Léon Tolstoï, l'art `chrétien' peut être religieux (la transmission de sentiments concernant Dieu) ou universel (la transmission de sentiments quotidiens simples).
Des dissimulations délibérées visant à éveiller la curiosité, la révélation de nouveaux aspects de la réalité ou la mise de points d'interrogation dans une aeuvre n'aident pas, mais entravent la véritable transmission artistique. La poésie herméneutique n'est qu'une suite de mots incompréhensible, alors que le réalisme et le naturalisme ne sont pas plus que des contrefaçons de la réalité.
Évaluation
En effet, une des essences de l'art est la transmission de sentiments (d'émotions) dans le lecteur, l'auditeur ou le spectateur. Mais, la conscience religieuse (chrétienne) ne peut en aucun cas être considérée comme le (seul) critère pour déterminer si l'art est bon ou mauvais. L'art peut aussi transmettre des messages (émotionnels) sur des réalités sociales ou politiques (guerre, paix), sur la psychologie humaine (amour, haine) ou encore sur des réalités potentielles (de l'anticipation).
Les messages peuvent, bien sûr, être transmis sous une forme attrayante, suscitant la curiosité du lecteur/spectateur.
L'analyse de la poésie herméneutique ne vaut peut-être pas la peine (en fin de compte elle ne cache souvent que des sentiments/messages simples), mais les exemples que Léon Tolstoï donne, sont très compréhensibles.
In fine, l'argumentation de Léon Tolstoï concernant la transmission de sentiments simples devient une caricature, quand il rejette le Faust de Goethe parce que la pièce de théâtre n'est qu'une imitation d'anciennes aeuvres d'autres écrivains, ou, quand il appelle les dernières compositions de Beethoven (y compris sa 9me symphonie) du charabia artistique, parce que Beethoven était sourd quand il les a composées.
Ce texte controversé ne peut être recommandé qu'aux fanas de Léon Tolstoï et qu'aux professionnels de (histoire de) l'art.
Ceci dit par ce que c'est Tolstoï on ne peut s'empecher une certaine sympathie lorsqu'il parle d'art dévoyé par le marché de l'art et le professionnalisme , lorsqu'il regrette toutes les energies dépensées dans des projets futiles quand tant de misère pourrait être soulagée par les sommes englouties dans des expériences artistiques contestables .... quand des fortunes croupissent dans descoffres-forts ... quand l'élitisme creuse l'abîme entre ceux qui ont accès à l'art et ceux qui en sont exclus .
Il n'a pas tort non plus quand il affirme que les critères esthétiques dans nos sociétés occidentales sont rarement sincères et authentiques mais plus souvent artificiels et subordonnés aux lois de ce qu'on appelle aujourd'hui merchandising .
A mon avis otez à son jugement la conscience religieuse et nous retrouvons beaucoup des fondements du communisme ou encore peut-être bien des échos à certaines théories bouddhistes
Romain Rolland le définissait comme un anarchiste chrétien ..
Peut être faut-il aussi retenir de l'expression conscience religieuse que l'étymologie stricte du mot religieux : encore que ... :
Il y a deux sources étymologiques du mot "religion" : relegere (cueillir, rassembler) et religare (lier, relier)
- relegere, de legere (cueillir, rassembler). Cette filiation sémantique et formelle trouve sa source dans Cicéron et est soutenue par Benveniste. C'est l'expérience de la sacralité, voire de la sainteté, de l'indemne sain et sauf : recueillir pour revenir et recommencer, dans une attention scrupuleuse, dans le respect, la patience, avec pudeur et piété. C'est l'être, l'essence, la chose même de la religion.
- religare, de ligare (lier, relier). C'est une étymologie probablement inventée par les chrétiens : la religion comme lien, lien social, croyance, lien fiduciaire, crédit fait au tout-autre en sa bonne foi, expérience du témoignage, obligation, ligament, devoir, dette entre hommes ou entre l'homme et dieu.
Ces deux sources sémantiques se croisent. Tout en critiquant Benveniste, en insistant sur le fait que l'étymologie ne fait jamais loi, Jacques Derrida les prend au sérieux. La distinction est "quasi-transcendantale". Elle correspond à deux veines irréductibles de la religion. La répétition de cette division est, "en vérité", l'origine de la répétition, la division du même.
Tant que la religion n'est pas instituée, il n'y a pas de terme commun à ce que nous appelons religion, il n'y a pas une chose une et identifiable que tous s'accorderaient à appeler religion. Unifier les deux termes, c'est résister à la disjonction, à l'altérité absolue. ( http://www.idixa.net/Pixa/pagixa-0709031246.html)
Et encore parce que c'est Tolstoï j'aimerais bien m' y attarder davantage ...
Baudelaire , Verlaine ,Mallarmé Pouchkine , Wagner, Beethoven , les impressionnistes sont condamnés
Millet , Dostoievski (difficile à comprendre !) les contes et légendes populaires ont sa faveur
Ah encore : l'objet de la beauté se résume au plaisir .
lundi 4 août 2014
Tolstoï par Romain Rolland
Passionnant . J'adore cette manière de Romain
Rolland d'admirer sans édulcorer les faiblesses qui sont fatales
chez les passionnés. La critique des "Ecrits sur l'art " est un
régal notamment bien évidemment quand il s'agit de musique.
mercredi 23 juillet 2014
Sacré et profane (dans la musique )
Quatrième de couverture :
"Du Moyen âge, époque pendant laquelle toute expérience musicale était vouée à la divinité, au XXéme siècle , où il est de bon ton de déplorer la fin du sacré , ce livre est un questionnement sur e sacré et le profane en musique. Faut-il trouver des passerelles entre ces deux notions ou alors les opposer ? Leurs rapports sont complexes : sont-ils conflictuels ?
Les Textes présentés ici poussent plutôt au dépassement des contraires et à l'abandon d'une opposition un peu convenue. S'ils témoignent de la présence et de l'influence des thèmes sacrés dans la création musicale, ils expriment aussi l'évolution des normes et du vocabulaire de la musique sacrée, ainsi que l'émergence de techniques nouvelles de composition et la force de rituels sociaux qui ont permis le rapprochement du sacré et du profane."
"Du Moyen âge, époque pendant laquelle toute expérience musicale était vouée à la divinité, au XXéme siècle , où il est de bon ton de déplorer la fin du sacré , ce livre est un questionnement sur e sacré et le profane en musique. Faut-il trouver des passerelles entre ces deux notions ou alors les opposer ? Leurs rapports sont complexes : sont-ils conflictuels ?
Les Textes présentés ici poussent plutôt au dépassement des contraires et à l'abandon d'une opposition un peu convenue. S'ils témoignent de la présence et de l'influence des thèmes sacrés dans la création musicale, ils expriment aussi l'évolution des normes et du vocabulaire de la musique sacrée, ainsi que l'émergence de techniques nouvelles de composition et la force de rituels sociaux qui ont permis le rapprochement du sacré et du profane."
dimanche 8 juin 2014
Ecrits sceptiques de Bertrand Russell
Essais sceptiques
Responsables :
Bertrand Russell, préface de Mathias Leboeuf, traduction de André Bernard
Résumé
Prenant pour point de
départ l’irrationalité du monde, B. Russell offre par contraste un point
de vue paradoxal et subversif : la croyance en la capacité de la raison
à déterminer les actions humaines. Ces essais (1928) avaient pressenti
les horreurs qui résultèrent des passions irrationnelles issues des
convictions religieuses et politiques, aussi connurent-ils un large
succès.
( http://www.laprocure.com/essais-sceptiques-bertrand-russell/9782251200088.html )
____
Contre l'irrationnel, Bertrand Russel propose le doute
Par Jean Blain (Lire), publié le
Le scepticisme de Bertrand Russell est un plaidoyer en faveur de la tolérance religieuse et politique.
En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/culture/livre/contre-l-irrationnel-bertrand-russel-propose-le-doute_990145.html#fa4fMlFS7bfTGu2m.99
Mathématicien, logicien et philosophe, Bertrand Russell (1872-1970) est l'un des esprits les plus brillants du Royaume-Uni. Auteur des Principia mathematica (1910-1913),
ouvrage majeur de la logique moderne rédigé avec son ami Whitehead, et
partisan d'une philosophie scientifique fondée sur l'analyse logique, il
fut aussi un moraliste et un philosophe engagé. En 1916, son pacifisme
lui coûte d'être démis de ses fonctions au Trinity College à Cambridge
et d'être incarcéré quelques mois. Il recevra en 1950 le Nobel de
littérature, pour avoir été "au travers de ses nombreux écrits le
porte-parole de la libre pensée et des idéaux humanistes".
Dans ses Essais sceptiques, publiés en 1928, Russell propose, avec humour, une doctrine dont il craint qu'elle paraisse "terriblement paradoxale et subversive", à savoir qu'"il n'est pas désirable d'admettre une proposition quand il n'y a aucune raison de supposer qu'elle est vraie". Le scepticisme rationnel ne consiste pas à douter de tout, au point de ne plus pouvoir agir. Russell reconnaît tout résultat scientifique établi, non comme absolument certain, car, même s'ils sont d'accord, les spécialistes peuvent se tromper, mais "comme suffisamment probable pour fournir la base d'une action rationnelle".
En revanche, le degré de passion et d'intolérance avec lequel sont défendues les opinions religieuses et politiques pour lesquelles les hommes acceptent de se battre mesure précisément le manque de raisons logiques en leur faveur. Au fil de pages consacrées aux sujets les plus divers, la superstition, le bonheur, l'intolérance religieuse, l'éducation ou encore le puritanisme, Russell s'emploie à montrer que seule une bonne dose de scepticisme peut déjouer les illusions qui nous font adhérer aux croyances irrationnelles et croire, par exemple, que les actions guidées par la haine de l'autre sont en réalité commandées par l'amour de la justice. Ce plaidoyer sceptique pour la tolérance et la libre pensée repose sur la conviction qu'il est possible d'augmenter notre capacité à former des jugements rationnels et de promouvoir ainsi la morale authentique, fondée non sur l'envie et la restriction, mais sur le désir d'une vie pleine et la recherche du bonheur
En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/culture/livre/contre-l-irrationnel-bertrand-russel-propose-le-doute_990145.html#fa4fMlFS7bfTGu2m.99
http://www.lexpress.fr/culture/livre/contre-l-irrationnel-bertrand-russel-propose-le-doute_990145.htmlDans ses Essais sceptiques, publiés en 1928, Russell propose, avec humour, une doctrine dont il craint qu'elle paraisse "terriblement paradoxale et subversive", à savoir qu'"il n'est pas désirable d'admettre une proposition quand il n'y a aucune raison de supposer qu'elle est vraie". Le scepticisme rationnel ne consiste pas à douter de tout, au point de ne plus pouvoir agir. Russell reconnaît tout résultat scientifique établi, non comme absolument certain, car, même s'ils sont d'accord, les spécialistes peuvent se tromper, mais "comme suffisamment probable pour fournir la base d'une action rationnelle".
En revanche, le degré de passion et d'intolérance avec lequel sont défendues les opinions religieuses et politiques pour lesquelles les hommes acceptent de se battre mesure précisément le manque de raisons logiques en leur faveur. Au fil de pages consacrées aux sujets les plus divers, la superstition, le bonheur, l'intolérance religieuse, l'éducation ou encore le puritanisme, Russell s'emploie à montrer que seule une bonne dose de scepticisme peut déjouer les illusions qui nous font adhérer aux croyances irrationnelles et croire, par exemple, que les actions guidées par la haine de l'autre sont en réalité commandées par l'amour de la justice. Ce plaidoyer sceptique pour la tolérance et la libre pensée repose sur la conviction qu'il est possible d'augmenter notre capacité à former des jugements rationnels et de promouvoir ainsi la morale authentique, fondée non sur l'envie et la restriction, mais sur le désir d'une vie pleine et la recherche du bonheur
En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/culture/livre/contre-l-irrationnel-bertrand-russel-propose-le-doute_990145.html#fa4fMlFS7bfTGu2m.99
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les belles lettres sommaire :
II- Rêves et faits
III- La science est-elle superstitieuse ?
IV- L'homme peut-il être raisonnable ?
V- La philosophie au XXe siècle
VI- La machine et les sentiments
VII- Le Behaviourisme et les valeurs
VIII- Idéals du bonheur en Orient et en Occident
IX- le mal que font les « Hommes de Bien »
X- La recrudescence du puritanisme
XI- Le besoin de scepticisme en politique
XII- Pensée libre et propagande officielle
XIII- La liberté et la société
XIV- La liberté contre l'autorité dans l'éducation
XV- Psychologie et politique
XVI- Le danger des guerres de religion
XVII- Quelques perspectives gaies et autres
Bibliographie
_____
Sur Libération
Faut pas croire
CRITIQUE
Le philosophe Bertrand Russell démonte peurs et mythes irrationnels
Silhouette
dégingandée, chevelure blanche en pétard, pipe à la bouche. Une tête
qu’illuminent des yeux malicieux, posée sur un cou très fin. De loin, on
dirait monsieur Hulot. Dire qu’il est le plus grand philosophe
britannique du XXe siècle, qui a refaçonné tous les concepts
des mathématiques dans la perspective du «logicisme», en les fondant non
plus sur les axiomes arithmétiques mais sur la théorie des classes et
des relations, en ferait un personnage trop austère. En fait, Bertrand
Arthur William Russell est un drôle de zigue. Il se définit lui-même
comme «un whig britannique», et dit avoir l’amour british «du compromis et de la modération». On ne le croit pas vraiment, car, Sir Bertrand, on songe à le situer partout, sauf dans une «position moyenne».
Pacifisme. Moyenne n’est pas son ascendance : né le 18 mai 1872 à Trellech, Monmouthshire (mort le 2 février 1970 près de Penrhyndeudraeth, pays de Galles), orphelin de mère à deux ans, de père à quatre, il est le 3e comte Russell, petit-fils de John Russell, Premier ministre de la reine Victoria. Hors norme, comparable à celle d’une rock star, est la gloire qu’il connut de son vivant, avant et après le prix Nobel de littérature qu’il obtint en 1950, et jusqu’à la création, avec Jean-Paul Sartre, du Tribunal contre les crimes américains au Vietnam. Peu modérée est sa vie sentimentale, qui le fit se marier quatre fois et aller d’aventure en aventure. Enfiévrés apparaissent ses engagements politiques et éthiques, qui le firent défendre, au prix de quelques séjours en prison, le désarmement nucléaire, le pacifisme, les droits des femmes, l’éducation non autoritaire, l’amour libre, et fustiger le dogmatisme, la religion, la pruderie, les injustices du capitalisme… Voudrait-on quand même avaliser l’amour de la modération, il faudrait probablement le chercher dans le rapport que Russell entretient avec la vérité. Bien que faisant pleinement confiance aux sciences, il ne pense pas que quelque chose puisse avoir, jamais, le statut de vérité absolue, ni, à l’inverse, que toutes les propositions prétendent s’équivaloir sans se soumettre au verdict d’une argumentation sensée qui en montrerait soit l’invérifiabilité ou la fausseté (absolue) soit la vérité (relative). Aussi Sir Bertrand penche-t-il du côté du scepticisme. Non un «scepticisme héroïque» à la Pyrrhon, rejetant la possibilité même de la connaissance vraie, mais un scepticisme soft, qui cultive la disposition à écarter toute hypothèse infondée, contrôle les opinions en les confrontant loyalement aux opinions adverses et oppose des raisons raisonnables aux égarements irraisonnables des croyances.
Publiés en 1928, au moment où il adjoignait de plus en plus à son travail de philosophe, de logicien et d’épistémologue un intense activisme politique, les Ecrits sceptiques n’ont pas peu contribué à la renommée de Bertrand Russell. Ils ne provoquent pas le scandale que suscitera l’année suivante leMariage et la morale. Mais font probablement mieux. Ou irritent encore davantage bigots et bien-pensants, parce que le maître du Trinity College de Cambridge, en mêlant l’ironie, l’argumentation, l’exemplification, y démonte calmement les mythes, les peurs, les croyances sises dans la culture occidentale, qu’ils touchent l’influence de la psychanalyse, la théorie de la relativité, la superstition qui peut s’insinuer dans la science, les faux-semblants de la politique, la liberté, «les dangers des guerres de religion», le puritanisme ou «le mal que font les "hommes de bien"».
Bonheur. Comment faire pour que diminuent «les revenus des voyantes, des bookmakers, des évêques, de tous ceux enfin qui tirent leur subsistance des espoirs irrationnels» des gens ? Eh bien, il faut patiemment identifier, puis, par la force des faits, extirper les racines folles de nos convictions et nos actions, entre autres ces catégories mortifères que sont la culpabilité et le péché, «notion géographique». Ce n’est qu’ainsi que dans l’existence, dans la vie sociale, la vie politique, pourront se dégager «quelques perspectives gaies», et un idéal du bonheur qui n’exigerait pas, pour être bâti, la misère d’autrui. Aux yeux des ligues de vertu, qui empêcheront qu’il enseigne au New York City College, Bertrand Russell est l’auteur d’une œuvre «lubrique» et «dépourvue de toute fibre morale». Il écrivait : «Nous avons besoin d’une morale fondée sur l’amour de la vie, sur la joie de la croissance et des accomplissements positifs et non sur la répression et l’interdiction. On devrait considérer un homme comme "un homme de bien" s’il est heureux, expressif, généreux et joyeux du bonheur des autres.»
Robert MAGGIORIPacifisme. Moyenne n’est pas son ascendance : né le 18 mai 1872 à Trellech, Monmouthshire (mort le 2 février 1970 près de Penrhyndeudraeth, pays de Galles), orphelin de mère à deux ans, de père à quatre, il est le 3e comte Russell, petit-fils de John Russell, Premier ministre de la reine Victoria. Hors norme, comparable à celle d’une rock star, est la gloire qu’il connut de son vivant, avant et après le prix Nobel de littérature qu’il obtint en 1950, et jusqu’à la création, avec Jean-Paul Sartre, du Tribunal contre les crimes américains au Vietnam. Peu modérée est sa vie sentimentale, qui le fit se marier quatre fois et aller d’aventure en aventure. Enfiévrés apparaissent ses engagements politiques et éthiques, qui le firent défendre, au prix de quelques séjours en prison, le désarmement nucléaire, le pacifisme, les droits des femmes, l’éducation non autoritaire, l’amour libre, et fustiger le dogmatisme, la religion, la pruderie, les injustices du capitalisme… Voudrait-on quand même avaliser l’amour de la modération, il faudrait probablement le chercher dans le rapport que Russell entretient avec la vérité. Bien que faisant pleinement confiance aux sciences, il ne pense pas que quelque chose puisse avoir, jamais, le statut de vérité absolue, ni, à l’inverse, que toutes les propositions prétendent s’équivaloir sans se soumettre au verdict d’une argumentation sensée qui en montrerait soit l’invérifiabilité ou la fausseté (absolue) soit la vérité (relative). Aussi Sir Bertrand penche-t-il du côté du scepticisme. Non un «scepticisme héroïque» à la Pyrrhon, rejetant la possibilité même de la connaissance vraie, mais un scepticisme soft, qui cultive la disposition à écarter toute hypothèse infondée, contrôle les opinions en les confrontant loyalement aux opinions adverses et oppose des raisons raisonnables aux égarements irraisonnables des croyances.
Publiés en 1928, au moment où il adjoignait de plus en plus à son travail de philosophe, de logicien et d’épistémologue un intense activisme politique, les Ecrits sceptiques n’ont pas peu contribué à la renommée de Bertrand Russell. Ils ne provoquent pas le scandale que suscitera l’année suivante leMariage et la morale. Mais font probablement mieux. Ou irritent encore davantage bigots et bien-pensants, parce que le maître du Trinity College de Cambridge, en mêlant l’ironie, l’argumentation, l’exemplification, y démonte calmement les mythes, les peurs, les croyances sises dans la culture occidentale, qu’ils touchent l’influence de la psychanalyse, la théorie de la relativité, la superstition qui peut s’insinuer dans la science, les faux-semblants de la politique, la liberté, «les dangers des guerres de religion», le puritanisme ou «le mal que font les "hommes de bien"».
Bonheur. Comment faire pour que diminuent «les revenus des voyantes, des bookmakers, des évêques, de tous ceux enfin qui tirent leur subsistance des espoirs irrationnels» des gens ? Eh bien, il faut patiemment identifier, puis, par la force des faits, extirper les racines folles de nos convictions et nos actions, entre autres ces catégories mortifères que sont la culpabilité et le péché, «notion géographique». Ce n’est qu’ainsi que dans l’existence, dans la vie sociale, la vie politique, pourront se dégager «quelques perspectives gaies», et un idéal du bonheur qui n’exigerait pas, pour être bâti, la misère d’autrui. Aux yeux des ligues de vertu, qui empêcheront qu’il enseigne au New York City College, Bertrand Russell est l’auteur d’une œuvre «lubrique» et «dépourvue de toute fibre morale». Il écrivait : «Nous avons besoin d’une morale fondée sur l’amour de la vie, sur la joie de la croissance et des accomplissements positifs et non sur la répression et l’interdiction. On devrait considérer un homme comme "un homme de bien" s’il est heureux, expressif, généreux et joyeux du bonheur des autres.»
dimanche 11 mai 2014
le manuel d'Epictète
Ouvrage emprunté à la Médiathèque de Brétigny sur orge:
Merci encore une fois à Pierre Remacle et à son site qui reproduisent l'oeuvre dans son intégralité
http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/epictete/manuel.htm
ce qu'en dit Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pict%C3%A8te
Sur Epictète :
Épictète, philosophe grec en grec ancien Ἐπίκτητος / Epíktêtos, qui signifie « homme acheté, serviteur », (Hiérapolis, Phrygie, 50 • Nicopolis, Épire 125 ou 130) était un philosophe de l’école stoïcienne. Sa vie est relativement peu connue, et il ne laissa aucune œuvre écrite de sa main. Son disciple Arrien
assura la transmission de son œuvre en publiant les notes prises lors
des leçons de son maître, en huit livres, dont la moitié sont
aujourd'hui perdus, ainsi qu'un condensé de doctrine morale, le Manuel, textes qui eurent une influence certaine sur Marc-Aurèle.
Épictète met fortement en avant la partie éthique de la philosophie. Bien qu'il enseigne également la logique stoïcienne, il insiste fortement sur la prépondérance de l'action, et sa philosophie est avant tout pratique. Fidèle aux conceptions traditionnelles de l'école du portique, il présente l'Homme comme soumis au destin ordonné par les dieux. Son enseignement se veut une méthode pour atteindre le bonheur par l'ataraxie, la paix de l'âme en acceptant, avec courage et amour, tout décret du destin inexorable, en accomplissant loyalement son devoir en dépit des circonstances, et en agissant avec bienveillance envers les autres Hommes.
Épictète s'inscrit dans la tradition stoïcienne et ses développements les plus récents à l'époque impériale. Son enseignement connu ne porte pas trace d'une étude de la physique, et met l'étude de la logique, traditionnelle dans l'école, au second plan. L'éthique est divisée en éthique théorique et éthique pratique, la première étant subordonnée à la seconde7 ; son enseignement se décompose en trois temps : l'apprentissage des règles de vies, correspondant à l'éthique pratique, est la première étape et la plus nécessaire. La justification de ces pratiques, qui est l'éthique théorique, vient en second et n'est que complémentaire et explicative. Le soubassement dialectique qui soutien la véracité des principes théoriques vient en dernier, et constitue la logique8.
À l'instar d'autres représentants tardifs du stoïcisme, Épictète se réfère largement à la tradition cynique. Il cite à de nombreuses reprises le nom, les vertus et l'exemple de Diogène de Sinope. À travers ce retour, il cherche à se rattacher à Socrate qu'il met sur le même plan que Diogène et cite également en exemple. Épictète établit entre eux un lien par leur commun mépris de la mort, leur exigence de liberté, et leur indifférence aux biens extérieurs.
La question principale à laquelle tente de répondre la philosophie d’Épictète est de savoir comment il faut vivre sa vie. Face à cette première interrogation, tous les autres grands questionnements de la philosophie sont de peu d’importance à ses yeux. À cette fin, Épictète se pose tout d’abord la question de l’existence, ou non, d’une « nature des choses » qui est invariable, inviolable et valable pour tous les hommes sans exception. Sa réponse est claire : la « nature des choses » existe et il la formule, au début de son Manuel, en disant que, de toutes les choses du monde, certaines sont en notre pouvoir exclusif tandis que d’autres ne le sont pas. Nos opinions, nos mouvements, nos désirs, nos inclinaisons, nos aversions — en un mot, toutes nos actions — appartiennent à la première classe des choses et il les appelle « prohairétiques ». Le corps, les biens, la réputation, les dignités — en un mot, toutes les choses qui ne sont pas du nombre de nos actions — appartiennent à la deuxième classe des choses et il les appelle « aprohairétiques ». Qu’est-ce donc la prohairesis ? Épictète nous montre que la prohairesis est la faculté qui nous fait différents de tous les autres êtres vivants. Elle est la faculté qui nous permet de désirer ou d’avoir de l’aversion, de ressentir un besoin impulsif ou de la répulsion, de dire oui ou non, selon nos jugements. Les choses prohairetiques sont libres par leur nature justement parce que la liberté de notre prohairesis est absolue: elle ne peut être restreinte ni par la douleur, ni par la mort, ni par quoi que ce soit qui lui est extérieur. Si notre prohairesis fait que nous nous accommodons d’un fait quelconque c’est qu’elle a ainsi décidé.
Ainsi, bien que nous ne soyons pas responsables des représentations qui naissent librement dans notre conscience, nous sommes absolument et sans aucun doute responsables de la manière dont nous faisons usage de celles-ci. D’après Épictète il est primordial de garder à l’esprit qu’en dehors de notre prohairesis il n’existe ni bien ni mal, et qu’il est vain de tenter de modifier la nature des choses. Quel est donc le critère qui nous permet de respecter dans n’importe quelle situation la nature des choses? Épictète nous explique que ce critère est un jugement qu’il faut apprendre par la philosophie et il appelle ce jugement dihairesis. Face à tout ce qui est aprohairétique (événements, objets, individus, etc.) quelle est alors l’attitude qu’il faut avoir? Il faut avoir l’attitude du bon joueur d’échecs, c’est-à-dire le courage de jouer et de vaincre.
Et si on perd la partie? Perdre aussi fait partie de la nature des choses. Si on perd la partie, la dihairesis qui nous guide nous empêche de faire quelconque réclamation pour ce qui advient et qui ne dépend pas de nous. En effet, il faut accepter ce que les événements et le destin nous apportent, tant que ceci n’est pas de notre ressort. L’Homme est partie intégrante d’un système qui le dépasse. Plutôt que de s’opposer vainement au sort qui lui est réservé, il l’accepte et dit merci pour l’occasion qu’il a eu de jouer, car il comprend le divin qui est en lui et fait raisonner sa vie au diapason de ses jugements guidés par la dihairesis. Cela signifie que, pourvu qu’on ait sauvegardé la liberté de notre prohairesis et respecté les règles du jeu, même si on a perdu le match d’un jour, le vrai match a toujours été gagné.
Pour le stoïcien rien ne sert de vénérer la nature, les dieux ou d’autres maîtres. Seuls des principes rationnels doivent permettre de comprendre — ou simplement accepter — le mouvement du monde et des hommes. C’est par une analyse rationnelle qu’il détermine ce qui ne dépend pas de lui, et c’est grâce à cette même raison qu’il définit ses jugements sur le monde.
Reflexions personnelles donc qui n'engagent que moi !
En lisant les aphorismes du Manuel je suis surprise par la similitude des propos avec ceux que me tenait un bouddhiste (tibétain) propos également cités sur des sites de ce courant philosophique ou religieux . (Hormis ce que j'ai surligné en rouge sur la nature des choses contraire à la vacuité)
Dirons-nous que le bouddhisme tibétain a subi l'influence des stoIciens grecs ou l'inverse ? Les religions comparées ou les philosophies co!mparées , l'histoire des idées nous pousse à une étude du parallélisme Mais surement plutôt que le stoïcisme est une philosophie commune ., une sagesse partagée . La remarque plus interessante est peut être le fait qu'elle se répande à nouveau dans nos sociétés occidentales si l'on prend en compte l’engouement croissant pour ces formes de pensées qui nous revient sous des formes exotiques : recherche du bonheur par l'ataraxie en particulier , apaisement du stress de l'individu ou de nos sociétés , renoncement par l'acceptation de notre finitude et de notre impuissance à modifier le monde et ce qui nous environne.
Quelques aphorismes du Manuel pour expliquer mon sentiment :
I
5. Ainsi, à toute idée rude[ii], exerce-toi à dire aussitôt : « Tu es une idée, et tu n’es pas tout à fait ce que tu représentes. » Puis examine-la, applique les règles que tu sais, et d’abord et avant toutes les autres celle qui fait reconnaître si quelque chose dépend ou ne dépend pas de nous ; et si l’idée est relative à quelque chose qui ne dépende pas de nous, sois prêt à dire : « Cela ne me regarde pas. »
http://fr.wikipedia.org/wiki/Manuel_d%27%C3%89pict%C3%A8te
Rappel Ataraxie : bonheur par l'absence de passions
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ataraxie
Merci encore une fois à Pierre Remacle et à son site qui reproduisent l'oeuvre dans son intégralité
http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/epictete/manuel.htm
ce qu'en dit Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pict%C3%A8te
Sur Epictète :
Naissance | 50 Hiérapolis, Phrygie |
|
---|---|---|
Décès | 125 ou 130 Nicopolis, Épire |
|
École/tradition | Philosophie antique | |
Principaux intérêts | Éthique, morale, Conscience | |
Œuvres principales | Manuel d'Épictète, Entretiens d'Épictète | |
Influencé par | Stoïcisme, Cynisme, Socrate, Diogène de Sinope | |
A influencé | Arrien, Junius Rusticus, Marc Aurèle, Blaise Pascal, Alain, Albert Ellis, Jonathan Barnes |
Épictète met fortement en avant la partie éthique de la philosophie. Bien qu'il enseigne également la logique stoïcienne, il insiste fortement sur la prépondérance de l'action, et sa philosophie est avant tout pratique. Fidèle aux conceptions traditionnelles de l'école du portique, il présente l'Homme comme soumis au destin ordonné par les dieux. Son enseignement se veut une méthode pour atteindre le bonheur par l'ataraxie, la paix de l'âme en acceptant, avec courage et amour, tout décret du destin inexorable, en accomplissant loyalement son devoir en dépit des circonstances, et en agissant avec bienveillance envers les autres Hommes.
Épictète s'inscrit dans la tradition stoïcienne et ses développements les plus récents à l'époque impériale. Son enseignement connu ne porte pas trace d'une étude de la physique, et met l'étude de la logique, traditionnelle dans l'école, au second plan. L'éthique est divisée en éthique théorique et éthique pratique, la première étant subordonnée à la seconde7 ; son enseignement se décompose en trois temps : l'apprentissage des règles de vies, correspondant à l'éthique pratique, est la première étape et la plus nécessaire. La justification de ces pratiques, qui est l'éthique théorique, vient en second et n'est que complémentaire et explicative. Le soubassement dialectique qui soutien la véracité des principes théoriques vient en dernier, et constitue la logique8.
À l'instar d'autres représentants tardifs du stoïcisme, Épictète se réfère largement à la tradition cynique. Il cite à de nombreuses reprises le nom, les vertus et l'exemple de Diogène de Sinope. À travers ce retour, il cherche à se rattacher à Socrate qu'il met sur le même plan que Diogène et cite également en exemple. Épictète établit entre eux un lien par leur commun mépris de la mort, leur exigence de liberté, et leur indifférence aux biens extérieurs.
La question principale à laquelle tente de répondre la philosophie d’Épictète est de savoir comment il faut vivre sa vie. Face à cette première interrogation, tous les autres grands questionnements de la philosophie sont de peu d’importance à ses yeux. À cette fin, Épictète se pose tout d’abord la question de l’existence, ou non, d’une « nature des choses » qui est invariable, inviolable et valable pour tous les hommes sans exception. Sa réponse est claire : la « nature des choses » existe et il la formule, au début de son Manuel, en disant que, de toutes les choses du monde, certaines sont en notre pouvoir exclusif tandis que d’autres ne le sont pas. Nos opinions, nos mouvements, nos désirs, nos inclinaisons, nos aversions — en un mot, toutes nos actions — appartiennent à la première classe des choses et il les appelle « prohairétiques ». Le corps, les biens, la réputation, les dignités — en un mot, toutes les choses qui ne sont pas du nombre de nos actions — appartiennent à la deuxième classe des choses et il les appelle « aprohairétiques ». Qu’est-ce donc la prohairesis ? Épictète nous montre que la prohairesis est la faculté qui nous fait différents de tous les autres êtres vivants. Elle est la faculté qui nous permet de désirer ou d’avoir de l’aversion, de ressentir un besoin impulsif ou de la répulsion, de dire oui ou non, selon nos jugements. Les choses prohairetiques sont libres par leur nature justement parce que la liberté de notre prohairesis est absolue: elle ne peut être restreinte ni par la douleur, ni par la mort, ni par quoi que ce soit qui lui est extérieur. Si notre prohairesis fait que nous nous accommodons d’un fait quelconque c’est qu’elle a ainsi décidé.
Ainsi, bien que nous ne soyons pas responsables des représentations qui naissent librement dans notre conscience, nous sommes absolument et sans aucun doute responsables de la manière dont nous faisons usage de celles-ci. D’après Épictète il est primordial de garder à l’esprit qu’en dehors de notre prohairesis il n’existe ni bien ni mal, et qu’il est vain de tenter de modifier la nature des choses. Quel est donc le critère qui nous permet de respecter dans n’importe quelle situation la nature des choses? Épictète nous explique que ce critère est un jugement qu’il faut apprendre par la philosophie et il appelle ce jugement dihairesis. Face à tout ce qui est aprohairétique (événements, objets, individus, etc.) quelle est alors l’attitude qu’il faut avoir? Il faut avoir l’attitude du bon joueur d’échecs, c’est-à-dire le courage de jouer et de vaincre.
Et si on perd la partie? Perdre aussi fait partie de la nature des choses. Si on perd la partie, la dihairesis qui nous guide nous empêche de faire quelconque réclamation pour ce qui advient et qui ne dépend pas de nous. En effet, il faut accepter ce que les événements et le destin nous apportent, tant que ceci n’est pas de notre ressort. L’Homme est partie intégrante d’un système qui le dépasse. Plutôt que de s’opposer vainement au sort qui lui est réservé, il l’accepte et dit merci pour l’occasion qu’il a eu de jouer, car il comprend le divin qui est en lui et fait raisonner sa vie au diapason de ses jugements guidés par la dihairesis. Cela signifie que, pourvu qu’on ait sauvegardé la liberté de notre prohairesis et respecté les règles du jeu, même si on a perdu le match d’un jour, le vrai match a toujours été gagné.
Pour le stoïcien rien ne sert de vénérer la nature, les dieux ou d’autres maîtres. Seuls des principes rationnels doivent permettre de comprendre — ou simplement accepter — le mouvement du monde et des hommes. C’est par une analyse rationnelle qu’il détermine ce qui ne dépend pas de lui, et c’est grâce à cette même raison qu’il définit ses jugements sur le monde.
La psychologie d’Épictète
Le paradigme psychologique contemporain des thérapies cognitives est fondé, dans une mesure significative, sur une série de conceptions psychologiques développées par Épictète. Au premier rang desquelles figurent les notions de représentations et de jugement. En effet, le Manuel repose sur l’adage central d’Épictète : « ce ne sont pas les choses qui te nuisent mais le jugement que tu portes sur elles ». La thérapie cognitive, telle qu’initiée par A. Ellis et A. Beck se base sur cette même idée : les conduites dysfonctionnelles des individus, les pathologies et problématiques psychologiques sont le fruit de processus représentationnels inadaptés, qui donnent à percevoir le monde de façon contre-productive9.Reflexions personnelles donc qui n'engagent que moi !
En lisant les aphorismes du Manuel je suis surprise par la similitude des propos avec ceux que me tenait un bouddhiste (tibétain) propos également cités sur des sites de ce courant philosophique ou religieux . (Hormis ce que j'ai surligné en rouge sur la nature des choses contraire à la vacuité)
Dirons-nous que le bouddhisme tibétain a subi l'influence des stoIciens grecs ou l'inverse ? Les religions comparées ou les philosophies co!mparées , l'histoire des idées nous pousse à une étude du parallélisme Mais surement plutôt que le stoïcisme est une philosophie commune ., une sagesse partagée . La remarque plus interessante est peut être le fait qu'elle se répande à nouveau dans nos sociétés occidentales si l'on prend en compte l’engouement croissant pour ces formes de pensées qui nous revient sous des formes exotiques : recherche du bonheur par l'ataraxie en particulier , apaisement du stress de l'individu ou de nos sociétés , renoncement par l'acceptation de notre finitude et de notre impuissance à modifier le monde et ce qui nous environne.
Quelques aphorismes du Manuel pour expliquer mon sentiment :
I
5. Ainsi, à toute idée rude[ii], exerce-toi à dire aussitôt : « Tu es une idée, et tu n’es pas tout à fait ce que tu représentes. » Puis examine-la, applique les règles que tu sais, et d’abord et avant toutes les autres celle qui fait reconnaître si quelque chose dépend ou ne dépend pas de nous ; et si l’idée est relative à quelque chose qui ne dépende pas de nous, sois prêt à dire : « Cela ne me regarde pas. »
III
A
propos de tout objet d’agrément, d’utilité ou d’affection,
n’oublie pas de te dire en toi-même ce qu’il est, à commencer par
les moins considérables. Si tu aimes une marmite, dis : « C’est
une marmite que j’aime ; » alors, quand elle se cassera, tu
n’en seras pas troublé : quand tu embrasses ton enfant ou ta
femme, dis-toi que c’est un être humain[iv]
que tu embrasses ; et alors sa mort ne te troublera pas.
VIII
Ne
demande pas que ce qui arrive arrive comme tu désires ; mais désire
que les choses arrivent comme elles arrivent, et tu seras heureux.
XIV
2.
On est toujours le maître d’un homme, quand on a le pouvoir de lui
donner ou de lui ôter ce qu’il veut ou ce qu’il ne veut pas. Si
l’on veut être libre, qu’on n’ait ni désir ni aversion
pour rien de ce qui dépend d’autrui ; sinon, il faut être esclave.
XVI
Quand
tu vois quelqu’un qui pleure, soit parce qu’il est en deuil, soit
parce que son fils est au loin, soit parce qu’il a perdu ce qu’il
possédait, prends garde de te laisser emporter par l’idée que
les accidents du dehors qui lui arrivent sont des maux.
Rappelle-toi sur-le-champ que ce qui l’afflige ce n’est pas
l’accident, qui n’en afflige pas d’autre que lui, mais le jugement
qu’il porte sur cet accident. Cependant n’hésite pas à lui témoigner,
au moins des lèvres, ta sympathie, et même, s’il le faut, à gémir
avec lui ; mais prends garde de gémir du fond de l’âme.
XIX
1.
Tu peux être invincible, si tu ne t’engages dans aucune lutte, où il
ne dépend pas de toi d’être vainqueur.
XXXIII
1.
Retrace-toi dès maintenant un genre de vie particulier, un plan de
conduite, que tu suivras, et quand tu seras seul et quand tu te
trouveras avec d’autres.
2.
Et d’abord garde ordinairement le silence, ou ne dis que ce qui est nécessaire
et en peu de mots. Il pourra arriver, mais rarement, que tu doives
parler quand l’occasion l’exigera ; mais ne parie sur rien de
frivole : ne parle pas de combats de gladiateurs, de courses du cirque,
d’athlètes, de boire et de manger, sujets ordinaires des
conversations ; surtout ne parle pas des personnes, soit pour blâmer,
soit pour louer, soit pour faire de parallèles. 3.
Si tu le peux, ramène par tes discours les entretiens de ceux avec qui
tu vis sur des sujets convenables. Si tu te trouves isolé au milieu
d’étrangers, garde le silence.
4.
Ne ris pas beaucoup, ni de beaucoup de choses, ni avec excès.
XXXVII
Quand
tu as pris un rôle au-dessus de tes forces, non seulement tu y as fait
une pauvre figure, mais encore tu as laissé de côté celui que tu
aurais pu remplir.
XLI
C’est
la marque d’un manque de disposition pour la vertu que de
donner une grande place aux choses du corps, comme de donner beaucoup de
temps à faire de la gymnastique, à manger, à boire, à excréter. Il
ne faut faire tout cela qu’accessoirement, et appliquer toute son
attention à son esprit.
Wikipedia : sur le manuel
Sur le Manuel :http://fr.wikipedia.org/wiki/Manuel_d%27%C3%89pict%C3%A8te
Rappel Ataraxie : bonheur par l'absence de passions
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ataraxie
mercredi 2 avril 2014
Le corps en miettes de Sylviane Agacinski
La propagande en faveur de la GPA ne saurait masquer la violence d'une telle pratique. au nom de la dignité de la personne humaine, ce livre appelle à résister." (4ème de couverture )
à dévorer ...
Premier mérite de S. A.
est de mettre l'accent sur la difficulté à nous exprimer publiquement sur ce sujet compte tenu des confusions idéologiques que nous subissons aujourd'hui dans bien des domaines .
Nos schémas traditionnels sont bouleversés , les clivages idéologiques ou politiques ne "tiennent plus la route " : mariage pour tous , Pma, Gpa , immigration , religion , écologie ..
Nous brassons trop d'informations , nous sommes confrontés à trop de renversements de valeurs .Il y a dans ce monde en crise , une accélération des processus avec des effets imprévus, qui remettent en cause nos convictions ou au moins imposent une nouvelle réflexion libre et indépendante de ce qui pouvait nous paraitre des engagements définitifs .
La Gpa est présentée comme une idée de gauche , ce qu'elle n'est pas nous démontre S.A.
"Sur le fond, cette revendication n'a rien à faire avec une pensée de gauche : elle repose sur une idéologie "moderniste", soi-disant progressiste qui n'a d'autre horizon quel la societé de consommation et du baby business."
"après l'aliénation des hommes dans le travail à la chaine et leur exploitation économique une forme "inédite d’aliénation biologique s'installe dans la procréation artificielle à laquelle les femmes doivent "activement collaborer
"La mise à disposition de l'utérus féminin est en effet une pièce indispensable au dispositif "d'ensemble de la production d'enfants en laboratoire.
Manipulation psychologique , rhétorique de l'altruisme : on veut faire appel au sentiment de générosité : gestation pour autrui , souffrance des couples sans enfants ...etc
Le corps saisi par l'économie à inscrire dans une longue tradition de servitude .
nouvelle terminologie : gestatrice
Dignité humaine contre liberté
Enfant qui devient un produit
L'enfant fabriqué
Le marché du corps : tissus sang organes enfant
le corps humain comme ressources
les greffes d'organes sauvent des vies mais la pression de la demande représente une menace grave sur ceux dont elle convoite la substance .
les donneuses de l'est : ce sont des femmes frappées par le chômage et la pauvreté "elles fournissent en ovocytes les quelques 140 cliniques espagnoles spécialisées dans la fertilité "aidez-les ! donnez la vie = mille euros d'indemnités dérisoires par rapport aux bénéfices empochés par ces cliniques
(et pourtant l'option n'est pas une partie de plaisir ...!!! (horrible description !
""l’écœurement vous prend à lire le témoignage du médecin soutenant que ces femmes agissent par altruisme !"
l'ART américain : les structures américaines : ART = Assisted Reproductive T
Surrogate mother (mères de substitution , mères porteuses .
Le net assure la mondialisation du commerce des bébés technology
vendredi 21 mars 2014
Melancolie ,essai sur l'âme occidentale
Description de l'ouvrage
Date de publication: 8 janvier 2012 | Série: UN ENDROIT OU A
La mélancolie, nous dit Laszlo F. Földényi, est une
tonalité constante du tempérament de l’homme occidental, quels que
soient les contextes idéologiques qui le baignent. Il y aurait donc un
fond de mélancolie, un esprit mélancolique à l’œuvre dans les
soubresauts de la culture européenne. Tour à tour marque des devins et
des hommes d’exception de l’Antiquité, maladie mentale caractérisant
l’insensé du Moyen Age, altération psychique du héros romantique plongé
dans la tristesse et l’ennui ou du névrosé ordinaire qui court les rues
de la vie moderne, cette figure singulière des maladies de l’âme n’en
reste pas moins l’expression aiguë des profondes contradictions de
l’identité humaine. Cette affection - aubaine ou fatalité - traverse les
époques en convoquant autour d’elle philosophie, médecine, esthétique,
art, ce qui en fait le lieu par excellence où ne cesse de se poser et de
se renouveler l’interrogation sur le sens de l’existence. C’est que la
mélancolie a l’audace de dévoiler le ressort caché de la condition
humaine : cette ambivalence inconfortable de l’homme écartelé entre son
destin d’être fini et son désir d’infini, s’éprouvant avec un plaisir
jouissif ou une souffrance accablante. Mais toujours, vertigineusement,
comme un moins que rien qui désire plus que tout. La mélancolie, c’est
l’histoire de cette épreuve solitaire indépassable mais c’est aussi et
surtout une épreuve décisive de lucidité, selon le pessimisme serein du
philosophe, qui lui rend ici un brillant hommage.
http://www.amazon.fr/M%C3%A9lancolie-Essai-sur-l%C3%A2me-occidentale/dp/2742797696/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1395416493&sr=8-1&keywords=melancolie+essai+sur+l%27ame+occidentale+laszlo+f%C3%B6ld%C3%A9nyi
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Encore un sur le m^me thème de la mélancolie
Prometteur , je l'ai parcouru .. Mais je dois terminer celui de Starobinski qui m'entraine toujours plus loin ...inépuisable ce livre m^me si je le trouve un peu "brouillon" .et si je me demande si une synthèse est possible . Presqu'envie de dire trop d'érudition !!!
Ce qui se confirme dans tous les ouvrages que j'ai lus jusqu'ici c'est que ce sentiment (?) est une caractéristique de l'homme occidental ... pourquoi ? Je n'y crois pas trop ..
Je pense que c'est surtout dans l'attitude ou la manière de l'exprimer . L'homme mélancolique vit dans le mal être , regrets, nostalgie , angoisse de sa finitude mais impossible que ce soit limité à l'occident ?
ou bien ... si la religion semble le meilleur remède (ce qui reste encore à démontrer ) , l'occidental serait -il particulièrement sceptique par nature ? serait-il le moins apte au divin ? le moins prêt à céder son indépendance à un projet divin pour y trouver un sens à son existence ?
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"Les âffres du commencement témoignent de la difficulté de l'entreprise " = première phrase de présentation de l'essai !
Certes plus on s'interrroge sur la mélancolie , ce qu'elle definit , ce qu'elle recouvre et plus ça devient obscur ! c 'est bien mon sentiment !
La mélancolie comme concept , , ou le concept de mélancolie mais si on ajoute occidental ce serait un concept culturel ? on s'éloigne d'emblée des universaux ....
Chapitre I
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"Les âffres du commencement témoignent de la difficulté de l'entreprise " = première phrase de présentation de l'essai !
Certes plus on s'interrroge sur la mélancolie , ce qu'elle definit , ce qu'elle recouvre et plus ça devient obscur ! c 'est bien mon sentiment !
La mélancolie comme concept , , ou le concept de mélancolie mais si on ajoute occidental ce serait un concept culturel ? on s'éloigne d'emblée des universaux ....
Chapitre I
les initiés
"Pourquoi les hommes qui se sont illustrés dans la philosophie , la politique, les arts sont ils tous des mélancoliques ? " (Aristote )
le questionnement n'est pas nouveau !
La phrase serait en fait de Théophraste1er livre sur la mélancolie selon Diogène Laërce .
Dans notre conception moderne excellence , exception , mélancolie , les 2 premiers de l'esprit , le 3ème = bile noire alors que corps et esprit ne sont pas associables ? opposition à la concetion grecque ou physique et spirituel sont étroitement liés .
On trouve encore ici l'origine de l'humeur noire , sombre, provoquée par un poison (bile noire .) dont l'origine resulte d'un dysfonctionnement des éléments qui composent l'univers et ses prolongements jusqu'aux individualités .
Hippocrate: la mélancolie est une maladie du corps
le type mélancolique est défini par une coexistence particulière des extrèmes
Rappel : pour Aristote Ajax, Bellerophon,, Héraclès , Empédocle, Platon, Socrate , Lysandre sont des mélancoliques
>exploits surhumains
Héroïse et coté sombre également hors du commun (le côté sombre de Platon ???)
Laslo s'explique pour chacun d'eux !! (interessant !)
Différennce entre mélancolie et mania ..
liens entre folie et mélancolie......(p 29)
Reférence cosmique des grecs , semblable à la culture indienne
samedi 15 février 2014
Levi-Strauss
Une série d'émissions interessantes
a commencer par
a commencer par
Description de l'ouvrage (sur Amazon)
Date de publication: 7 novembre 2013 | Série: PHILO.GENER.
Maurice Godelier, au début de sa carrière, fut un temps
maître-assistant auprès de Claude Lévi-Strauss, alors titulaire de la
chaire d’anthropologie au Collège de France. Entretenant avec son maître
un rapport critique, mais conscient de la puissance de l’oeuvre, il est
probable qu’il conçut dès cette époque le projet d’écrire un jour son
"Lévi-Strauss". Le voici, somme savante et érudite, fondée sur une
relecture ligne à ligne de l’oeuvre de son aîné, décédé en 2009. Et
d’abord de son versant théorique et critique : Les Structures
élémentaires de la parenté (1949), Les Mythologiques (4 volumes de
recension systématique de la mythologie amérindienne, 1964-1971),
Anthropologie structurale (1958 et 1973), La Pensée sauvage (1962). Sans
pour autant négliger les fameux Tristes tropiques (1955) et Race et
histoire (1952). L’objet premier de ce voyage au coeur de l’ambition
structuraliste ? Souligner la richesse du travail accompli, mettre au
défi la puissance théorique (le structuralisme lui-même), tenter de
dépasser apories et contradictions. Une oeuvre, donc, qui vaut
introduction à une autre, l’une et l’autre dignes de figurer au premier
rang des productions de l’intelligence humaine.
jeudi 30 janvier 2014
Saturne et la mélancolie , Klibansky
ajouté au nombre de mes envies vu le prix !
Descriptions du produit (Amazon)
Quatrième de couverture
De ce livre devenu presque légendaire, on ne sait ce qui, aujourd'hui, contribue davantage au prestige : l'intense et sombre rayonnement du sujet, qui plonge au plus profond de la civilisation occidentale et du cœur humain ; l'envergure chronologique et géographique de l'étude ; l'ampleur et la richesse d'analyse qui en font le monument le plus accompli de la méthode iconologique de E. Panofsky, laquelle consiste à déchiffrer la signification d'une œuvre d'art par l'exploration historique et culturelle de ses formes : la constellation des trois auteurs aux noms illustres dont le concours donne un sommet d'érudition dans des domaines aussi divers que la médecine, l'astrologie, la poésie, la métaphysique, sans même parler des arts visuels. Ou bien encore l'histoire du livre qui résume à elle seule celle du XXe siècle. Ses origines remontent en effet à 1923, l'année du putsch de Hitler à Munich, avec la publication par Panofsky et fr. Saxl de Durers "Melencolia 1".Le livre étant épuisé, les deux historiens d'art s'adjoignirent, dans le cadre de la bibliothèque de Warburg, la collaboration de R. Klibansky, spécialiste de le philosophie antique et médiévale. L'arrivée de Hitler au pouvoir, l'exil obligé des auteurs interrompirent le travail. Puis vint le bombardement de Hambourg qui détruisit l'original allemand de l'ouvrage prêt à sortir dans l'été 1939. La version anglaise, autrement dit le nouvel original, ne put paraître qu'en 1964. Elle comprend quatre parties. La première, "La notion de mélancolie et son évolution historique", traite de la mélancolie dans la littérature physiologique des Anciens et dans la médecine, la science et la philosophie du Moyen-Age. La deuxième, "Saturne, astre de la mélancolie", étudie l'idée et l'image de Saturne dans la tradition littéraire et picturale. La troisième partie est consacrée à la Melancholia generosa des florentins du Quattrocento. La quatrième enfin s'occupe de Durer, de sa mystérieuse gravure et de sa longue postérité. La traduction française, prévue depuis des années, a été elle-même retardée par la perte de l'illustration d'origine, qu'il a fallu reconstituer. Les ultimes compléments de R. Klibanskyn en font une édition définitive.vendredi 17 janvier 2014
Jean Starobinski l'encre de la mélancolie
1ère partie , histoire du traitement de la mélancolie (la mélancolie à travers les âges)
Antiquité , Aristote, Hippocrate , Démocrite , Sénèque, Celse
Moyen Age :Paracelse
renaissance (l'âge d'or de la mélancolie)
lumières
époque moderne
contemporaine
définitions successives de la maladie , confusions de plusieurs états , progressions des decouvertes , traitement , recettes ......)
Longue persistance de l'humeur noire comme cause de la maladie
2ème partie : Anatomie de la mélancolie
Hippocrate : Lettre à Damagète
(http://fr.wikipedia.org/wiki/Lettres_d%27Hippocrate
__________________________
A propos des lettres du "pseudio Hippocrate
Site de philippe Remacle
http://remacle.org/
http://remacle.org/bloodwolf/erudits/Hippocrate/lettres1.htm
LETTRES.
DÉCRET. DISCOURS A L'AUTEL. DISCOURS D'AMBASSADE,
ARGUMENT.
J'ai traité de ces pièces dans le t. Ier,
pages 426-434 ; j'en ai traité de nouveau dans le t. vii, pages V-L; je
viens de les examiner dans le plus grand détail, notant les variantes,
corrigeant le texte et traduisant. Ces trois opérations successives,
exécutées à de longs intervalles, ont donné lé même résultat, à savoir: que
ces pièces ne méritent aucune confiance, qu'elles sont apocryphes, et
l'œuvre de faiseurs de pièces fausses.Cela posé, ces pièces offrent des différences qui méritent d'être notées. Les lettres entre Démocrite et Hippocrate, sauf la dernière (n° 23) où, en raison du style, on peut croire que l'auteur a copié ou imité des passages de quelque livre de Démocrite, sont dénuées de toute espèce d'intérêt. Il en est de même de la lettre d'Hippocrate à son fils et de celle au roi Démétrius. Le tout, au reste, se divise en trois groupes : 1° Le discours à l'autel et le discours d'ambassade, qui se rapportent à une querelle d'Athènes avec l'île de Cos, et présentent Hippocrate comme refusant les présents des rois de l'Illyrie et de la Péonie, et sauvant Athènes des ravages d'une peste qui ne paraît pas être la grande peste; 2° les lettres du grand roi, de ses lieutenants, des habitants de Cos et le décret du peuple d'Athènes, qui présentent Hippocrate comme refusant les présents du roi de 309 Perse et ayant déjà sauvé la Grèce d'une peste qui, cette fois sans doute, est la grande peste; 3° les lettres relatives à la prétendue folie de Démocrite.
Tout porte à croire que les pièces de la première et de la deuxième catégorie sont fort anciennes; elles témoignent donc que, de très-bonne heure, le nom d'Hippocrate fut assez illustre pour provoquer la création d'espèces de légendes, mais elle ne prouvent rien de plus ; on ne peut, de ces trois récits, tirer aucune conclusion qui y fasse découvrir la moindre parcelle de vérité; ils ne renferment aucun noyau de réalité; ou, s'ils en renferment, la critique n'a pas de moyen pour le dégager. Dans les livres hippocratiques, Hippocrate ou ses disciples ne pratiquent pas à Athènes; ils ne disent pas un mot de la grande peste; les seuls personnages considérables dont ils parlent, sont des seigneurs de laThessalie, et le grand roi n'est pas nommé ; les seuls philosophes qui soient cités sont Empédocle et Mélissus; Démocrite ne l'est nulle part; Thucydide nous apprend que rien ne put diminuer la violence du fléau qui désola Athènes; voilà l'histoire. Nos pièces disent qu'Hippocrate sauva du fléau Athènes et la Grèce; voilà la légende.
17. Hippocrate à Damagète, salut.
Il en est, Damagète, comme nous
l'avions pensé : Démocrite ne délirait pas ; mais il méprisait tout,
et il nous instruisait et, par nous, tous les hommes. Je t'ai
renvoyé, ami, le vaisseau qui est vraiment celui d'Esculape; au
signe du soleil qu'il porte déjà, ajoutes-y la santé ; car il a eu
en effet une navigation fortunée et est arrivé à Abdère le jour même
que je leur avais dit que j'arriverais. Aussi les trouvai-je
rassemblés devant les portes et m'attendant comme de raison ; non
seulement les hommes, mais aussi les femmes, les vieillards, les
enfants, les petits enfants, tous, je te le jure, dans la tristesse
; cette tristesse leur venait de ce qu'ils croyaient Démocrite fou ;
et lui, pendant ce temps, était tout entier livré à une philosophie
transcendante. En me voyant, ils parurent revenir un peu à eux, et
eurent bon espoir. Philopémen me pressait de me rendre à sa demeure
hospitalière, et c'était aussi l'avis des autres. Mais moi : je
n'ai, dis-je, ô Abdéritains, rien de plus pressé que de voir
Démocrite. Ils approuvèrent mon dire, et, joyeux, ils me
conduisirent aussitôt à travers le marché, les uns derrière, les
autres devant, d'autres sur les côtés, et me criant de sauver, de
secourir, de traiter. Et moi je leur donnais bon courage, assuré
d'après la saison étésienne que sans doute il n'y a aucun mal, ou
que, s'il y en a, il est petit et facile à réparer. Tout en parlant
ainsi, 341 je cheminais
; la maison n'était pas loin, et la ville tout entière n'est pas
grande. Nous voilà donc arrivés, la maison se trouvant proche du
rempart ; ils me conduisent sans bruit à une colline élevée qui
était derrière la tour et qu'ombrageaient des peupliers hauts et
touffus. De là on apercevait le logis de Démocrite, et Démocrite
lui-même assis sous un platane épais et très-bas vêtu d'une tunique
grossière, seul, le corps négligé, sur un siégé de pierre, le teint
très-jaune, amaigri, la barbe longue. Près de lui, à droite, un
filet d'eau, courant sur la pente de la colline, murmurait
doucement. Sur cette colline était un temple consacré, autant que je
conjecturai, aux nymphes et tapissé de vignes nées spontanément.
Démocrite tenait avec tout le soin possible un livre sur ses genoux
; quelques autres étaient jetés à sa droite et à sa gauche ; et de
nombreux animaux entièrement ouverts étaient entassés. Lui, tantôt,
se penchant, écrivait d'une teneur, tantôt il cessait, arrêté
longtemps et méditant en lui-même. Puis, peu après, cela fait, il se
levait, se promenait, examinait les entrailles des animaux, les
déposait, revenait et se rasseyait. Cependant les Abdéritains, qui
m'entouraient, affligés et bien près d'avoir les larmes aux yeux :
Tu vois, me disent-ils, la vie de Démocrite, ô Hippocrate, et comme
il est fou, ne sachant ni ce qu'il veut, ni ce qu'il fait. Et l'un
d'entre eux, voulant démontrer encore plus sa folie, poussa un
gémissement aigu semblable à celui d'une femme pleurant la mort de
son enfant; puis un autre se lamenta imitant à son tour un voyageur
qui avait perdu ce 353
qu'il portait. Démocrite, qui les entendit, sourit pour l'un, éclata
de rire pour l'autre, et cessa d'écrire, secouant fréquemment la
tête. Et moi : Vous, dis-je, ô Abdéritains, restez ici ; je veux
m'approcher davantage de la parole et de la personne de notre homme,
je le verrai, je l'entendrai, et je saurai, la vérité du cas. Ayant
ainsi parlé, je descendis doucement. Le. lieu était roide et en
pente ; aussi le pied me manquait et je n'arrivai qu'avec peine.
M'étant avancé, j'allais l'aborder, mais je le trouvai écrivant
d'enthousiasme et avec entraîne-men . Je m'arrêtai donc Sur place,
attendant que vînt l'intervalle de repos. Et de fait, lui, ayant peu
après cessé de tenir le stylet, m'aperçut qui m'avançais et me dit :
Salut, étranger. Et à toi aussi mille saluts, répondis-je,
Démocrite, le plus sage des hommes. Lui, honteux, je pense, de ne
m'avoir pas appelé par mon nom : Et toi, dit-il, comment te
nommes-tu? C'est l'ignorance de ton nom qui a été cause que je t'ai
appelé étranger. Mon nom, repartis-je, est Hippocrate le médecin. Il
répondit : La noblesse des Asclépiades et la grande gloire de ton
habileté dans la médecine sont venues jusqu'à moi. Mais quelle
affaire, ami, t'a conduit ici? Avant tout, assieds-toi; tu vois ce
siège de feuilles encore vertes et molle», il n'est pas désagréable
; les sièges de l'opulence qui attirent l'envie ne le valent pas. Je
m'assis, et il continua : Est-ce pour une affaire privée ou publique
que tu es venu ici? Parle, et je t'aiderai autant qu'il sera en mon
pouvoir. Et moi : A dire vrai, repris-je, c'est pour toi que je
viens, désireux d'avoir une entrevue avec
355 un homme sage; et
l'occasion a été fournie parla patrie, dont j'accomplis une
ambassade. Alors, dit-il, use avant tout chez moi de l'hospitalité.
Voulant tâter mon homme de tout côté, bien que déjà je visse
clairement qu'il ne délirait pas, je répondis : Tu connais
Philopémen, qui est un de vos concitoyens ? Très-bien, reprit-il, tu
parles du fils de Damon, qui demeure près de la fontaine Hermaïde.
De celui-là même, dis-je ; je suis, du chef de nos pères, son hôte
particulier; mais toi, Démocrite, donne-moi une hospitalité qui vaut
mieux, et d'abord, dis-moi, qu'est-ce que tu écris là ? Il s'arrêta
un moment, puis il dit : J'écris sur la folie. Et moi m'écriant : Ο
roi Jupiter, quel à-propos et quelle réplique à la ville ! De quelle
ville, Hippocrate, parles-tu ? me dit-il. Ne fais pas attention,
repris-je, ô Démocrite, je ne sais comment cela m'a échappé; mais
qu'écris-tu sur la folie? Qu'écrirais-je autre chose, répondit-il,
que sur sa nature, sur ses causes et sur les moyens de la soulager?
Les animaux que tu vois ici ouverte, je les ouvre, non pas que je
haïsse les œuvres de la divinité, mais parce que je cherche la
nature et le siège de la bile ; car, tu le sais, elle est,
d'ordinaire, quand elle surabonde, la cause de la folie ; sans doute
357 elle existe chez
tous naturellement, mais elle est plus ou moins abondante en chacun;
quand elle est en excès, les maladies surviennent, et c'est une
substance tantôt bonne, tantôt mau¬vaise. Et moi : Par Jupiter,
m'écriai-je, ô Démocrite, tu parles avec sagesse et vérité ; et je
t'estime heureux de jouir d'une si profonde tranquillité, tandis
qu'à moi cela n'est pas permis. Il me demanda : Et pourquoi cela ne
t'est-il pas permis, Hippocrate ? Parce que, dis-je, les champs, la
maison, les enfants, les emprunts, les maladies, les morts, les
serviteurs, les mariages, et tout le reste, en ôtent l'occasion. Là,
notre homme, retombant dans son affection habituelle, se mit à
beaucoup rire et à se moquer, puis garda le silence. Et moi je
repris : Pourquoi ris-tu, Démocrite? Est-ce des biens ou des maux
dont j'ai parlé ? Mais Lui rit encore plus fort ; et, des
Abdéritains qui à l'écart regardaient, les uns se frappèrent la tête
ou le front, les autres s'arrachèrent les cheveux ; car, comme ils
le déclarèrent ensuite, son rire avait été plus bruyant que
d'ordinaire. Moi je repris : Ο Démocrite, le meilleur des sages, je
désire apprendre la cause de ce qui t'émeut, et pourquoi j'ai paru
risible, moi ou ce que j'ai dit, afin que, mieux informé, je cesse
d'y donner lieu, ou que toi, réfuté, renonces à tes rires
inopportuns. Et lui : Par Hercule, si tu peux me réfuter, tu feras
une cure comme tu n'en as jamais fait, Hippocrate. Et comment, cher
ami, ne serais-tu pas réfuté? Ou penses-tu n'être pas extravagant en
riant de la mort, de la maladie, du délire, de la folie, de la
mélancolie, du meurtre, et de quelque
359 accident encore pire?
On, inversement, des mariages, des panégyries (sorte de solennité),
des naissances d'enfants, des mystères, des commandements, des
honneurs, ou de tout antre bien? De fait, tu ris de ce qui devrait
faire pleurer, te pleures. de ce qui devrait réjouir; de sorte que
pour toi il n'y a pas de distinction du bien et du mal. Et lui :
C'est très-bien dit, ô Hippocrate; mais tu ne connais pas la cause
de mon rire ; quand tu la connaîtras, je sais que, pour le bien de
ta patrie et pour le tien, tu remporteras, avec mon rire, une
médecine meilleure que ton ambassade, et pourras donner la sagesse
aux autres. En échange, sans doute, tu m'enseigneras, à ton tour,
l'art médical, mettant à son prix tout cet intérêt pour les choses
sans intérêt qui fait consumer la vie à poursuivre ambitieusement ce
qui est sans valeur et à faire ce qui est digne de rire. Là-dessus
je m'écrie : Achève, au nom des Dieux; car il semble que le monde
entier est malade sans le savoir, le monde qui n'a pas où envoyer
une ambassade à la recherche du remède; car qu'y aurait-il en
dehors? Lui reprenant : il est, Hippocrate, bien des infinités de
mondes; et ne va pas, ami, rapetisser la richesse de la nature.
Quant à cela, lui dis-je, ô Démocrite, tu en traiteras en son temps;
car j'appréhende que tu ne te mettes à rire, même en expliquant
l'infinité ; pour le moment, sache que tu dois au monde compte de
ton rire. Et lui, jetant sur moi un regard perçant : Tu penses qu'il
y a de mon rire deux causes, les
361 biens et les maux ; mais, au vrai, je ne ris que d'un
seul objet, l'homme plein de déraison, vide d'œuvres droites, puéril
en tous ses desseins, et souffrant, sans aucune utilité, d'immenses
labeurs, allant, au gré d'insatiables désirs, jusqu'aux limites de
la terre et en ses abîmes infinis, fondant l'argent et l'or, ne
cessant jamais d'en acquérir, et toujours troublé pour en avoir
plus, afin de ne pas déchoir. Et il n'a pas honte de se dire#
heureux, parce qu'il creuse les profondeurs de la terre par les
mains d'hommes enchaînés, dont les uns périssent sous les
éboulements de terrains trop meubles, et les autres, soumis pendant
des années à cette nécessité, demeurent dans le châtiment comme dans
une patrie. On cherche l'argent et l'or, on scrute les traces de
poussière et les raclures, on amasse un sable d'un côté, un autre
sable d'un autre côté, on ouvre les veines de la terre, on brise les
mottes pour s'enrichir, on (ait de la terre notre mère une terre
ennemie, et, elle qui est toujours la même, on l'admire et on la
foule aux pieds. Quel rire en voyant ces amoureux de la terre cachée
et pleine de labeur outrager la terre qui est sous nos yeux ! Les
uns achètent des chiens, les autres des chevaux; circonscrivant une
vaste région, ils la nomment leur, et, voulant être maîtres de
grands domaines, ils ne peuvent l'être d'eux-mêmes ; ils se hâtent
d'épouser des femmes que bientôt après ils répudient; ils aiment,
puis haïssent; ils veulent des enfants, puis, adultes, ils les
chassent. 363 Quelle
est cette diligence vaine et déraisonnable, qui ne diffère en rien
de la folie? Us font la guerre à leurs propres gens et ne veulent
pas le repos; ils dressent des embûches aux rois qui leur en
dressent, ils sont meurtriers; fouillant la terre, ils cherchent de
l'argent ; l'argent trouvé, ils achètent de la terre; la terre
achetée, ils en vendent les fruits ; les fruits vendus, ils refont
de l'argent. Dans quels changements ne sont-ils pas et dans quelle
.méchanceté? Ne possédant pas la richesse, ils la désirent ; la
possédant, ils la cachent, ils la dissipent. Je me ris de leurs
échecs, j'éclate de rire sur leurs infortunes, car ils violent les
lois de la vérité; rivalisant de haine les uns contre les autres,
ils ont querelle avec frères, parents, concitoyens, et cela pour de
telles possessions dont aucun à la mort ne demeure le maître; ils
s'égorgent; pleins d'iniquité, ils n'ont aucun regard pour
l'indigence de leurs amis ou de leur patrie; ils enrichissent les
choses indignes et inanimées ; au prix de tout leur avoir ils
achètent des statues, parce que l'œuvre semble parler, mais ils
haïssent ceux qui parlent vraiment; ce qu'ils recherchent, c'est ce
qui n'est pas à portée : habitant le continent, ils veulent la mer ;
habitant les îles, ils veulent le continent ; ils pervertissent tout
pour leur propre passion. On di-
365 rait à la guerre qu'ils louent le courage, et
pourtant ils sont vaincus journellement par la débauche, par l'amour
de l'argent, par toutes les passions dont leur âme est malade. Ce
sont tous des Thersites de la vie. Pourquoi, Hippocrate, as-tu blâmé
mon rire? On n'en voit pas un se rire de sa propre folie, mais
chacun se rit de celle d'autrui, celui-ci des ivrognes , quand il se
juge sobre, celui-là des amoureux, tout affligé qu'il est d'une pire
maladie; d'autres rient des navigateurs, d'autres des agriculteurs;
car ils ne sont d'accord ni sur les arts ni sur les œuvres. Là je
pris la parole : Voilà, ό Démocrite, de grandes vérités, et il n'y a
point de langage plus propre à montrer la misère des mortels ; mais
agir est imposé par la nécessité, à cause de la gestion des affaires
domestiques, à cause de la construction des navires, à cause de tout
ce qui concerne l'État, opérations auxquelles il faut que l'homme
soit employé ; car la nature ne l'a pas engendré pour ne rien faire.
Avec ces prémisses , l'ambition si générale a mené à faux l'âme
droite de beaucoup, qui s'occupaient de toute chose comme devant
réussir, et qui n'avaient pas la force de prévoir ce qui était
caché. Qui donc, υ Démocrite, en se mariant, a songé à la séparation
ou à la mort? en ayant des enfants, à les perdre? Il n'en est pas
autrement pour l'agriculture, la navigation, la royauté, le
commandement et tout ce qui se trouve dans le
367 siècle ; personne n'a
songé à l'insuccès, mais chacun est animé de bonnes espérances, sans
se souvenir des chances mauvaises. Ton rire n'est-il donc ici pas
hors de propos? Mais Démocrite : Combien, Hippocrate, ton esprit est
lent, et que tu t'éloignes de ma pensée, en ne considérant pas, par
ignorance, les limites du calme et du trouble! Tout ce que tu viens
de dire, ceux qui en disposent avec une sage intelligence se tirent
facilement des difficultés et m'épargnent le rire. Au lieu de cela ,
l'esprit troublé par les choses de la vie, comme si elles étaient
solides, les hommes s'enorgueillissent dans leur intelligence
déraisonnable et ne se laissent pas instruire à la marche
irrégulière des choses, car ce serait un enseignement suffisant que
la mutation de toutes choses, intervenant par de brusques retours et
imaginant toute sorte de roulements soudains. Eux, comme si elle
était ferme et stable, oublient les accidents qui surviennent
incessamment, souhaitent ce qui afflige, recherchent ce qui n'est
pas utile, et se précipitent dans toute sorte de malheurs. Mais
celui qui songerait à faire toutes choses selon ce qu'il peut,
tiendrait sa vie à l'abri des revers, se connaissant soi-même,
comprenant clairement sa propre constitution, n'étendant pas à
l'infini les soins du désir, et contemplant dans le
369 contentement la riche
nature, nourrice de tout. De même que, dans l'embonpoint, l'excès de
santé est un péril manifeste, de même la grandeur des succès est
dangereuse; et on contemple ces illustres personnages dans leurs
mauvaises fortunes. D'autres, mal instruits des histoires anciennes,
ont péri par leur propre mauvaise conduite, ne prévoyant pas les
choses visibles, pas plus que si elles étaient invisibles, bien
qu'ils aient la longue vie comme enseignement de ce qui advient et
de ce qui n'advient pas, d'où il fallait savoir reconnaître
l'avenir. Donc le sujet de mon rire, c'est les hommes insensés, qui
portent la peine de la méchanceté, de la cupidité, de
l'insatiabilité, de la haine^des guet-apens, des perfidies, de
l'envie (c'est vraiment un labeur d'énumérer la multiplicité des
ressources qu'a le mal, et là aussi est une espèce d'infini); les
hommes qui rivalisent d'astuce entre eux, dont l'âme est tortueuse,
et chez qui aller vers le pire est une manière de vertu ; car ils
exercent le mensonge, cultivent la volupté, désobéissant aux lois.
Mon rire condamne leur inconsistance, eux qui n'ont ni yeux ni
oreilles ; or il n'y a que le sens de l'homme qui voie loin par la
justesse de la pensée, et qui présage ce qui est et ce qui sera. Les
hommes se déplaisent à toutes choses et derechef se jettent dans les
mêmes choses; ayant refusé de naviguer, ils naviguent ; ayant
repoussé l'agriculture, ils cultivent; ils chassent leur femme et
371 en prennent une autre
; ils engendrent des enfants et les enterrent; les ayant enterrés,
ils en ont d'autres et les élèvent; ils souhaitent la vieillesse,
et, quand ils y sont, ils gémissent, sans conserver en aucune
condition la constance de l'esprit. Les chefs et les rois estiment
heureux les particuliers ; ceux-ci souhaitent la royauté ; celui qui
régit la cité envie l'artisan comme étant hors de péril ; l'artisan
envie le chef comme puissant en toute chose. Car les hommes
n'aperçoivent pas le droit chemin de la vertu, chemin libre, uni, où
l'on ne choppe pas, et pourtant où nul ne veut s'engager; au lieu de
cela, ils se jettent dans la voie rude et tortueuse, marchant
péniblement, glissant, trébuchant, la plupart même tombant, haletant
comme s'ils étaient poursuivis, disputant, en avant, en arrière. Les
uns, brûlés d'amours illégitimes, se glissent furtivement dans le
lit d'autrui, forts de leur impudence ; les autres sont consumés par
l'amour de l'argent, maladie insatiable. Ailleurs on se dresse
réciproquement des embûches; celui que l'ambition élève jusqu'aux
nues est précipité par le poids de sa méchanceté dans le fond de la
ruine. On abat et l'on réédifie ; on fait des grâce3 et l'on s'en
repent; on ravit ce qui est dû à l'amitié, on pousse les mauvais
procédés jusqu'à la haine, on fait la guerre aux liens de la
parenté, et de tout cela la cause est dans l'amour de l'argent. En
quoi diffèrent-ils d'enfants qui se jouent, et pour
373 qui, la pensée étant
sans jugement, tout ce que le hasard amène est divertissant ? Dans
les passions, qu'ont-ils laissé aux bêtes irraisonnables, sauf que
les bêtes se tiennent à ce qui les satisfait? En effet, quel lion a
enfoui de l'or en terre? quel taureau a mis ses cornes au service de
son ambition? quelle panthère s'est montrée insatiable? Le sanglier
boit, mais pas plus qu'il n'a soif; le loup, ayant déchiré sa proie,
ne pousse pas plus loin une alimentation nécessaire; mais l'homme,
pendant des jours et des nuits consécutives, ne se rassasie pas de
la table. L'ordre d'époques annuelles amène pour les animaux la fin
du rut ; mais l'homme incessamment est piqué par le taon de la
luxure. Quoi, Hippocrate ! je ne rirai pas de celui qui gémit
d'amour, parce que, heureusement, un obstacle l'arrête? et surtout
je n'éclaterai pas de rire sur celui qui, sans égard pour le péril,
se lance à travers les précipices ou sur les gouffres marins? je ne
me moquerai pas de celui qui, ayant mis sur la mer un navire et sa
cargaison, s'en va accuser les flots de l'avoir englouti tout chargé
? Pour moi, je ne crois pas même rire suffisamment, et je voudrais
trouver quelque chose qui leur fût affligeant ; quelque chose qui ne
fût ni une médecine qui les guérit ni un Péon qui leur préparât les
remèdes. Que ton ancêtre Esculape te soit une leçon, sauvant les
hommes et ayant pour remercîments des coups de foudre. Ne vois-tu
pas que moi aussi j'ai ma part dans la folie? moi qui en cherche la
cause, et qui tue et ouvre des animaux ; mais c'était dans l'homme
qu'il fallait la chercher. Ne vois-tu
375 pas aussi que le monde
est plein d'inimitié pour l'homme , et a rassemblé contre lui des
maux, infinis ? L'homme n'est, de naissance» que maladie ; en
nourrice, il est inutile à lui-même et demandant secours; ayant
grandi, il est méchant, insensé, et remis à des maîtres ; adulte, il
est téméraire ; sur le déclin, il est misérable, ayant semé par sa
folie les maux qu'il recueille. Le voilà en effet tel qu'il sort du
sein sanglant de sa mère, Puis les violents, pleins d'une colère
sans mesure, vivent dans les malheurs et les combats ; les autres
dans les séductions et les adultères ; d'autres dans l'ivresse ;
ceux-ci à désirer ce qui est à autrui, ceux-là à perdre ce qui est à
eux. Que n'ai-je le pouvoir de découvrir toutes les maisons, de ne
laisser aux choses intérieures aucun voile, et d'apercevoir ce qui
se passe entre ces murailles? Nous y verrions les uns mangeant, les
autres vomissant, d'autres infligeant des tortures, d'autres mêlant
des poisons, d'autres méditant des embûches, d'autres calculant,
d'autres se réjouissant, d'autres se lamentant, d'autres écrivant
l'accusation de leurs amis, d'autres fous d'ambition. Et si l'on
perçait encore plus profondément, on irait aux actions suggérées par
ce qui est caché, dans l'âme, chez les jeunes, chez les vieux,
demandant, refusant, mendiant, regorgeant , accablés par la faim,
plongés dans les excès du luxe, sales, enchaînés, s'enorgueillissant
dans les délices, donnant à manger, égorgeant, ensevelissant,
méprisant ce qu'ils ont, se lançant après les possessions espérées,
impudents, avaricieux, insatiables, assassinant, battus, arrogants,
enflés d'une vaine gloire, passionnes pour les chevaux, pour les
hommes, pour 377 les
chiens, pour la pierre, pour le bois, pour l'airain, pour les
peintures, les uns dans les ambassades, les autres dans les
commandements militaires, d'autres dans les sacerdoces, d'autres
portant des couronnes, d'autres armés, d'autres tués. Il faut les
voir allant, les uns aux combats de mer, les antres à ceux de terre,
d'autres à l'agriculture, d'autres aux navires de commerce, d'autres
à l'agora, d'autres à l'assemblée, d'autres au théâtre, d'autres à
l'exil, en un mot, les uns d'un côté, les autres d'un autre, ceux-ci
à l'amour des plaisirs, au bien-être et à l'intempérance, ceux-là à
l'oisiveté et à la fainéantise. Comment donc, voyant tant d'âmes
indignes et misérables, ne pas prendre en moquerie leur vie livrée à
un tel désordre ? Ta médecine même, je 'suis bien sur qu'elle n'est
pas bien venue auprès d'eux; leur désordre les rend maussades pour
tout, et ils traitent de folie la sagesse. Et certes je soupçonne
que bonne partie de ta science est mise à mal par l'envie ou par
l'ingratitude ; les malades, dés qu'ils sont sauvés, attribuent leur
salut aux dieux ou à la fortune ; d'autres en font honneur à la
nature et haïssent leur bienfaiteur, s'indignant, ou peu s'en faut,
si on les croit débiteurs. La plupart, étant en eux-mêmes étrangers
à toute idée d'art, et n'ayant aucun savoir, condamnent ce qui est
le meilleur ; car les votes sont entre les mains des stupides. Ni
les malades ne veulent confes- 379
ser, ni les confrères ne veulent témoigner, car l'envie s'y oppose.
Ce n'est certes pas à un homme épargné par ces misérables propos que
je parle ici, sachant bien que toi aussi as souvent subi des
indignités, sans avoir voulu, pour argent ou pour envie, dénigrer à
ton tour, mais il n'y a ni connaissance ni confession de la vérité.
Il souriait en me parlant ainsi, et il me paraissait, Damagète, un
être divin, et j'oubliais qu'il était un homme. Alors je repris la
parole : O Démocrite plein de gloire, je rapporterai à Cos de bien
grands dons de ton hospitalité ; car tu m'as rempli d'une immense
admiration pour ta sagesse; je m'en retourne, proclamant que tu as
exploré et saisi la vérité de la nature humaine. J'ai reçu de toi le
remède qui guérira mon intelligence, et je prends congé, car l'heure
l'exige, ainsi que les soins réclamés.par le corps; mais demain
381 et les jours suivants
nous nous reverrons. A ces mois, je me levai, et lui, se préparant à
me suivre, donna les livres à quelqu'un qui sortit je ne sais d'où.
Alors je pressai le pas, et m'adressant à ceux (véritables
Abdéritains, ceux-là) qui m'attendaient sur la hauteur : Amis,
dis-je, je vous dois bien des grâces de m'avoir appelé au milieu de
vous ; car j'ai vu le très-sage Démocrite, seul capable de rendre
sages les hommes. Voilà ce que j'ai à t'annoncer au sujet de
Démocrite, avec une pleine satisfaction. Porte-toi bien.
_________________________________Site Jean de La Fontaine
http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/index.htm
DÉMOCRITE ET LES ABDÉRITAINS
Que j'ai toujours haï les pensers du vulgaire !
Qu'il me semble profane, injuste, et téméraire,
Mettant de faux milieux entre la chose et lui,
Et mesurant par soi ce qu'il voit en autrui !
Le maître d'Épicure (1) en fit l'apprentissage.
Son pays le crut fou : Petits esprits ! mais quoi ?
Aucun n'est prophète chez soi.
Ces gens étaient les fous, Démocrite, le sage.
L'erreur alla si loin qu'Abdère (2) députa
Vers Hippocrate (3) , et l'invita
Par lettres et par ambassade,
A venir rétablir la raison du malade.
Notre concitoyen, disaient-ils en pleurant,
Perd l'esprit : la lecture a gâté (4) Démocrite.
Nous l'estimerions plus s'il était ignorant.
Aucun nombre, dit-il, les mondes ne limite :
Peut-être même ils sont remplis
De Démocrites infinis.
Non content de ce songe, il y joint les atomes,
Enfants d'un cerveau creux, invisibles fantômes ;
Et, mesurant les cieux sans bouger d'ici-bas,
Il connaît l'univers, et ne se connaît pas.
Un temps fut qu'il savait accorder les débats :
Maintenant il parle à lui-même.
Venez, divin mortel ; sa folie est extrême.
Hippocrate n'eut pas trop de foi pour ces gens ;
Cependant il partit. Et voyez, je vous prie,
Quelles rencontres dans la vie
Le sort cause ; Hippocrate arriva dans le temps
Que celui qu'on disait n'avoir raison ni sens
Cherchait dans l'homme et dans la bête
Quel siège a la raison, soit le cœur, soit la tête.
Sous un ombrage épais, assis près d'un ruisseau,
Les labyrinthes (5) d'un cerveau
L'occupaient. Il avait à ses pieds maint volume,
Et ne vit presque pas son ami s'avancer,
Attaché selon sa coutume.
Leur compliment fut court, ainsi qu'on peut penser.
Le sage est ménager du temps et des paroles.
Ayant donc mis à part les entretiens frivoles,
Et beaucoup raisonné sur l'homme et sur l'esprit,
Ils tombèrent sur la morale.
Il n'est pas besoin que j'étale
Tout ce que l'un et l'autre dit.
Le récit précédent suffit
Pour montrer que le peuple est juge récusable.
En quel sens est donc véritable
Ce que j'ai lu dans certain lieu,
Que sa voix est la voix de Dieu ?
Cette fable nous montre un La Fontaine très critique des préjugés du vulgaire. La dérision du proverbe Vox populi, vox Dei est nettement montrée (dernier vers de la fable) Sources : Les lettres apocryphes d'Hippocrate (lettres du Sénat et du peuple d'Abdère à Hippocrate pour lui demander de venir guérir Démocrite ; lettre d'Hippocrate racontant ses entretiens avec Démocrite). L.F. les avait lues soit dans le texte grec, soit dans la traduction latine, soit dans les Conférences d'Hippocrate et de Démocrite, traduites du grec en français avec un commentaire (1632) par le médecin Bompart. (notes, G. Couton, fables p. 496) |
(1) Démocrite, avec Leucippe : fondateurs de la doctrine atomique (2) colonie grecque de Thrace, patrie de Démocrite (3) Hippocrate (460-377 ?) av. JC) Le plus célèbre des médecins de l'Antiquité (4) endommagé (5) les circonvolutions cérébrales |
Illustration : Jean-Baptiste Oudry__________________________
p. 167
Le miroir du père Bouhours
http://books.google.fr/books?id=PL48S0lnacwC&pg=PA303&lpg=PA303&dq=Le+miroir+++Bouhours&source=bl&ots=avdjO9keq3&sig=V1vrStw-M-PtXy9M01tSSCIMBiw&hl=fr&sa=X&ei=rkPcUpj7MMLY7AaHiIBg&ved=0CGUQ6AEwCQ#v=onepage&q=Le%20miroir%20%20%20Bouhours&f=false
____________________
_____p 169 et suite
E. Kant
"Dans le cas le plus favorable tel que l'envisage Kant dans les observations sur le Sentiment du beau et du sublime , le mélancolique apparait comme le plus apte à éprouver le sentiment du sublime , mais aussi comme celui qui est , à l'égard de lui-même et des autres un juge sévère" et il n'est pas rare ajoute Kant qu'il soit insatisfait de soi aussi bien que du monde.
+ Anthropologie>>> nostalgie.
_____Schiller >>>la satire
____Torquato Tasso de Goethe
____Baudelaire :"héautotimorouménos"
_____Freud : choix d'objet narcissique
_________________
P. 181
L'Utopie de robert Burton ....
Anatomie de la Mélancolie (1621)
Chacun connaît le jeu de l'île déserte. L'Anatomie de la mélancolie de Robert Burton (1576-1640) fait partie des dix livres à emporter sur cette fameuse île. Sans équivalent à son époque ni après elle, l'Anatomie est la somme de toutes les questions que se pose l'individu face au monde, la somme aussi de toute la culture classique. Si l'Anatomie est la Bible de l'honnête homme, elle demeure pour nous un livre total. Il aura fallu attendre plus de trois siècles pour que le lecteur français découvre le père de la psychologie moderne, l'ancêtre de la psychanalyse et s'aperçoive que les inquiétudes religieuses et existentielles sont toujours les mêmes. La langue française est la seule à n'avoir pas très rapidement accueilli Robert Burton (1576-1640), malgré les avertisssements répétés d'autres grands monstres de la littérature (de Sterne à Mac Cormack - en passant par Melville -, de Baudelaire à Borgès, etc.). Sous le nom de Démocrite junior, Robert Burton analyse la Mélancolie : ses causes, ses symptomes, ses effets, les caractéristiques les plus inattendues de ses manifestations, ses remèdes. Divisée en trois grandes parties, Anatomie de la mélancolie est précédée d'un succulent prologue de quelque 300 pages qui explique le pourquoi et le comment du sujet, le justifie en quelque sorte. Très lue dès sa sortie, pillée par la suite, oubliée au XVIIIe siècle, redécouverte par le mélancolique XIXe, si l'oeuvre ne vient à bout d'un sujet ontologiquement inépuisable, elle révèle les aspects les plus divers de l'espèce humaine. Traduit par Bernard Hoepffner avec la collaboration de Catherine Goffaux, présenté par Jean Starobinski, cette nouvelle édition de cette oeuvre-monstre, saluée en 2000 par l'ensemble de la critique, est vendue en deux volumes inséparables et comporte un index complet. - Présentation de l'éditeur -
(date de publication : 1er avril 2004)
http://www.franceculture.fr/oeuvre-anatomie-de-la-m%C3%A9lancolie-de-robert-burton.html#.Ut-3wTYGPuM.facebook
___________________
Keats Ode sur la Mélancolie
Ode sur la mélancolie
(in Les Odes,
trad. Alain Suied, Éditions Arfuyen)
Non, non, ne va pas boire au Léthé, ne va pas boire
Le vin empoisonné de l’aconit aux rudes racines ;
N’accepte pas que ton front pâle reçoive le baiser
De la belladone, vermeil raisin de Proserpine ;
Ne fais pas ton rosaire des grains de l’if ;
Ne laisse pas le scarabée, ni la phalène devenir
Ta Psyché de deuil, ni le hibou duveteux
Le compagnon des mystères de la Mélancolie ;
Car l’ombre rejoindrait la torpeur des ombres
Et noierait l’angoisse vigilante de l’âme.
Mais quand s’abattra la Mélancolie,
Soudaine messagère des Cieux, nuage de larmes,
Qui abreuve les fleurs aux têtes tombantes,
Et cache la verte colline sous un linceul d’Avril;
Alors gave ta peine d’une rose matinale,
Ou de l’arc-en-ciel entre vague et rivage,
Ou de l’abondance des globes de pivoines ;
Ou si ta maîtresse montre une riche colère,
Emprisonne sa douce main dans la tienne, laisse-la
Se déchaîner et bois son regard sans pareil.
Sa demeure est dans la Beauté - mortelle condition ;
Et dans la Joie, dont la main esquisse à ses lèvres
Un éternel adieu ; et dans le douloureux Plaisir,
Qui se change en poison tandis que la bouche, abeille,
L’aspire : oui, au temple même de la Félicité,
La Mélancolie voilée trouve un sanctuaire souverain
Que seul sait voir celui qui peut, d’une langue vive,
Faire éclater les raisins de la Joie contre son fin palais ;
Son âme goûtera le triste pouvoir de la Déesse
Et deviendra l’un de ses trophées de nuages.
(http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/keats.html)
P 222 Shakespeare le Jacque de Comme il vous plaira
p248 Van Gogh Dr Gachet
p247 La leçon de la nostalgie
p268
Le role de la musiqueSigne memoratif fr Rousseau
(Dictionnaire de la musique
p 283 la nostalgie , une variété du deuil
p287 l'exil Ulysse
p316 L'é&légie
mémoire littéraire
Les Tristes d'Ovide
Ovide>>Delacroix >>Baudelaire
Tableau Ovide en exil chez les Scythes
p324 Goethe, Torquato Tasso
p 327 Mandelstam ? Tristia
Yves Bonnefoy
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Le Salut par l'ironie
XVIIIème retour au "petit", lexs contes qui remplacents les mythes"l'ombre portée du mythe " , les bibelots
p 360 Le théatre Diderot Gozzi ? (Italie = ironie)
P 386 Kierkegaard
les 3 ages
les pseudonymes
Humm encore 300 pages ....:
on voit que pour exploiter Starobinsky , il faudrait au moins un an sur le livre afin d'essayer de dégager une synthèse
peut être ne s'adresse-til qu'à de grands érudits , j'avoue que je suis un peu noyée .....et pourtant il est bien difficile de l'abandonner ...
Juste quelques titres de chapitre ...
Rêve et immortalité mélancolique
Baudelaire
les proportions de l'immortalité : "j'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans....."
Les rimes du vide
Le regard des statues
le prince et son bouffon
Des négateurs et des persécutés
L'encre de la mélancolie
"Dans son néant j'espère trouver le tout "
Don Quichotte
Madame de Staël
Jouve ouvrier de l'entre-deux
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