jeudi 30 mai 2013

Le propre de l'homme , sur une légitimité menacée.par Rémi Brague


http://www.amazon.fr/Propre-lhomme-l%C3%A9gitimit%C3%A9-menac%C3%A9e-ebook/dp/B00BTK3MHS/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1369922417&sr=1-1&keywords=r%C3%A9mi+brague+le+propre+de+l%27homme

"présentation :

Présentation de l'éditeur

Armes de destruction massive, pollution, extinction démographique : tout ce qui menace l’homme en tant qu’espèce vivante ne fait plus de doute. Mais il existe des facteurs qui viennent de l’homme lui-même, visant à saper son humanité propre. Ces facteurs ont beau être plus difficiles à saisir, c’est eux que Rémi Brague tâche de repérer à travers une analyse fulgurante et radicale de l’idée d’humanisme.
Car il ne s’agit plus de savoir comment nous pouvons promouvoir la valeur homme et ce qui est humain, en luttant contre toutes les figures de l’inhumain. Il s’agit désormais de savoir s’il faut vraiment promouvoir un tel humanisme. C’est l’humanisme lui-même qui est mis à mal. Ce phénomène récent, Rémi Brague en aperçoit des signes avant-coureurs dans trois œuvres majeures du XXe siècle, celle du poète russe Alexandre Blok, qui écrivait à l’ère de la révolution d’Octobre, et, plus près de nous, celles des philosophes Michel Foucault et Hans Blumenberg.
Nous ne pouvons plus nous bercer d’illusions. Il est facile de prêcher un humanisme réduit aux règles du vivre-ensemble, mais comment le fonder ? La pensée moderne est à court d’arguments pour justifier l’existence même des hommes. En cherchant à bâtir sur son propre sol, à l’exclusion de tout ce qui transcende l’humain, nature ou Dieu, elle se prive de son point d’Archimède. Est-ce une façon de dire que le projet athée des temps modernes a échoué ? C’est au lecteur d’en juger."


 Un  livre   dont  le  grand   mérite  est  sans doute    de nous provoquer pour  réagir  contre  ce  défaitisme , si  je me fie   à mes  réactions  à la lecture  de  l'article de  Marc  Semo paru dans   Libération  du  30 mai 2013 !!!

Longtemps l'humanisme  athée   sembla aller  de soi   dans la culture occidentale héritère proclamée de la Renaissance  et  des Lumières. 
Pas  si longtemps  que  ça   !! La mort  de  Dieu   n'a   vraiment commencé  à  se  répandre  qu'à  partir  de  Darwin et  l'athéisme  reste  encore  "la religion "  la  moins  bien partagée  . Là est  me  semble-t-il    , dans  cette   résistance ,  la véritable  question  .

L'homme y était maître  de  la nature  sur  fond  de  foi  dans le  progrès 
Peut  on encore contester  raisonnablement  la  notion globale de  progrès  ? Même  si   ce progrès mal  maitrisé peut  conduire à  des  catastrophes  ? C'est  sur  les moyens  de  maitriser  ce  progrès  qu'il  faut  se  pencher  , et  non dans  le  renoncement  à celui-ci.
Quant  à  la  nature    il faut   bien ici  appliquer le célèbre  "ni  maitre  ,  ni  esclave "  .     contentons-nous  d'agir   dans l'intéret  de  l'humanité et  la  nature  sera  sauvée   !

"notre humanisme   n'est  au  fond   qu'un  anti  anti-humanisme  " (R.Braque)
ça me  fait  penser  à  l'anti anti-sémitisme (auquel  j'adhère ) qui  pourrait  se  traduire  par   pro-sémite et  donc aboutirait  au  pro-humanisme  . Si on  ne dit  pas pro-sémitisme c'est  que   celà  induirait une idée fausse, parce  que  selective ,exclusive  et  restrictive  qui  serait  une  abherration  vis  à  vis  de  ceux  qui  ne  le  sont  pas  . Pro-humanisme   ne me  semble  pas incohérent  avec  la visée   de R. Braque   qui  semble lui opposer et  exclure  la religiosité  .Bien  des humanistes  n'avaient  pas  supprimer  le divin  , certains un  dieu  seulement absent .  Ceci dit   je veux bien  être pro-humatiste  dans ce  sens   , et  je  trouve   assez flatteur  et  confortable  d'y reconnaître l'humasme   athée .

Comment justifier la  légitimité de l'homme alors  qu'il  est  de plus en plus  remis en  question par des courants  de pensée  qui  le  voient comme une  espèce  parmi d'autres , voire une menace  globale  pour  la vie sur  terre  
Hum     Espèce parmi  d'autres   ,  rien  de choquant  sauf  pour un  anthropocentriste . La menace   en  outre  que  fait  peser  l'homme  est  surtout  une menace  pour lui  même   Seulement  si  vous considerez  que  la vie  c'est l'homme  ,  la vie  continuera bien  sans  nous  d'une manière  ou  d'une  autre  . 

..Tente de démontrer qu'il ne peut y  avoir  d'humanisme  sans  Dieu .Le propre  de l'homme  résiderait en  dehors   de l'humain et  dans la transcendance   comme  "une ancre dans le  ciel  ".
Rien  d'étonnant  de  la part  d'un croyant.

Sa cible  est  cette fois  ce qu'il   appelle  " l'humanisme  exclusif  ", aboutissement  au   XIXème  siécle de plus  de  deux mille  ans  d'histoire d'une pensée  occidentale fondée  sur un  double  héritage d'Athènes  et  de   Jérusalem.
Rien  de  neuf   notre  culture  est  judeo-chrétienne   dans une  filiation platonicienne

Il  y eut  d'abord  les  grecs  qui  d'abord   théorisèrent   la différence  de   l'homme   "animal raisonnable  et  animal  politique , d'avec le  reste du vivant .
La deuxième  étape  fut  celle  de l'affirmation  de  l'homme comme  supérieur  aux autres espèces   , car  choisi par  Dieu  selon la  tradition   biblique 
(avec  quelques  reserves pour  le peuple  élu  moteur  des  guerres   de  religions  )

La troisième  phase  fut  celle  de la conquête où  l'homme  de par  son  activité même  se posa selon la formule  de Descartes  comme  maitre et  possesseur  de la nature, La dernière  étape fut  celle  d'un humanisme  excluant le  divin  où  "l'homme est l'être le plus haut qui  n'en  tolère  aucun  autre  au-dessus  de  lui "
Au milieu du XIXème s commença  alors le détricotage  humain :" la  Nature sera  libre, sans  homme pour  la contraindre et  cette  race sera éteinte car  elle  était  maudite depuis son  enfance ",écrivait ainsi le jeune Gustave Flaubert . ( ?)

L'obsolescence  de  l'homme est  au coeur  de la pensée nihiliste   qui  se demande  si  c'est un bien qu'il  y  ait  quelque chose plutpot  que  rien."pourquoi  devrions nous  devoir   :  refus  assumé de  toute dette envers Dieu  comme  des générations précédentesou futures.
Convaincant  dans  sa demonstration  des limites de  l'humanisme   athée  (interessant !) le philosophe  est plus à  la peine pour  répondre à  la  question  provocatrice qui  est  au coeur  du  livre    , celle  de  savoir  s'il  est  bon  que  l'humanité existeet necessaire qu'elle  survive  
Un croyant peut  poser  cette  question  à  son  Dieu  ? 
" Ce Dieu  méchant  de la  Gnose  ou  du  manichéisme  est au fond plus plausible que  celui  de  la  Bible si  l'on  cherche  une explication  facile à  la présence du mal  dans le  monde  "

Face  à  cettte pensée  structurée  aussi  provocatrice  que  stimulatricepour  le  non -croyant  il  nous reste  à  mobiliser   le  ban  et  l'arrière ban  du  materialisme depuis  Epicure  avec  ses  dieux  trop  occupés  à  leurs  afaires pour  traiter  de  celles  des hommes   jusqu'à  Diderot  Sans parler  de  Marx  ou   Nietzsche, pour reussir   à démontrer  que l'homme, fruit  du  hasard est  d'abors s libre  de  son propre choix  .
Merci  à  Marc Semo  , voici  un livre que vous  m'avez  convaincue  de lire  ...
Sans faire  de procès  d'intention  ,  puisque  je  n'ai pas lu  le  livre :
Je ne sais pas  pour  quelle  raison  cette obstination  à  refuser   la "spiritualité " aux  athées   !!
Faut-il  reformuler  l'humanisme   ?  Un  humanisme  où lucidement   l'homme  comprend  que  son  propre  interet  réside  dans   le  souci qu'il  a  de l'autre et   que   c'est  de  cette  relation  qu'émerge  la   notion  de  bien  et  de  mal  de bon et  de  mauvais  de  beau  et  de  laid  .qu'il  en découle  des lois  (des droits et  des  devoirs )   sans  qu'il  soit   necessaire   de craindre   la colère   de Dieu   ?
Creature imparfaite  ou  dysfonctionnement des processus  individuels  ou  collectifs    la resistance   au  mal   dont l'homme  se  rend  coupable  , par  l'appel  à  la raison  me  parait  plus   constructif  que  l'espoir en  un  hypothétique  salut  qui  endort  notre  combativité  pour  des  lendemains meilleurs   (même  si  on  n'est pas  très optimiste ) .
Quant   à  savoir  pourquoi  nous sommes  là  plutôt  que  rien  Pourquoi  il  y a  eu  un  commencement   (on peut  douter  qu'il   y en ait  eu  un  .... Ma foi  il  nous  faut  bien  admettre  que  l'homme   n'a pas encore tout  découvert  ou tout compris . Ce jour  là  sera-t il  encore  un homme  ou bien   aurons  nous  laissé  la  place à  une   nouvelle  espèce  omnisciente   ?
Voici  un  sujet  inépuisable !

samedi 18 mai 2013

Jack London : Les mutinés de l'Elseneur et le loup des mers



Je me donne pour objectif  de  relire  ces  deux  livres  que  j'ai   lu  gamine   enfin  ado  .. comme  beaucoup  d'entre  nous  .
Comme  je suis toujours  aussi  convaincue  qu'on se construit principalement  avec  nos  livres, bien  avant que d'être  façonné par  la vie, mais  que  bien   sûr   on enfouit la   substance  pour se  l'approprier de  manière  inconsciente  , c'est  un  plaisir   immense de   faire le chemin à  l'envers ,  et de révéler   la source  de  nos  idées  et  de  nos  émotions.
 J'ai  commencé  avec le  loup  des  mers et  déjà  dès  les premières  pages  j'y  retrouve les  empreintes  de  Schopenhauer   et  de  Nietzsche  ah tiens  , bien  sûr  !  et  puis Darwin   Edgar  Poe et  aussi  sa  position  contre  la  peine  de  mort   (1904 - un de ses premiers  romans-  aux EU c'était  une idée novatrice  ! ) .

 Je  m'attends   à  "souffrir"  sur  la banquise  avec la  chasse  aux phoques  , comme   je souffre  avec  Melville  et  la  baleine  blanche   ,  ou  avec  Hemingway  pour  ses  safaris  et   ses  corridas ..   Il  y a  là  un  phénomène étrange  qui  marque  évidemment  l'évolution  de  nos  mentalités  (et  de  notre  sensibilité).
J'ai  dû  lire ces  auteurs   dans les  années   56-60 et  notre seuil  de  tolérance   au regard de  la cruauté notamment  animale a  beaucoup  changé  . Une certaine  forme  de  racisme  également  est  généralement  reprochée  à  London  , comme   pour  Kipling  dont  il  était   un grand  admirateur  .
Avec  déjà  ces  réserves  qu'il faut  relativiser  par le  contexte  à  la fois  de  l'époque à laquelle  il  a  été écrit   ,  et  celui  où  il  était  lu  ce  qui  est  une  autre  curiosité ..je vais   "revisiter  "  London,  dont   j'ai  retenu  , cette fois  consciemment , les  idées  politiques  et  sociales   .

Il semblerait  que  je ne  sois pas la  seule  ,  puisque  son  oeuvre   est  en  cours  de  réédition   et  fait  l'objet   d'un nouveau  regard   dans la sphère littéraire  et philosophique  . Heureuse coïncidence!!!

Le  loup  des mers  (edition  de 1966   donc    serait  "philosophiquement  incomplète puisqu'il  manquerait  des passages  sur  Nietzsche et  Shopenhauer  , mais  me semble dejà asssez  edifiante sur le  sujet   .   à voir   plus  tard .....) 
Hump Van  Weyden: Le narrateur interne et principal  protagoniste  : Jeune gentleman  écrivain
Loup-Larsen :  capitaine de  la goélette  le fantôme,  chasseur  de  phoques    et  autodidacte

p.72 : Hump : J'étais  effrayé  de  la sauvagerie  qui  m'envahissait  et je me demandais   si, sous  l'influence  de  l'universelle  bestialité  dont j'étais entouré  , je n'allais  pas me  conduire moi-même  comme  tous  ces hommes, qui  me  faisaient  horreur. Oui,  moi  qui  déniais à  la justice le droit  de punir  de mort ,  même  en   châtiment  du  crime  le plus flagrant,  allais-je  tuer  ? 

 p73 :  Hump :  Non  mais je  connais   la valeur  de la  vie  humaine.
            Loup  Larsen  :Et quelle sorte  de  valeur  lui  donnez-vous ?  Des mots  ! des  mots! La preuve en  est que  ,  mis  au pied  du  mur , vous  êtes incapable  de  me  répondre .La vie  dans l'univers   est illimitée.  La nature  en  est  prodigue. Regarder les poissons  et  leur s millions  d'oeufs. Vous-même,  si  votre seule occupation  était  de procréer, combien  d'existences  seriez-vus  capable d'engendrer ?  Et  si  tous les êtres que  vous auriez procréés se  multipliaient dans les mêmes proportions, au bout  de quelques  générations ils formeraient  tout un  peuple!
La vie  ?  Elle n'a aucune  valeur. Rien  n'est meilleur  marché ici-bas. Et,  si  elle  ne se  dévorait  pas elle-même,  jusqu'à ce que les plus forts subsistent  seuls,  il  n'y aurait pas  sur notre  globe assez  de terre  et  assez  d'eau  pour la contenir.

Chapitre   7   (un chapitre  lumineux  )     contemplation  de  la   mer   (par   (London-Hump) et  coté  lumineux  de  Loup-Larsen qui  cède   à  l'instant  poétique , s'élève dans   sa contemplation  et   se  reprend  immédiatement :  beau  mouvement  littéraire  )

P 77 : La mer  calme  :  Au-dessus  de moi  , le ciel  est  d'un  bleu  admirable  et  tout  aussi   bleue  est la  mer qui, sous  l'étrave qui  la déchire, est  pareille  à  un  satin  azuré, resplendissant. Tout  autour  de  nous   l'horizon  est  légèrement pale.  Qulques nuages  floconneux, immobiles  et  toujours semblables à  eux-mêmes, sont  comme   un  enchâssement  argenté dans   le ciel  de  turquoise.
[...] Le bruit  de  l'eau   était  pareil  au  gazouillis d'un  ruisselet sur  des pierres moussues,  au  fond  d'un  vallon  vert, et la  douce  et  monotone chanson   m'emportait loin, bien  loin  de moi-même.

Hump :  La vie  selon   vous  est  sans  valeur.
Il éclata  de  rire   et, pour la première fois  , je le vis  s'abandonner  à  une  franche  gaieté   .
- Loup  larsen : Décidément  vous n't  comprenez rien . C'est  l'imagination d e l'homme  qui  lui donne tout son mérite. Et  c'est pouurquoi  en  ce moment la  vie  est  extraordinaire pour  moi .
Oui   devant  cete belle nuit, une etrange  exaltation   m'envahit . IL  me  semble  que l'univers est à oi  que je vois  clair dans la vérité  et   dans la justice,  dans le  bien  et le mal . Et je pourrais presuqe croire  en  Dieu.
  Mais  (son  visage  s'assombrit, alors  que sa voix  se  faisait plus rauque  )   la cause  de  cette exaltation  est purement  matérielle.  L a tiédeur de l'atmosphère,  un  estomac   bien  garni et  une bonne digestion , voilà  ce  qui  met  en  effervescence   le  ferment  vital  que je  suis  et  fait petiller mon  sang  come  du champagne. Et  demain  ...  Eh bien  deman ,  comme  l'ivrogneq ui  a cuvé son  vin ,  je  paierai , en  retombant à  plat  dans la  réalité, cet instant  d'ivresse.
 Puis  le jour où  je mourrai  , ce  sera en mer  vraisemblablement,  je m'en  irai  au  fond  de  l'eau  pourrir  et  servir  de pâture  aux  bouches  qui  me  gettent Ma vie  et mes muscles redeviendront  existence et  force  dans  la nageoire, dans l'écaille  et  dans les  boyaux  des  poissons.

Chapitre 8 :  Spenser  , morale  et  philo
p 85 :  Loup  Larsen  : vous  obstinez à  croire  au bien  et au  mal
Hump :  sincèrement  vous n'y  croyez pas  ?
Loup  larsen  :   Pas le oins  du  monde  !  Il  n'y  a qu'un  droit,  je le  répète,   celui  de  la force  Le  faible à  tort  uniquement parce  qu'il  est  faible. C'est  tant pis pour  lui  Il  est  bon  et  profitable  d'être  fort...
Hump : .... altruisme  ....
Loup   Larsen   Oui, oui  je  me souviens de  quelque  chose  de semblable  dans   Spenser  ..

(Hump-London) Je  demandais   ce qu'un  tel  homme  avait  bien  pu  tirer  de  la lecture d e  ce philosophe  pourq qui  l'altruisme était intimement  lié à  son  ideal  de  vie  supérieur Il  est  cetain  que  Lop  larsen  avait  épluché  dans  Spenser  ce qui lui  convenait  et  avait  rejeté le  reste  .)

Hump : Bref  dis-je   vous êtes un individualiste  un materialiste  et un  hédoniste  . 

Chapitre   9   Transformation  de  Hump .physiquement  et  moralement

Chapitre 10  Lucifer , l'enfance  du  loup (de  Loup  Larsen  !), la joie  créatrice,  la  chance  .
 Hump-  London :  sur  la mélancolie   scandinave  (loup  larsen  est    norvegien  d'origine  danoise   )Je  comprends mieux maintenant les  vieux mythes de la  religion  d'  Odin  Les  sauvages  à  peau  blanche  et  à  cheveux blonds  qui  créerent  des panthéons  terribles  étaient  de  cette  espèce  .L'insouciante  gaieté des  latins  est inconnue  de  Loup  Laren Quand il  lui  arrive  de  rire  c'est  une  forme  différente  de  sa  férocité et  rien  d'autre  . Mais   il  rit  rarement Une   sombre  hypocondrie qui  a  de profondes racines ataviques , constitue le  fond de sa nature C'est  cette  tristesse  latente,  fanatisée  qui  a  produit  chez les Anglais, l'Eglise  réformée et  des   tres  du  type  de   Mrs  Grundy (personage symbolique   aux idées  etroites  et obstinées )
Mais la religion   qui  est par elle-même  une  consolation   manque  à  Loup  Larsen et  l'abandonne à  sa  sombre humeur Son  matérialisme  brutal  constitue   toute  sa philosophie En  sorte  que  quand il est  envahi  par les idées noires , il ne peut  devenir  que  diabolique  .

Hump-London : belle  image  de la nature  sauvage :
 la crise  dura trois jours.  Loup Larsen etait  presque aveugle. (céphalée)  Il souffrait  comme  souffrent les  bêtes sauvages et  comme  celà  me semble  être  l'habitude sur  les  navires pareils  aux nôtres . C'est  à  dire   solitaire ,  sans  se plaindre  et  sans être  plaint.

p 106 Loup  Larsen :  La crainte, la souffrance  et la haine ont  été les   seules impressions  de mon   âme  d'enfant.
Hump  :  la chance  vous  a  manqué
  Loup  Larsen : Mais personne ne  crée la chance et  l'occasion  favorable m'a  fait  défaut.  Tout  ce qu'on  peut  faire  est  de  la  reconnaitre  quand elle  se présente  .
     
Chapitre 11   L'Ecclésiaste :
Loup  Larsen  :..... "Tout  est  vanité  et  affliction  de   l'esprit. Rien n'est stable  sous  le soleil "
Un  chien  galeux  vivant  dit il vau  mieux qu'un lion  mort   . Il  aurait préféré   la vanité de  la  vie   et  ses  tourments   au  silence  et  à  l'immobilité  de  la  tombe   .... Vivre est une  vanité  .  Mais  regarder par  delà  de la  mort  en  est une  bien plus  grande  encore  ..
Hump ... Omar   Khayyam . Lui  du moins   , après  s'être  torturé  l'esprit  toute sa  jeuness  ,  de ces troublantes spéculations sur  nos fins  dernières  ,est parvenu   à  se  fabriquer  une philosophie joyeuse qui  lui  a permis de vivre heureux  .

Chapitre  12 
Rixes  et bestialité  : Un  chapitre   d'une  extrème dureté pour   décrire   la brutalité de   ces  hommes  ça faut  "Fight-club"  !!

Chapitre  14  la femme, complot  contre Loup  Larsen et  mort  du  "second"
"C'est une chose malsaine  et  contre nature  , que l'homme vive  en dehors du  contact de la femme et  la  méprise  ou  dédaigne comme  le  font  toutes les  brutes qui  m'entpurent . La dureté  et la  sauvagerie    sont  le  résultat de cet isolement. il n'y a pas  d'équilibre  dans leur  existence  .  La spiritualité  de  leur  nature  s'est  atrophiée  "  

Chapitre  15 : Promotion  de  Hump  au  rôle  de  second  passe  à  Monsieur   Humphrey Van Weyden
Les  limites  du  courage  . compromis  pour  la survie, transformation  et  dépassement  de  soi   .

Chapitre  16  :  La montée  de  la  Haine   dans  son  paroxysme chez  Leach en  même  temps  qu'il  redevient  humain  . desespoir ,prédit le suicide   de  Johnson  ,  le meilleur  et  donc le  plus  faible   ....

Chapitre  17 :  periode  redoutée   , on arrive  sur  les  bancs  de  chasse  au  phoques !  jusque  là   London   reste  très  "sobre" sur  le  massacre   mais  dans  ce  milieu  cruel  et  brutal   parait  "normal"  .
Par  contre  ce  chapitre   plus long  que  les  autres   fournit   une image  exceptionnelle  dans  la description  de  la  tempête  !!  Je ne  pense pas  que   Conrad  ait  fait  mieux   !   Grandiose   ,  la  lutte  des hommes  contre  la nature  dechainée  .

Chapitre  18 : Desertion  de  Johnson et  de  Leach  , seul  espoir  de se soustraire à  la cruauté de  Loup-Larsen .-  Apparition  de  Maud. Cynisme du  capitaine
"on aurait dit  que le   besoin  de lutter, même  et surtout   dans  les  conditions les  plus  defavorables, lui   était  aussi  nécessaire      que l'air  qu'il  respirait.
Chapitre   19 :  paroxysme  de  cruauté de  Loup Larsen
"La poursuite   desespéré  recommença, elle  aussi . Elle  dura pendant  deux heures encore.  Le même  manège se  renouvelait sans  arrêt.  Nous  ralentissions et  mettions  en  panne. Puis nous repartions, pour ralentir , remettre  en  panne et  repartir.
Et  toujours le petit  bout  de  voile luttait, amternativemnt jeté versle  ciel pour retomber dans les  vallées liquides.
U grain  plus  violent que  le précédent le cacha à notre vue, tandis qu'il  se  trouvait à  un  quart  d mille en  arrière.
Il ne   repart   jamais.

Chapitre   20 : humiliation  de  Hump  . Jusqu'où  le vouloir vivre pousse  un  homme  ...

Chapitre   21 :  Le requin

Chapitre   22   Naissance  d'une  idylle  dans  cet  enfer .

Chapitre   23 : Hump-London  idealiste
"Et  je  songeais   à ce  que  m'avait   dit  souvent   Ch... , qui  était  un grand  sage   : "l'homme qui  ne connait  ici-bas que  la matière  trouve, dans  son matérialisme même,  le châtiment  de  sa doctrine   " (hum  ça se discute !)

Chapitre 24 : Duel  sur  la mer  entre les   deux  frères   ( Loup-Larsen  et  larsen-la-mort) ,le Fantôme  contre le  Macédonia.

Chapitre 25 : la seduction  du  prédateur ,  poésie  Milton (l'Enfer) , fuite  ...

Chapitre   26 : Les deux  fuyards ..

Chapitre   27 :  Arrivée  sur l'ile  qu'ils  baptisent   l' Ile  de  bonne volonté

Chapitre   28 :  un  couple  de  Robinson

Chapitre  29 : vie  primitive

Chapitre   30   Réapparition  de  Loup Larsen  abandonné , vaincu  et  malade

Chapitre  31   :  pitié

Chapitre  32 : derniers  sursauts  du   fauve  blessé

Chapitre 33 :  mort  de  Loup  Larsen et  sauvés  .
______

Un  des  tout premiers  romans   de  London . Je  dirai  essentiellement  axé  sur  l'instinct  de  survie , la  resistance  à la bestialité. Si London  a  voulu faire  de  Loup  Larsen  un personnage  Nietzchéen par  sa  philosophie   son  nihilisme   et   la  puissance  au  sommet  des  valeurs  de  survie,   il  en a aussi   démontré  le paroxysme  de  cruauté  auquel  cette  lecture  de  Nietzsche commune  à  l'époque  de l'auteur , peut mener . Aujourd'hui  on  dirait  qu'il  en  est une  caricature  .
Ceci  dit  , la  description   du  personnage  , son  contour  psychologique  est  admirablement  structuré par  London  , où  la force physique sert  et  libère  tous les instincts de domination  et de puissance sans   étouffer  l'esprit  receptif  à la conscience  et  à  l'art    ce qui  en  décuple  la  perversité dans  sa cruauté  .
Pauvre  Humphrey ,  confronté à  cette  violence   au milieu   des  hommes  de  l'équipage avilis  par  leurs  conditions  de  vie  sur  le  Fantôme  et dont  il  redoute  la contamination de la haine  , de  la  lâcheté , de  la trahison .

 

vendredi 17 mai 2013

Jack London : le talon de fer


Description de l'ouvrage : (Amazon : http://www.amazon.fr/Le-Talon-fer-Jack-London/dp/2859408762/ref=sr_1_fkmr0_1?s=books&ie=UTF8&qid=1368796032&sr=1-1-fkmr0&keywords=kondon+le+talon+de+fer

24 janvier 2003 Libretto (Livre 126)
Trotski considérait Le Talon de fer (1908) comme le seul roman politique réussi de la littérature. Un roman d'anticipation politique, pour être précis : qui prévoit une guerre mondiale mettant aux prises l'Allemagne et les États-Unis, une révolution d'octobre 1917 (mais à Chicago)... et l'avènement d'une dictature d'un genre nouveau (disons fasciste, pour simplifier) appelée à durer quelque trois siècles... Une lecture, on l'aura compris, qui n'est pas de tout repos. Avec cet ouvrage, la collection " Libretto " poursuit la publication - pour la première fois dans des traductions entièrement revues et complétées, parfois dans des traductions nouvelles - de l'essentiel de l'œuvre de Jack London : où l'on découvre en fin le vrai visage d'un écrivain qui reste, mieux que jamais, à la source de notre modernité.

London photographe


Descriptions du produit (Amazon :  http://www.amazon.fr/Jack-London-photographe/dp/2752905793

Présentation de l'éditeur

Jack London, tête brûlée éprise de liberté a, en quarante années d’une existence intense, semé sur sa route de nombreux romans, récits ou essais comme autant de témoignages de sa soif de vivre. Curieusement, on ignore souvent que cet aventurier des mers et des mots était également un photographe de génie qui, par l’image, a reflété son temps. Et de quelle manière ! Avec plus de 12 000 clichés, le petit gars des rues de San Francisco a porté sur le monde le regard des grands humanistes. Miséreux de l’East End londonien, soldats lors du conflit russo-japonais, lépreux de l’île de Molokaï, cet homme en empathie avec ses sujets a partagé ses émotions sans jamais se départir d’une sensibilité loin des images d’Epinal attendues. Grâce au travail de Jeanne Reesman, Sara S. Hodson et Philip Adam qui ont sélectionné les 200 photos les plus marquantes de ce grand reporter s’il en est, un hommage est enfin rendu au Jack London photographe, tant chacune de ses prises de vue déborde d’humanité, de tendresse et de beauté. L’œuvre littéraire de Jack London est restée dans les mémoires. Gageons qu’il en sera de même de ses photos.

Biographie de l'auteur

Jeanne Campbell Reesman est professeur d'anglais à l'université du Texas, elle a écrit et publié de nombreux ouvrages sur London. Sara S. Hodson est conservateur des manuscrits littéraires à la bibliothèque Huntington et éditrice, elle veille depuis plus de trente ans sur la collection Jack London. Philip Adam travaille depuis trente ans avec les musées et les établissements culturels de Californie, où il est en charge des collections photographiques historiques.

jack London par Irving Stone








London par  Irving  Stone
Une vie de  trimardeur 
… Pour  Jack  l’absence  de  monotonie  faisait  el charme  de la vie  errante  .Trimarder  c’était  trouver  devant  soi  un  spectacle  fantastique  , ou surgissait   l’impossible ,  où l’inattendu  surgissait  d’un buisson  au  tournant  de  la route. Chaque  journée était  exceptionnelle et  apportait une multitude d’images diverses et  rapides, uniques en  leur  genre. La nuit il  montait  sur  un  train  de  marchandises, aux heures  des repas il mendiait  aux  portes  de  service ou  tendait  la  main  dans la rue  principale. Il  rencontrait  des centaines de clochards  avec lesquels il  sautait  sur les trains, partageait  son  argent  et  son  tabac, se  querellait, faisait  cuire  sa popote dans les  terrains vagues, qu »mandaient, jouait  aux  cartes,  échangeait   ses impressions et  obéissait  aux lois  du  métier qui  voulait  qu’on   saute clandestinement   sur  les trains les plus  rapides  .
Rencontre avec Mabel
Appelgarth amena Jack  chez lui et le présenta  à sa sœur  Mabel.  A peine   Jack  eut-il  franchi  le seuil  de la maison , qu’il tomba amoureux  avec la rapidité  fulgurante  qui  répondait  à son  tempérament.
Mabel  Applegarth  était  une  créature éthérée , avec de  grands yeux bleus,  un  regard  sensible  et  une magnifique  chevelure  blonde  . Jack  la comparait  à une  fleur  d’or pâle  sur une tige élancée.  Ele  avait   une voix  merveilleuse  et  un  rire cristallin qui  pour  Jack contenait  toute  la  musique du   monde. Mabel  avait   trois ans  de plus que lui , c’était  une femme  droite sans prétention  ni coquetterie. Elle faisait  ses  études à   l’université de Californie et  suivait  des cours spéciaux d’anglais  .Jack s’émerveillait  de  toutes ces connaissances emmagasinées dans cette  jolie  tête, de ses manières irréprochables  car  elle  avait un sens inné d e la distinction L’art  et l’  étude  étaient  ses fidèles  compagnons  .  Jack  l’adorait  comme  une  divinité que l’on  vénère  mais  que l’on  n’approche pas  .. Elle accepta son  amitié  et  ce  fut pour  lui  un  enchantement. Elle  étaut  aussi  attirée par  son  caractère  viril,  à  la fois rude et  tendre  ,autant  qu’il  l’était  par  sa finesse  et  sa sensibilité .
Découverte  du  parti  socialiste
Le parti  socialiste  d’Oakland  , nouvellement  constitué, et  l’un  des  premiers crées sur  la côte  du  Pacifique , invita Jack à participer  aux réunions .Il  y rencontra des  hommes   tels qu’ Austin   Lewis   du  parti  travailliste-socialiste   anglais  , des   socialistes  allemands exilés,  caractèrees  mûrs  et  bien  trempés  auprès desquels  s’aiguisait  l’esprit  du jeune  garçon . Le parti  socialiste  d’  Oakland  était  composé d’intellectuels, qui  se réunissaient le  soir  devant un  verre de  bière  pour  écouter  de  la  musique  et  de politique   economique .
C’étaient  des théoriciens qui  n’étaient  pas  concernés par la  lutte  des  classes car il  n’y avait pas un  ouvrier  parmi eux  . Or,  Jack qui  appréciait leur  compagnie ne croyait pas  que  le  socialisme  appartenait  aux  intellectuels.Il  pensait  qu’il  appartenait  aux ouvriers et  aux  syndicats qui  étaient  destinés par  le  mouvement  de  l’histoire à mener  la lutte  des classes , à faire la révolutionet  à  instaurer  l’état  prolétarien  que  Karl  Marx  considérait comme la seconde phase du  développement  de al civilisation  .
Amitié
Jensen   raconte  de  façon  amusante   comment  Jack lui  préta  « Origin  of  species. Jensen   se  plaignit   de  la difficulté  de   cette lecture et  Jack lui preta  alors  Riddle  of  the  universe  de  Haekel, plus facile lui dit-il.  Mais  c’était  encore  trop  compliqué dit-il. Et   jack alla  chercher  sous  ses  couvertures l’ouvrage  qui  lui  était  précieux entre  tous   Paradise  lost  de  Milton Jensen  avoua qu’il  n’aimait  pas la poésie et n’arrivait  pas à  lire  Paradise  lost.  Jack  ayant  entendu dire  qu’il  existait  un  exemplaire  de  The   Seven Sseas   , de  Kipling, dans  une hutte  sur les bords  du   Yukon,  il  alla  le  lui  chercher .  Quand il  le  lui  rapporta  il le supplia d’en lire quelques pages pour  se  faire une idée de la beauté de  ces  vers  . Jensen  lut  le  livre   d’un bout à  l’autre  et  Jack  fut  très fier  de sa victoire  .
Socialisme
Le socialisme  est la  grande  raison  de  sa vie  . Cet  idéal alimente  sa force  , sa détermination  et  son  courage. Il n’a  pas l’illusion  de  croire  qu’on régénérera l’humanité en  un jour, mais ne pense pas non  plus  qu’il  faille  attendre  le passage de plusieurs  générations pour y parvenir.  Il  souhaite  que  le  socialisme   s’installe progressivement , sans  révolution , sans  effusion  de  sang ;  pour  sa part  il  veut instruire les masses, leur  apprendre à  gérer  leurs propres industries,  à  exploiter  leurs ressources naturelles et  à  se  gouverner. Si  les  capitalistes  s’opposent  à  cette  évolution ,  il  est  prêt  à  se  battre sur  les barricades  pour  défendre la cause.  Après tout  ,  a-t-on  jamais  créé  une  civilisation  sans  le  baptême de sang  . ?
Sa  philosophie
Un  mélange  de monisme  de  Haeckel, du  déterminisme matérialiste  de Spencer et  de la théorie  évolutionniste de Darwin , est liée à  sa conception  du  socialisme. « La  nature ignore les  sentiment,  la charité et  la  miséricorde.  Nous sommes des pantins mus par  de  grandes  forces aveugles , mais nous arrivons  à  déchiffrer les lois de certaines  de  ces  forces  et les  rapports  qu’elles  ont  avec nos  tendances . Nous sommes  des  éléments inconscients  de la sélection naturelle qui  agit  sur  les  races…J’affirme  avec  Bacon  que  toute compréhension  découle  de la sensation . J’affirme  avec Locke que  toutes les idées viennent  des  sens  . J’affirme  avec Laplace  que  l’hypothèse d’un  créateur  est parfaitement  inutile.  J’affirme   avec  Kant  que l’univers   a une  origine  mécanique et  que  la création  est un  processus  naturel   et historique  . « 
Oeuvre  littéraire :
En ce qui  concerne  son  œuvre littéraire   il  espère suivre les  traces  de  Kipling : « Kipling atteint  l’âme  des  choses   .  Il a  ouvert  de nouvelles  frontières pour l’esprit  et la  littérature. »
Jack  London  s’en prend à  cette pauvre jeune fille   américaine qui  s’indignait   si  on  lui donnait  à  boire  autre chose que  du  lait  de  jument. Les  dix dernières années  , celles de son  adolescence   avaient  été des années  vides  et  stériles     l’esprit  victorien  faisait  autorité.  La  morale  du  Mid-West limitait la  littérature,  livres  et  revues  étaient  destinés   à  un public qui  considérait   Louisa May   Alcott   et  Marie  Corelli  comme  de  grands  écrivains.  Il  était  difficile  de  faire œuvre originale, l’on ne pouvait peindre  que  des  gens  respectables,  les  bourgeois et les riches ;  il  fallait  récompenser la vertu  et punir le  vice  . Les  auteurs américains  devaient  écrire comme  Emerson , voir le beau côté des choses éviter  ce  qui  était  dur  ,  pénible,  sordide et  vrai  .  Les leaders  de  cette littérature  avaient un  ton  agréablement poétique comme  Holmes, Whittier,  Higginson, W.D. Howells,  Marion  Crawford  , John Muir, Joel Chandler  Harris,  Joaquim  Miller  . Les éditeurs  qui  vivaient  dans l’atmosphère raréfiée  et  froide  des hautes  sphères  payaient  des sommes  exorbitantes   à   Barrie, Stevenson ,  Hardy.  Ils  allaient même  jusqu’à  publier  les  audacieuses révélations (expurgées , bien  entendu  )   de Français  et  de  Russes, et pourtant ils   exigeaient  des écrivains américains qu’ils  ressassent  la formule  pseudo-romanesque en n leur permettant  toutefois un changement  de  rideau  .
En Russie  ,  Tolstoï  et les  réalistes faisaient une  révolution ;  en  France  Maupassant,  Flaubert,  Zola.  En Norvège  Ibsen . En  Allemagne  Sudermann  et   Hauptmann. Lorsqu’il  comparait les œuvres  américaines et  celles  de  Hardy,  Zola et   Tourgueniev,  il  ne  s’étonnait plus que l’on  considérât  l’  Amérique comme un pays  d’enfants et  de  sauvages  .  L’Atlantic  Monthly  venait  de publier les romans de  Kate   Dougglas  Wiggin et  de  F.  Hopkinson  Smith “absolument  inoffensifs  et  complètement   morts  « Eh  bien  ! Il sortirait  prochainement  Odyssey  of  the North ;  Atlantic  Monthly et  le roman  américain  revivraient « . Il veut  faire pour  son pays  ce que   Gorki  fait en  Russie,  Maupassant  en   France  ,  Kipling en  Angleterre.  Il  transportera la littérature  de  salon  de  Henry  James dans la cuisine  du peuple,  elle  répondra au  moins une  odeur  de  vie  …..