lundi 18 août 2014

Tolstoï : Qu'est-ce que l'art ?

Hou !!!  Si  ce n'était pas de  Tolstoï, je serais  effrayée  , c'est une condamnation  radicale   de   l'art   moderne   incluant  le romantisme ,  les impressionnistes  , les  symbolistes  les décadents  ,  sans parler  de  l'art  contemporain  qui   dessinait   son  profil  à  l'époque  ou  Tolstoï  à écrit  son  livre  .
 "il ne peut  y avoir  d'art  sans conscience  religieuse  et  la  beauté n'est qu'une  perversion  de   l'art  .
Un  commentateur  sur   Amazon  définit  très bien  l'essai  de  Tolstoï
Je me  permets de le reproduire son  message ici  , il  est parfait   (à mon sens  )  :
3.0 étoiles sur 5 La conscience religieuse, 16 avril 2013
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Ce commentaire fait référence à cette édition : Qu'est-ce que l'art ? (Broché)
Dans ce texte très étonnant Léon Tolstoï explique sa vision sur l'art et le but de l'art.

L'art, la religion, les classes, le professionnalisme
Pour Léon Tolstoï, l'art est une activité humaine qui consiste à transmettre des sentiments (des émotions) par des signes extérieurs. L'art ne consiste pas à créer de la beauté ou du plaisir ou à exprimer des émotions, mais à infecter les spectateurs, les lecteurs ou les auditeurs avec des sentiments. La valeur de ces sentiments doit être déterminée par la conscience religieuse (chrétienne), qui nous dicte ce qui est bon ou mauvais. Le critère de base pour désigner ce qui est bon, est la vie fraternelle de l'ensemble des populations sur terre. Le but de l'art consiste donc à transférer du domaine de la raison au domaine des émotions, la vérité que le bien-être de la population mondiale consiste dans son unité et dans le remplacement de la violence par l'amour (le Royaume de Dieu).
Malheureusement, les classes supérieures, les plus grands `consommateurs' d'art moderne, ont perdu la foi. Ils ont réduit l'art à la transmission de sentiments de vanité, d'amusement et de luxure. L'art est devenu artificiel, insincère et perverti. En un mot, une prostituée.
La sincérité de l'art a également été considérablement affaiblie quand les artistes sont devenus de purs professionnels.

Les moyens et les fins artistiques
Pour Léon Tolstoï, l'art `chrétien' peut être religieux (la transmission de sentiments concernant Dieu) ou universel (la transmission de sentiments quotidiens simples).
Des dissimulations délibérées visant à éveiller la curiosité, la révélation de nouveaux aspects de la réalité ou la mise de points d'interrogation dans une aeuvre n'aident pas, mais entravent la véritable transmission artistique. La poésie herméneutique n'est qu'une suite de mots incompréhensible, alors que le réalisme et le naturalisme ne sont pas plus que des contrefaçons de la réalité.

Évaluation
En effet, une des essences de l'art est la transmission de sentiments (d'émotions) dans le lecteur, l'auditeur ou le spectateur. Mais, la conscience religieuse (chrétienne) ne peut en aucun cas être considérée comme le (seul) critère pour déterminer si l'art est bon ou mauvais. L'art peut aussi transmettre des messages (émotionnels) sur des réalités sociales ou politiques (guerre, paix), sur la psychologie humaine (amour, haine) ou encore sur des réalités potentielles (de l'anticipation).
Les messages peuvent, bien sûr, être transmis sous une forme attrayante, suscitant la curiosité du lecteur/spectateur.
L'analyse de la poésie herméneutique ne vaut peut-être pas la peine (en fin de compte elle ne cache souvent que des sentiments/messages simples), mais les exemples que Léon Tolstoï donne, sont très compréhensibles.
In fine, l'argumentation de Léon Tolstoï concernant la transmission de sentiments simples devient une caricature, quand il rejette le Faust de Goethe parce que la pièce de théâtre n'est qu'une imitation d'anciennes aeuvres d'autres écrivains, ou, quand il appelle les dernières compositions de Beethoven (y compris sa 9me symphonie) du charabia artistique, parce que Beethoven était sourd quand il les a composées.

Ce texte controversé ne peut être recommandé qu'aux fanas de Léon Tolstoï et qu'aux professionnels de (histoire de) l'art.
http://www.amazon.fr/review/R4QSDA08GU60K/ref=cm_cr_dp_title?ie=UTF8&ASIN=2130554407&channel=detail-glance&nodeID=301061&store=books


Ceci  dit  par ce que  c'est  Tolstoï on ne peut s'empecher une  certaine  sympathie  lorsqu'il  parle  d'art   dévoyé  par  le  marché de  l'art   et le professionnalisme  , lorsqu'il  regrette   toutes les energies dépensées  dans  des projets  futiles   quand    tant  de  misère  pourrait  être  soulagée  par  les sommes englouties dans des  expériences  artistiques  contestables  .... quand des fortunes croupissent   dans  descoffres-forts   ... quand  l'élitisme creuse  l'abîme  entre ceux qui  ont accès  à  l'art   et  ceux  qui en sont  exclus  .
Il n'a  pas tort  non  plus  quand   il affirme   que  les critères  esthétiques dans nos sociétés  occidentales  sont rarement  sincères et  authentiques  mais plus souvent   artificiels  et subordonnés  aux  lois de ce qu'on appelle  aujourd'hui  merchandising .
A mon avis  otez  à son  jugement  la conscience  religieuse   et  nous  retrouvons  beaucoup des fondements du  communisme   ou encore peut-être bien  des échos à certaines théories  bouddhistes
 Romain  Rolland  le  définissait  comme  un anarchiste  chrétien ..
Peut  être  faut-il  aussi   retenir  de  l'expression  conscience  religieuse   que   l'étymologie  stricte  du  mot  religieux  :  encore que  ... :
  Il y a deux sources étymologiques du mot "religion" : relegere (cueillir, rassembler) et religare (lier, relier)

- relegere, de legere (cueillir, rassembler). Cette filiation sémantique et formelle trouve sa source dans Cicéron et est soutenue par Benveniste. C'est l'expérience de la sacralité, voire de la sainteté, de l'indemne sain et sauf : recueillir pour revenir et recommencer, dans une attention scrupuleuse, dans le respect, la patience, avec pudeur et piété. C'est l'être, l'essence, la chose même de la religion.
- religare, de ligare (lier, relier). C'est une étymologie probablement inventée par les chrétiens : la religion comme lien, lien social, croyance, lien fiduciaire, crédit fait au tout-autre en sa bonne foi, expérience du témoignage, obligation, ligament, devoir, dette entre hommes ou entre l'homme et dieu.
Ces deux sources sémantiques se croisent. Tout en critiquant Benveniste, en insistant sur le fait que l'étymologie ne fait jamais loi, Jacques Derrida les prend au sérieux. La distinction est "quasi-transcendantale". Elle correspond à deux veines irréductibles de la religion. La répétition de cette division est, "en vérité", l'origine de la répétition, la division du même.
Tant que la religion n'est pas instituée, il n'y a pas de terme commun à ce que nous appelons religion, il n'y a pas une chose une et identifiable que tous s'accorderaient à appeler religion. Unifier les deux termes, c'est résister à la disjonction, à l'altérité absolue. ( http://www.idixa.net/Pixa/pagixa-0709031246.html)

Et encore parce que  c'est  Tolstoï j'aimerais  bien m' y attarder  davantage  ...

Baudelaire , Verlaine ,Mallarmé   Pouchkine  ,  Wagner,  Beethoven  , les impressionnistes sont condamnés
Millet , Dostoievski  (difficile  à  comprendre  !) les contes et légendes populaires ont sa faveur   
Ah encore :  l'objet de  la  beauté se résume  au  plaisir .

lundi 4 août 2014

Tolstoï par Romain Rolland

Passionnant . J'adore cette manière de Romain Rolland d'admirer sans édulcorer les faiblesses qui sont fatales chez les passionnés. La critique des "Ecrits sur l'art " est un régal notamment bien évidemment quand il s'agit de musique.