mardi 28 novembre 2017

Condorcet : reflexions sur l'esclavage


Réflexions sur l'esclavage  des  nègres  suivi  de  Premier  et deuxième  mémoire  sur l'instruction  publique  
Collection  "les  livres qui  ont changé  le   monde  "  
4ème de  couv.
"  1 781:  alors que , en  plein siècle  des  Lumières,   le commerce  triangulaire connait son apogée,  la  parution  des   Réflexions  sur l'esclavage des  nègres  suscite  la  controverse. Quels sont les arguments   des partisans  de l'esclavage ?  Pourquoi  cette pratique n'est-elle  pas plus  justifiable moralement  qu'économiquement ?  Commment  organiser  sa suppression progressive ?  Telles sont  les questions  auxquelles répond Condorcet dans ce  brûlot publié sous  seudonyme. Démontrant  un  à   un  les  rouages du  discours esclavagiste, les  Réflexions  ont annoncé  le  combat  pour l'abolition  et  incitent encore  chacun  à  la  vigilence  contre toute  forme   d'assujettissement. .."

dimanche 19 novembre 2017

"Les inégalités sont nées au néolithique" par JP Demoule


A propos de son dernier livre  , article  de   Jean  Paul  Demoule  dans  L'Obs  n° du 16 au 22  novembre  2017
En se convertissant , voici 10 000ans à  l'agriculture , l'humanité  a fait  basculer  son  destin. 
Dans son  dernier  livre  , l'historien Jean  Paul  Demoule  revient  sur ces millénaires  où  sont  apparus le  culte du  chef  et celui  de  la virilté .
 Cultiver  la terre , élever  des animaux , c'est  une révolution symbolique:  se rendre  maître du  monde  et s'approprier  ses ressources .
[...]
La  Célébration  de   la virilité débute avec  le  néolithique. Les guerriers deviennent  alors  le  thème   privilégié des  images  publiques .
[...]

Que je rapproche  de Sapiens De   Y.N  Harari
 Deuxième partie : La révolution agricole " La  plus grande  escroquerie  de   l'humanité" .


Une autre analyse  , celle  de   Christophe  Darmangeat  sur son  blog  "La  hutte  des classes",anthropologie sociale, préhistoire et marxisme:
 La naissance des paiements : un casse-tête néolithique  

A lire  aussi sur  Wikipedia :
- Alain  Testart  :(Anthropologue français 1945-2013): Les chasseurs- cueilleurs l'origine des  inégalités  
- Vere  Gordon  Childe (archéologue  australien 1892-1957) Revolution  néolithique -  révolution   urbaine  (Traduction  en  français ?  )

la question  qui se  pose , au moins depuis  Rousseau  :  Nos  ancêtres Chasseurs -cueilleurs  étaient -ils  plus   heureux  , plus  libres  , plus  égalitaires  ????? et toujours  l'origine des inégalités  !

 

mardi 14 novembre 2017

Planète :De Sapiens en digressions...

Le cri  d'alarme de   15 000 scientifiques sur l'état de  la planète 
"Bientôt  il  sera  trop  tard "
(Le  Monde du  14  novembre  2017 )


« Les transitions vers la durabilité peuvent s’effectuer sous différentes formes, mais toutes exigent une pression de la société civile, des campagnes d’explications fondées sur des preuves, un leadership politique et une solide compréhension des instruments politiques, des marchés et d’autres facteurs. Voici – sans ordre d’urgence ni d’importance – quelques exemples de mesures efficaces et diversifiées que l’humanité pourrait prendre pour opérer sa transition vers la durabilité :

1.    privilégier la mise en place de réserves connectées entre elles, correctement financées et correctement gérées, destinées à protéger une proportion significative des divers habitats terrestres, aériens et aquatiques – eau de mer et eau douce ;
 2.   préserver les services rendus par la nature au travers des écosystèmes en stoppant la conversion des forêts, prairies et autres habitats originels ;
3.    restaurer sur une grande échelle les communautés de plantes endémiques, et notamment les paysages de forêt ;
4.    ré-ensauvager des régions abritant des espèces endémiques, en particulier des superprédateurs, afin de rétablir les dynamiques et processus écologiques ;
5.    développer et adopter des instruments politiques adéquats pour lutter contre la défaunation, le braconnage, l’exploitation et le trafic des espèces menacées ;
 6. réduire le gaspillage alimentaire par l’éducation et l’amélioration des infrastructures ;
 7.   promouvoir une réorientation du régime alimentaire vers une nourriture d’origine essentiellement végétale ;
8.    réduire encore le taux de fécondité en faisant en sorte qu’hommes et femmes aient accès à l’éducation et à des services de planning familial, particulièrement dans les régions où ces services manquent encore ;
9.    multiplier les sorties en extérieur pour les enfants afin de développer leur sensibilité à la nature, et d’une manière générale améliorer l’appréciation de la nature dans toute la société ;
10.    désinvestir dans certains secteurs et cesser certains achats afin d’encourager un changement environnemental positif ;
11.    concevoir et promouvoir de nouvelles technologies vertes et se tourner massivement vers les sources d’énergie vertes tout en réduisant progressivement les aides aux productions d’énergie utilisant des combustibles fossiles ;
12.    revoir notre économie afin de réduire les inégalités de richesse et faire en sorte que les prix, les taxes et les dispositifs incitatifs prennent en compte le coût réel de nos schémas de consommation pour notre environnement ;
13.    déterminer à long terme une taille de population humaine soutenable et scientifiquement défendable tout en s’assurant le soutien des pays et des responsables mondiaux pour atteindre cet objectif vital.

Pour éviter une misère généralisée et une perte catastrophique de biodiversité, l’humanité doit adopter une alternative plus durable écologiquement que la pratique qui est la sienne aujourd’hui. Bien que cette recommandation ait été déjà clairement formulée il y a vingt-cinq ans par les plus grands scientifiques du monde, nous n’avons, dans la plupart des domaines, pas entendu leur mise en garde. Il sera bientôt trop tard pour dévier de notre trajectoire vouée à l’échec, car le temps presse. Nous devons prendre conscience, aussi bien dans nos vies quotidiennes que dans nos institutions gouvernementales, que la Terre, avec toute la vie qu’elle recèle, est notre seul foyer. »

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/11/13/le-cri-d-alarme-de-quinze-mille-scientifiques-sur-l-etat-de-la-planete_5214185_3244.html#aS94dbSvLkdLW1CY.99
 

samedi 11 novembre 2017

Foucault , Bacon , Harari...

"Savoir  et  pouvoir " 
Titre du sous-chapitre   "la découverte  de   l'ignorance" dans  Sapiens  , p 305

On peut se  poser la  question  :  pourquoi   Harari  a-t-il  préféré  faire référence à  Bacon  plutôt  qu'à  Foucault qu'il  ne cite  pas  une  seule  fois ?
Bien sûr on  ne  peut  penser  qu'à  une  omission  volontaire  ; c'est  intéressant  parce que  à  mon avis  c'est  là   une    illustration  de   sa démarche  générale  qui  voudrait  éviter  le  débat  philosophique,  stérile dans son contexte  . En citant   Foucault  son  propos  aurait   entrainé  des considérations  digressives vers une nouvelle  exégèse   de la  pensée  du  philosophe de mai 68, et  un débat  comparatiste et contradictoire  avec les   thèses du  philosophe  du  17ème !
Harari  sait  que  nous connaissons  Foucault (beaucoup  , mieux que   moi  :-)  ,  et  un  peu   moins  Bacon , alors pour faire  vite  dans une  histoire  brève de l'humanité, choisir  le  père  plutôt  que   le fils, l'ancêtre oublié plutôt que  le   parent adulé   parait logique , d'autant que    l'éclairage de  la pensée   foucaldienne  nous  permet   tout  de suite  de   saisir  l'idée initialisée par  Bacon .
L'essentiel  étant dans la relation  de   Savoir  et    Pouvoir , pour l'un  facteur  de   progrès (sciences  et  technologies), pour l'autre moyen   moyen  d’oppression .

Une petite  note de  l'auteur  aurait  toutefois été  la bienvenue  . 

" La science   , l'industrie et la technologie  militaire  ne  s’entremêlèrent qu'avec  l'avènement  du  système capitaliste  et  la révolution  industrielle. Sitôt  cette relation  établie , cependant,  elle   transforma  rapidement  le monde ."  (Sapiens p. 310)

samedi 4 novembre 2017

Sapiens de Yuval Noah Harari

Je continue  avec  ce qui fut son  premier  opus  (dans  cette catégorie d'ouvrages).
Cet homme  est  un  phénomène !  Je suis conquise  ,  par  la clarté  de ses théories , par cette capacité  à  jongler  avec toutes ces  disciplines , à  les structurer ,  les  organiser  pour   en extraire l'évidence  !!
Je plaisante avec immensément   de  respect et   sympathie  son cerveau  est une synthèse   des machines  qui  supplanteront l'homme demain  !
Faut -il  les craindre ou l'espérer  ?

Sommaire

Première  partie - La révolution  cognitive

1. Un animal  insignifiant
2. L'arbre de la connaissance
3. Une  journée  dans  la vie   d' Adam  et  Eve
4. Le  déluge


Deuxième  partie - La révolution  agricole

5. La  plus grande  escroquerie  de  l'histoire
6. Bâtir  des  pyramides
7. Surcharge  mémorielle
8. Il n'y a  pas de  justice  dans  l'histoire


Troisième  partie - L'unification  de  l'humanité

9. La  flèche  de  l'histoire
10. L'odeur  de   l'argent
11. Visions  impériales
12. La  loi de la religion
13. Le secret  de la réussite


Quatrième  partie - La révolution  scientifique

14. La découverte de   l'ignorance
15. Le  mariage  de  la science et  de  l'Empire
16. Le  credo  capitaliste 
17. Les rouages de   l'industrie
18. Une révolution  permanente
19. Et  ils vécurent heureux
20. La  fin  d'Homo sapiens


Epilogue  - Un  animal  devenu  dieu.?

vendredi 20 octobre 2017

Homo Deus de Yuval Noah Harari


Voilà  je 'ai   lu  ... Pour l'heure  passons  sur  mon  projet de  roman  avorté  (peut-être  :-)
Après bien  des hésitations  j'adhère  et je reconnais  à  l'auteur  des qualités exceptionnelles  !
Pour  moi  c'est  un  visionnaire génial  d'une  érudition  colossale  !
Je ne mets  pas toutefois de  côté  mon  esprit  critique  et je reprends l'ouvrage   pour tenter d'éclaircir quelques  poins  obscurs
D'abord pourquoi   cet  ouvrage   ne déclenche  -t-il  pas (en  France ?) plus de   polémique  ?
Pourquoi  nos grands ténors de  la philosophie  , de  la sociologie  , de  l'économie , des sciences  se  font-ils aussi  discrets sur un  tel sujet  qui  devrait révolutionner  nos systèmes  dans tous  ces domaines  ?
Pourquoi  ne pas entendre   ses alarmes  ?
Aveux d'impuissance  ou laxisme ? Indifférence  au  monde que  nous laisserons aux  prochaines générations  ?  Certitude   d' être parmi  les élus ?  Mépris pour les futurs inutiles ?

Je n'ai  peut être   pas moi-même  entendu  les voix  qui  ont  pris son  parti  ! mais je n'ai  peut être pas suffisamment   écouté   ou  prêté  suffisamment  attention , pas  ouvert  les bonnes  portes  .... 

Le  premier  constat est que  Harari  est de  culture  anglo-saxonne et  on  n'oublie  pas que le   sérail  de  la vieille  Europe  traine  toujours  des pieds   avant  de prêter  l'oreille   aux  sirènes  qu'il  n'a pas  initiés  !

Des  pages de  références pour appuyer  ses théories ou  seulement  ses arguments  ont le  plus  souvent  des accents inconnus  du  grand  public   francophone ! Il est nécessaire de décrypter  avant de  valider  et la  prudence  est  un  bon  prétexte  pour refuser  l'engagement , même devant    des évidences qui  devraient   rallier  le bon  sens commun  .

Bien  , bien  j'ai  aussi  quelques points à  éclaircir et ses démonstrations vont   un  vite  parfois pour  moi  . (je devrais peut-être  aussi  lire  Sapiens son  premier  opus .

Ce qui   me trouble en  premier lieu  : c'est  cette association  d''humanisme-libéral  qui  a succédé aux précédentes théories  philo-politico-économiques et qui  serait responsable   de la  menace qui  pèse  sur  l'humanité .
Je  ne   pense  pas que les  deux  termes soient   fatalement  associés  et  qu'il  faille  rejeter  à  la fois  l'un  et  l'autre  dans  ce couple mal  apparié  ?
Mais  je soupçonne une  vision  anglo-saxonne  des deux termes  non  en  parfait accord avec nos  concepts  européens  (du continent  ) ???

L'effrayant  sur  lequel   on  peut  indiscutablement  s'arreter  c'est  sur les  conséquences  dramatiques   de cette  évolution de l'homme ,  (peut être  réellement non  maitrisable,)  sur   les autres espèces  ,  l'écologie,   sur la planète  ... et sur  la perspective  quasi  ineluctable que   nous  nous  acheminons  vers  une  société  partitionnée  entre    individus  nantis  (plus  ou  moins augmentés  ) et  populations d'inutiles  .
Ce constat  comme  cette  perspective  sont les   deux  menaces  qu'il  est difficile  d'ignorer  ou de réfuter  .

+ article  du  Figaro : La nouvelle   bible de  l'humanité  
" Harari parachève ainsi son grand ouvrage qui peut se lire comme une nouvelle Bible, une version évolutionniste et anti spéciste de l'histoire de l'homo sapiens, depuis sa genèse jusqu'à l'Apocalypse dont l'auteur prophétise qu'elle pourrait être imminente. Une bible qui affirme que la «religion» humaniste est une construction culturelle imaginaire au même titre que les monothéismes. À cet égard, on s'étonne qu'elle ne suscite pas davantage de débats dans les pays des droits de l'homme.
Version evolutionniste  :  oui   
 anti speciste   ?  que l'homme soit un  animal  , on  ne peut qu'être d'accord  , Que nous  soyons le   résultat d'algorithmes  , c'est  probable  .

Mais   il  n'y  a pas  de  prophétie  chez  Harari il me semble  .  seulement  la projection   dans  le futur  de  plusieurs possibles  , dont  certains alarmants.   si  nous  ne changeons  rien  à   notre   manière de vivre  .L'exacerbation  des inégalités   me  parait  bien  évidente  pour  annoncer   sans  messianisme inconsidéré l'émergence d' une  société  à  deux vitesses  avec une   population  d'inutiles  dont les  privilégiés  ne  sauront  que  faire  !
Dès les années  70 et   avec  le début de la robotisation  ,  il était facile  de  prévoir  la  disparition  progressive  mais  ineluctable  des emplois  .  On leurrait  alors les gens  avec  la  promesse  d'une  civilisation  des  loisirs  ,  et  de   là  sont  nées  les  35 heures une....Le nécessaire partage  de  l'emploi  était  un  leitmotiv  . Aujourd'hui  , on  allonge   le  temps  de  travail  et  on voudrait gèré  le  chomage  !!  
Beaucoup  à  dire   sur  le sujet  !!!!! 
Apocalypse  imminente  :  c'est avouer  n'avoir  pas  lu  le   livre   jusqu'au  bout  . 
Humanisme  = religion , construction  culturelle  imaginaire  :  n'est-ce pas la caracteristique  de  tout  idéal  ? 
Moi  je suis  seulement   génée  quand   Harari  forme  le  couple  Humanisme-libéral  .
Une  philosophie de  l'humain  associée  à  un systéme  politico-economique  en  ignorant  le capitalisme   serait mon  reproche   à  Harari .
Si sa culture anglo-saxonne  lui  permet  de   situer l'origine du  libéralisme dans  l'humanisme , on  peut  comprendre  avec   un  peu   gymnastique  mentale  ,  mais  l'humanisme  ne peut  cautionner  le capitalisme  qui ,issu  du   libéralisme opprime , les  non-possédants et  dicte  sa tyrannie  du marché  !  
Je reprocherais à  Harari  d'ignorer  le  capitalisme  et sa responsabilité dans  l'accelération  des inégalités . 
Quant  à  la boutade   sur  les droits de  l'homme   , quelle  mauvaise  foi  !!!!!

L'ouvrage  de  Harari  n'est  pas un  manifeste  revolutionnaire  !! ce n'est que le  constat  des processus en  cours  
A  moins  qu'il  faille  y  lire  un  contre manifeste  du  Dataisme  !!  :-)


Vegan et bouddhiste
Yuval Noah Harari, né en Israël en 1976, universitaire spécialisé dans l'histoire militaire du Moyen Âge, diplômé d'Oxford, donne des cours de World History à l'université hébraïque de Jérusalem. Il a diffusé ses cours sur internet sous forme de MOOC puis les a transformés en livres. La séduction qu'il exerce tient sans doute à son style convivial de professeur charismatique qui veut pousser ses élèves à remettre en question leurs idées toutes faites pour montrer que leurs croyances et leurs valeurs sont fragiles.

Vegan  bouddhiste  et   israelien   !!  De quoi  se  mettre  à  dos  bien  du  monde  !!!!  
Les  religieux du  livre,  les  acteurs de   la filière  alimentaire  carnée  et  "beaucoup  d'autres  du politiquement  correct  !!


Végétalien - une grosse centaine de pages d'Homo Deus est consacrée aux souffrances que Sapiens fait subir aux autres animaux - Harari vit dans une communauté agricole coopérative près de Jérusalem. Il est aussi adepte de la méditation bouddhiste, tendance Vipassana. Homo Deus est d'ailleurs dédié à son maître S.N Goenka.

Hum ! nier la souffrance   animale , partisan  d'une   existence  consacrée à  la  sagesse  et à la recherche  du  bonheur  ,  loin  de   la société de  consommation  , voilà   des  qualités qui   meritent l'admiration  !


Les droits de l'homme, une invention

Des personnalités mondialement admirées, comme Bill Gates et Mark Zuckerberg, ont chaleureusement recommandé Homo Sapiens. Barack Obama a dit qu'il avait adoré cette «histoire de l'humanité vue du ciel», curieuse expression pour qualifier une vision réductionniste de l'homme. On se demande si l'ancien président américain a lu les pages 136 et 137 dans lesquelles Harari décortique le fameux passage de la Déclaration d'indépendance des États-Unis qui dit que tous les hommes sont créés égaux, doués de droits inaliénables parmi lesquels la vie, la liberté, la recherche du bonheur. «Ces principes universels, affirme Harari, n'existent nulle part ailleurs que dans l'imagination fertile des Sapiens et dans les mythes qu'ils inventent et se racontent. Ces principes n'ont aucune validité objective.» Harari écrit également, et pour lui cela ne semble pas souffrir discussion, que «la liberté est une invention des hommes qui n'existe que dans leur imagination». Il entreprend alors une étrange traduction «en langage biologique» de la Déclaration d'indépendance.
 Le livre   lu  par  des millions  de  gens  n'a  pas  besoin  d'adoubement  de  complaisance   !

Harari écrit également, et pour lui cela ne semble pas souffrir discussion, que «la liberté est une invention des hommes qui n'existe que dans leur imagination»..
Ce n'est pas un   "eureka"  philosophique  il  me semble  !!!!!!! 
Quant à l'âme dont il est plus longuement question dans Homo Deus, elle n'existe pas non plus, explique-t-il, puisque les chercheurs qui ont scruté tous les recoins du cœur et du cerveau humain ne l'ont jamais découverte.
En France, Homo Sapiens n'avait pas fait l'objet d'un grand lancement médiatique. Il s'est transmis de bouche-à-oreille et… d'homme à homme. Phénomène singulier, il a été lu principalement par des hommes de catégories socioprofessionnelles supérieures qui le recommandaient à leurs amis, comme les lectrices le font habituellement avec leurs romans préférés.
"L'âme  'existe  pas"  :  J'adore  :-)  !!!!!
Qui trop embrasse sème la confusion
Pourtant la plupart des lecteurs d'Homo sapiens, lorsqu'on leur demande ce qu'ils en ont pensé et quel est le propos de l'auteur, ont du mal à répondre. Ils plissent le front. En effet, en le lisant, on se demande où Harari veut en venir. On sent qu'il veut en venir quelque part, mais qu'il entretient un certain flou, ou peut-être qu'il n'arrive pas à dissiper le flou de sa propre pensée. Il est indéniablement plus à l'aise dans les passages narratifs que dans lorsqu'il entreprend de philosopher.
Ses lecteurs ont apprécié le foisonnement de connaissances déployées. Il est vrai qu'on peut picorer dans ces livres une multitude d'études chiffrées et d'anecdotes historiques intéressantes. Mais dans certains domaines, ces connaissances sont sujettes à caution, parfois erronées à force d'être schématiques ou partielles, au point qu'on se demande si elles sont de première main ou s'il répète ce qu'il a lu dans les livres répertoriés dans la bibliographie. Une bibliographie où ne figurent que des ouvrages et des articles contemporains. La culture classique de Harari, en littérature et en philosophie, sans parler de la théologie, semble très succincte.
Harari a un réel talent pour vulgariser, faire réfléchir en faisant marcher l'imagination de son lecteur. À cet égard, il serait certainement un bon auteur de romans dans lesquels il pourrait laisser s'exprimer les contradictions et les angoisses légitimes qui l'habitent.
Mais en refermant Homo Sapiens et Homo Deus qui brassent des milliers de siècles, d'histoires, de sujets, d'idées et de supputations, on est assommé comme si on sortait d'un chaos. À la toute dernière page, Harari semble dire qu'il a eu lui-même cette impression: «Élargir nos horizons peut se retourner contre nous en semant la confusion et en nous rendant plus passifs qu'avant.» Étrange.

!!! Faut-il  reprocher   à  Harari   , le   foisonnement  de  ses connaissances  ?
  Faut-il   lui  reprocher ,   de  nous laisser le choix de  la conclusion  ?   
 Faut-il  lui  reprocher  la reserve   prophétique  ?  

S. N. Goenka Sur  wikipedia


jeudi 7 septembre 2017

Homo Deus

de

Yuval Noah Harari

https://www.lesechos.fr/15/09/2016/lesechos.fr/0211291967597_le-nouveau-livre-choc-de-l-auteur-de---sapiens--.htm#dVqEhprqYMc1jIzG.01

Catastrophe  ::  il  ne me reste  plus qu'à  changer le  titre  de  mon  roman !!!
En fait  je suis   très fière  d'en  partager  les  mêmes idées  !!
J'attends qu'il  soit   publié en  France  et j'oserai  la comparaison !!

mardi 5 septembre 2017

Lucien Jerphagnon Histoire de la pensée

d' Homère  à   Jeanne  d'Arc





( à rapprocher  de :  Les  présocratiques)

La parrêsia , Michel Foucault : Le Courage de la vérité


Un article à  ne pas perdre sur  Actu Philosophia :

Michel Foucault : Le Courage de la vérité. Le Gouvernement de soi et des autres II


[...]
 S’il est bien une qualité que l’on ne saurait refuser au cynique, c’est la parrêsia : le cynique, c’est celui qui a le « courage de la vérité » envers et contre tout, qui dit la vérité sans ménager la société ou son interlocuteur. Après la parrêsia politique et la parrêsia socratique, la parrêsia cynique constitue une troisième grande forme de courage de la vérité.
4°) Retour du politique, retour au politique
La parrêsia cynique qui se distingue, comme Foucault l’a montré de la parrêsia politique (au sens du dire-vrai de l’orateur face à une assemblée) reconduit pourtant à la fois indirectement et plus directement à la question politique. Le philosophe cynique, en effet, dans la mesure où il s’efforce de s’exercer à la « vraie vie », à une vie réduite au plus essentiel et où il dénonce l’hypocrisie des valeurs reçues, des mensonges et des faux-semblants du monde comme il va, dans la mesure où il critique la servitude volontaire prônée par les tenants de l’ordre établi, le philosophe cynique, donc, fait surgir l’horizon d’un monde radicalement autre dont l’avènement supposerait la transformation du monde tel qu’il est : faire advenir ce monde est une tâche politique, le politique étant à entendre ici comme travail continuel sur soi et exigence insistante face aux autres [11]. Le souci de soi n’est donc pas une recherche de bien-être narcissique ou solitaire mais une pratique sociale qui doit mener à une invitation au bon gouvernement des hommes : il faut se soucier correctement de soi afin de pouvoir se soucier correctement des autres [12]. La parrêsia cynique ne peut exister que sous le regard d’autrui : il faut qu’il y ait des gens qui regardent Diogène se masturber en public, marcher en plein jour avec une lanterne en disant « Je cherche un homme », traîner un hareng le long d’une canne à pêche et faire ses divers happenings pour que la philosophie cynique fonctionne. En se constituant comme individus scandaleux et agressifs, les cyniques mettent ainsi tous ceux qui les regardent face à leurs propres contradictions : l’ascèse de soi (et c’est là l’une des originalités du cynisme par rapport aux autres écoles philosophiques de l’Antiquité) ne vaut que si elle est adressée sur la place publique dans une provocation aux autres. Elle est donc, en ce sens intrinsèquement politique (mais pas au sens de la parrêsia politique étudiée lors du cours de 1982-1983).
[...]

mercredi 23 août 2017

Edgar Morin : mes philosophes





Edgar Morin  évoque les figures  qui  ont  éclairé et nourri  sa vie et  sa pensée...

Héraclite
Montaigne
Pascal
Spinoza
Rousseau
Hegel
Marx
Freud
Jung
Heidegger
Piaget
Jsus
Bouddha
Dostoievski
Proust
Illich
Beethoven
Les  penseurs de la  science et les scientifiques  penseurs.

lundi 31 juillet 2017

Regis Debray Allons aux faits


2016

Croyances  historiques  , réalités  religieuses
Avant   ou  après  Madame H ?
 Les   differentes  manières  de faire  l'histoire  ..

Le jardin de Winter , récit de "fins du monde"




Critique sur Phebus  : Le jardin de Winter
Auteure :  Valérie  Fritsch née en  1989 ,  Autriche.
Un excellent  roman qui m'a  marquée  profondément  par  son  originalité narrative pour traiter d'un  thème banal aujourd'hui ,  "la fin  du  monde" , par son  atmosphère poétique,  aux frontières du  fantastique  et de la  métaphore  .
Une catégorie   (un  genre  de  récits  ) que je croise  énormément  ces temps ci en  littérature  et   en  cinéma
Je le rapproche  de
Le mur  invisible   un  film   et une auteur   Allemande  ,
Le  cheval  de   Turin  film   du  hongrois  Bela  Tarr 
Mélancolia  , le fim  de   Lars  von  Trier

Tant de choses  pourraient  être  dites sur  le  sujet  , sur  ces  oeuvres  et sur  le sentiment  général  qui  s'en  dégage  ....
Réflexions  immédiates :

Parce qu'il  est  fréquent  qu'à  la fin de sa vie  un  homme  associe  la sienne  et celle  de   l'humanité  ?
  Non  car  ces récits me  semblent partagés  par toutes les générations aujourd'hui 

Parce que nous   avons  pris conscience  récemment  que   les richesses de la planète  n'étaient  pas  inépuisables  ,  parce que   nous   croyons comprendre  que l'homme  a les  moyens de détruire  la  planète ,au  moins  de  la rendre  invivable  pour l'humanité  ?
S'il  n'en  fait  pas  partie  il préfère la  déclarer   morte comme lui .
Une  conception  qui   exclut le post-humain

Parce qu'incapables de privilégier   un  nouvel  idéal  ,  nous  serions submergés  par  le  pessimisme?
Ceux qui  ne partagent   pas ce pessimisme  se suffisent-ils de la  dimension   prosaïque   qu'ils  donnent   à  leur  vie ?ou tout simplement   ont-ils renoncé  à vouloir  trouver  un  sens  à  la  vie.

Quelles options  inspirent  les  plus  optimistes qui  rejettent  ces mauvais  augures ?
Parce que  convaincus  que  leur  propre  existence   n'est  pas encore   menacée  ils refusent  d'envisager  l'issue   pour   les  ( x?)  générations futures qui les  obligeraient   à  changer   leur  mode  vie  .

Faudrait-il croire  au  réveil  de  la sagesse   et  dans la possibilité  d'un  changement  de cap  efficace  ?
???....

dimanche 2 avril 2017

Les existences moindres , David Lapoujade



En  1938 ,  lorsque  le  philosophe  Étienne  Souriau dresse  l'inventaire des différents  modes d'existence qui  peuplent le  monde,  une classe  d'être   retient  particulièrement  son  attention :  les  êtres  virtuels
Ce sont   toutes les  potentialités qui  accompagnent  les  existences  comme  des dimensions  d'elles-mêmes, ce qu'elles pourraient être  si .... 
Ce ne sont pas de simples possibles, car   les virtuels  existent   à  leur   manière. Le problème  c'est  qu'ils  manquent  de  réalité, comme  s'il  n'y avait   pas de place   pour  eux dans le monde  réel .
Celui   qui  veut les  faire  exister  davantage, leur  donner "plus" de réalité n'est pas seulement un  créateur, c'est un  avocat.  Il  lutte  pour leur  droit  à  exister  davantage, à  occuper  légitimement une  place  dans ce monde réel. toute création  n'est -elle  pas un plaidoyer   en  faveur des nouvelles existences qu'elle  crée ?
N'est-ce pas le problème  de toutes les existences, dès lors  qu'elles sont privées  du  droit  d'exister de telle  ou telle manière?  C'est l'interrogation  qui  parcourt  ce livre, au croisement de l'existence, de l'art  et  du  droit. (4ème de  couv.)

vendredi 20 janvier 2017

Apprendre à philosopher

Une collection que j'apprécie  au  fil  des mois
  60  numéros
Il est  temps de commencer  à archiver  :-)
avec la   phrase  clé  choisie  par la collection pour  illustrer  l’œuvre du  penseur 

Adorno : "La raison  est   un instrument de soumission de  l'homme  aux  besoins de  la société"

Aristote : L'homme heureux  et  la société  juste sont le résultat d'un  équilibre entre les extrêmes.

Averroès :  "L'éducation, fondement d'une société heureuse."

Hannah Arendt :  "   Le totalitarisme est  une  forme  de  domination qui  utilise  la  terreur pour  détruire  l'être   humain"

Francis Bacon  :  Une nouvelle  méthode scientifique  basée  sur  l'observation  et   l'expérience

Walter   Benjamin :  "il  faut  construire  l'histoire  avec  les vaincus"

Bentham :  " Ce qui  est  moral produit la  plus grande  quantité de plaisir et la  plus  petite  quantité de   douleur ."

Bergson : L'intuition  comme   méthode  d'apprentissage.

Berkeley : "La  réalité  physique n'existe  qu'en  tant  qu'elle est   perçue ou  pensée   par   quelqu'un "

Giordano Bruno : Dieu  a  crée  l'univers  infini  dans lequel  l'homme est  libre. 

Comte :  Le positivisme   scientifique permettra la  création  d'une  société fondée sur l'ordre et le  progrès.

Derrida :  La  différence  ,  moteur   d'une  nouvelle   forme  de   pensée.

Descartes :  Le doute  comme  point de départ  de la réflexion.

Diderot :  "La connaissance libère  l'homme et  le  conduit au  bonheur "

Dilthey ; Il  faut  appréhender  l'histoire  par la  subjectivité  de ses  acteurs  (
19 11 1833 -1 10 1911  Allemagne)

Epicure : " L'objectif  suprême  de  la  philosophie   est  le  bonheur"

Erasme : "Une critique  acerbe  de  l'ignorance et  du  fanatisme, sources de   tous les conflits"

Fichte  ???

Foucault : Il  n’existe  d'autre  vérité  que  celle  produite par  le  pouvoir.

Freud : "Tous les actes de  l'homme naissent   dans l'inconscient" 

Bruno Giordano : "Dieu   a créé un univers  infini dans lequel  l'homme  est  libre"

Gadamer :  Les  êtres humains interagissent avec  le  monde au  travers du  langage. 11 février  1900- 13 mars   2002  Allemagne

Habermas : L'échange  d'arguments entre les  membres  d'une  société est   le fondement  de  l'humanité

Hegel : " L'histoire  est   un  processus  menant   à  la liberté."

Heidegger : " L'homme  est  un être  qui  doit  affronter sa finitude"

Héraclite  et  Parménide :  Quelle  est l'origine  de   toute  chose? La  première  tentative  d'une  explication  de  l'univers"

Hobbes : " l'homme est un  loup  pour  l'homme"

Hume : " Notre pensée  est  fondée  sur   l'habitude  et  l'expérience."

Husserl : " Pour connaître  le  monde   il  faut le   mettre entre  parenthèses."

William  James : "La vérité  est  trop  riche   pour   être  saisie  d'un  seul  regard" (1842-1910) U.S.    Pragmatisme.

Kant : " Que  pouvons-nous savoir et  que  devons-nous faire ? De la morale   et  la connaissance"

Kierkegaard : "Nous sommes seuls  face  à  nous  même et face à  Dieu"


Leibniz : "Dieu  cet  être parfait a créé le meilleur  des  mondes "

Lévinas :  Le sujet   doit  assumer  la responsabilité  d'autrui  au point de renoncer  à  soi 

Locke : " L'état  à  le devoir  de  protéger les droits et  libertés  des citoyens"

Maïmonide  : "Qui  se  rapproche   de   Dieu, par  la foi  ou  la raison , se  rapproche de la vérité"

Marx : " La  lutte des classes est  le  moteur  de l'histoire"

Merleau-Ponty:  Le corps est l'instrument  qui permet  de  communiquer  avec  le monde.

Stuart  Mill : " L'individu   est  libre de  faire   ce  qu'il  désire, tant  que   ses actions  ne nuisent pas   à  autrui"

Montaigne  : "Il  n'y  a  pas  de  vérités absolues"

Nietzsche  :   La critique  la  plus radicale des valeurs et de la  morale occidentales  .

Ortega  y  Gasset : "Le triomphe de  la masse  sur  l'individu  est  une menace  pour  la  démocratie"

Pascal  :  Pour accéder  à  la connaissance  il  est  besoin  du  cœur  autant  que  de la raison  .

Peirce : La  pensée  est  destinée   à  formuler  une opinion  finale  qui  sera   la  vérité.
1839-1914 Américain

Platon : Les réponses aux interrogations  les  plus actuelles sur la  connaissance, l'éthique  ou  la  justice.

Plotin : "L'Un est  le principe  de  toute  réalité, ce  depuis quoi tout  part et  vers tout  converge"


Popper : Pour qu'une  théorie  soit  scientifique   il  doit  être  possible  de la  réfuter

Rawls : La  justice  est  la vertu la  plus  importante d'une société  démocratique."

Rousseau :  L'homme est bon  par  nature . C'est  la société qui  le corrompt.

Russell : Seule  la  logique  permet de bien penser

Saint  Augustin : La foi  et la raison  mènent  à  la même vérité : Dieu

Saint Thomas d'Aquin :  L'inaccessible   pour  la raison ne l'est pas  pour la  foi .

Sartre : L'homme radicalement  libre  est  seul  responsable  de  son existence  .

Schelling :  L'homme fait  partie  de  la  nature  et doit  vivre  en   harmonie  avec  elle

Schopenhauer :  La reconnaissance  de l'irrationnel comme  force dominante  de  l'univers

Socrate:  La sagesse  commence avec le  reconnaissance de  notre  ignorance.

Spinoza : L'homme  libre  connait ses passions  et  choisit   celles qui  lui  siéent  le mieux

Voltaire :  De l'importance du  dialogue. Tolérance  et  liberté de  pensée.

Wittgenstein : "Les limites de notre langage sont les  limites de  notre   monde"


mercredi 11 janvier 2017

Goethe Les affinités electives

et l'analyse par  Bernard Joly publiée dans la revue  Methodos
Affinités electives Entre Sciences et littérature par Bernard Joly 

dont extraits:
Résumé  :  Par leur titre même, Les affinités électives de Goethe renvoient à la doctrine chimique des rapports entre différents corps qui, à partir des travaux d’Etienne-François Geoffroy en 1718, s’impose comme théorie dominante dans la chimie du XVIIIe siècle. Goethe ne se contente pas d’une simple analogie entre les attirances amoureuses qui font et défont les couples et les opérations chimiques qui règlent les liaisons et les précipitations des substances chimiques. Son excellente connaissance de la tradition chimique et alchimique le conduit à considérer l’affinité comme une loi de la nature produisant aussi bien ses effets en chimie que chez les êtres vivants et dans le psychisme.
 [...]
 2    Pour rendre compte de la force qui détruit le couple de Charlotte et d’Edouard et qui lie les deux nouveaux couples qui se forment, Goethe a invoqué, comme le titre l’indique, la puissance naturelle des affinités électives, notion empruntée à la chimie de son temps, et dont il fait faire, par le Capitaine, un brillant exposé de vulgarisation scientifique dans le chapitre quatre de la première partie, avant même qu’Odile soit apparue. Le passage est étonnant, audacieux même du point de vue de la structure du roman, puisque Goethe n’hésite pas à sortir ses personnages de la trame même du récit qui leur donne existence, pour leur faire tenir un discours qui, à ce point d’avancée de l’intrigue, ne peut pas encore constituer une tentative d’interprétation de leur propre histoire, et qui se trouve donc, en quelque sorte, en surplomb par rapport au texte même du roman, dont les personnages se seraient un instant échappés pour pouvoir exposer les ressorts, non pas de leur existence subjective telle qu’elle se déploie dans le corps du récit, mais des procédés même que l’auteur, ou du moins le narrateur, utilise pour structurer son œuvre et construire la psychologie de ses personnages. Il n’est finalement pas si fréquent que dans un roman les personnages évoquent les procédés littéraires qu’utilise l’auteur pour les faire exister.
  [...]
 Dans un essai d’une centaine de pages écrit en 1922 et publié en 1925 sous le titre « Les affinités électives de Goethe »2, Walter Benjamin s’attache à rechercher la « teneur de vérité » de ce roman, qu’il distingue de la « teneur chosale » qui intéresse le commentateur (p. 36) ; cette teneur chosale est mythique : le contenu du livre « apparaît comme un jeu d’ombres mythologiques déguisées en personnages contemporains » (p. 45). Benjamin commence par rapporter les réactions d’incompréhension et de rejet que suscita l’ouvrage dès sa parution en 18093. Goethe lui-même se souvient, dans une lettre de 1827, que face à son roman, le public « s’est agité comme au contact d’une tunique de Nessus ».Plus encore qu’immoral, l’ouvrage semblait dérangeant, Goethe entretenant d’ailleurs le malaise en parlant à ses correspondants de l’« abondante substance » qu’il avait cachée dans le roman et de son « évident mystère »5. Ainsi, juge Benjamin, Goethe parle de son œuvre en des termes « justement destinés à interdire l’accès à la critique. A la technique du roman, à ses thèmes véritables, il entendait conserver leur mystère » (p. 51), et cela parce que « toute signification mythique réclame le secret » (p. 52). Cette substance secrète, Goethe l’aurait révélée dans son autobiographie, dans laquelle il évoque la présence dans la nature d’une essence démonique, « quelque chose qui ne se manifestait qu’à travers des contradictions », ni divine ni humaine, ni angélique ni diabolique, hasard aussi bien que providence. « De cette terrible essence, ajoute Goethe, je tentais de me sauver »
 5Mais attention, poursuit Benjamin, il ne s’agit pas de céder au « proton pseudos » de la méthode critique, cette erreur initiale qui affirme qu’un texte n’est compréhensible qu’à partir de la vie de son auteur (p. 65) : « la vie d’un homme, même lorsqu’il produit des œuvres, n’est jamais celle d’un créateur » (p. 72). « L’essentiel, selon Benjamin, est plutôt la lutte du poète pour échapper au cercle où la mythologie prétendait l’enfermer. En même temps que l’essence même de cet univers, les Affinités nous présentent l’image de ce combat. » (p. 77).
  [...]
 11  Qu’il s’agisse bien plus que d’une comparaison, que l’ouvrage présente l’évolution des relations amoureuses des personnages selon les règles d’un déterminisme psychologique qui rend vains les engagements et les promesses du mariage, et qui ne trouve son explication que dans le cadre d’un système général d’attractions et de répulsions entre les êtres, dont le cas de la chimie présenterait l’une des applications jusqu’ici les mieux étudiées, c’est ce que Goethe semble avoir voulu lui-même indiquer au public, lorsqu’il rédigea l’annonce du roman qui parut dans le Morgenblatt du 4 septembre 1809 :  [...]
 12  Ce texte ne manque certes pas d’ambiguïté, puisque Goethe signale l’origine anthropomorphique du concept d’affinité, mais en même temps il justifie la pertinence du rapprochement, qui ne peut donc pas se réduire à une métaphore (Gleichnisrede), en invoquant l’unité de la nature dont les lois font sentir leur nécessité jusqu’au cœur des libres décisions rationnelles. Ainsi, si les lois de la physique et de la chimie sont aussi celles des relations entre les êtres humains, et donc de la morale et de la politique, ce n’est pas que les secondes se réduisent aux premières, mais plutôt que les unes et les autres sont l’expression de lois de la nature plus fondamentales. Le rapport entre chimie et psychologie n’est donc pas simplement métaphorique.
   [...]
 28  C’est précisément l’échec de ces tentatives de mathématisation des affinités qui conduira les chimistes du début du XIXe siècle, après les vains efforts de Berthollet et de Laplace, à abandonner la théorie des affinités au profit de recherches sur les forces chimiques et électriques dans lesquelles les tableaux d’affinités ne jouent plus aucun rôle. De ce point de vue, on pourrait dire que c’est au moment où la théorie des affinités électives disparaît de la chimie que Goethe lui offre une nouvelle fortune dans l’univers romanesque.
 [...]

33  Ainsi, la seule chose qui distingue les êtres humains des molécules d’acide ou de métal, c’est que la conscience qu’ils ont de leur situation leur donne l’illusion qu’ils pourraient s’opposer aux lois de l’affinité, alors que leur bonheur ne peut être que dans l’adhésion aux forces naturelles qui les entraînent contre toute raison et contre toute loi humaine. C’est Edouard désormais qui s’exclame :
« Quelle folie de rejeter délibérément et précipitamment ce qui nous est le plus indispensable, le plus nécessaire, que peut-être nous pourrions encore conserver, même si nous sommes menacés de le perdre ! Et pourquoi cela ? N’est-ce pas uniquement pour que l’homme semble avoir la possibilité de vouloir et de choisir ? C’est ainsi que souvent, dominé par cette sotte prétention, je me suis arraché à des amis des heures et des jours trop tôt, simplement pour n’y être pas contraint par l’inexorable terme final. mais cette fois je veux rester . Pourquoi m’éloigner ? »
  [...]
 44  Bien évidemment, les références de Goethe ne sont plus alors les traités sur les affinités, mais toute la littérature alchimique de la fin de la Renaissance et du XVIIe siècle, qui évoque en effet constamment des destructions et des résurrections, qui compare l’antimoine à un loup dévorant parce qu’il purifie l’or, qui multiplie les métaphores sexuelles, ou qui, à la suite de Paracelse, prête aux substances chimiques corps, âme et esprit, ou encore qui, comme Van Helmont, discerne en toute chose un « Archeus faber », principe directeur qui possède la connaissance lui permettant de conduire les corps vers leur destinée, dans une vaste correspondance et analogie des corps inférieurs avec les êtres supérieurs, le microcosme et la macrocosme, le monde d’en bas et celui d’en haut.

 45   Il n’est donc pas étonnant que Goethe, pénétré de ces références à la littérature alchimique, insiste sur le caractère général des attirances du semblable par le semblable : « Quand nous examinons dans la nature ce qui s’offre à nous, nous remarquons d’abord que tout est attiré par soi-même » (p. 72), affirme le Capitaine au début de son exposé, tandis qu’Edouard poursuit en donnant des exemples : « Représente-toi l’eau, l’huile, le mercure, tu découvriras une union, une cohésion de leurs éléments. A cette union, ils ne renoncent que contraints ou orientés différemment. Cette influence extérieure éliminée, aussitôt ils reconstituent l’ensemble » (pp. 72-73). Ce premier stade dans l’exposition de la doctrine de l’affinité, où il est question de l’attirance du semblable par le semblable, est totalement absente du traité de Bergman, qui commence au contraire en situant l’affinité chimique dans le cadre plus général de l’attraction newtonienne, dont la loi est immédiatement rappelée. Certes, on pourrait croire, poursuit Bergman, que les lois de l’attraction éloignée différent de celles de l’attraction prochaine ou chimique, mais cela tient simplement au fait que, lorsque les corps sont très proches l’un de l’autre, la figure et la situation des parties joue un rôle aussi important que celles du tout. Il y a donc des quantités que l’on peut négliger dans l’attraction éloignée où la question du contact n’intervient pas. Il ne sera pas question de tout cela dans le roman de Goethe.
   [...]


59Goethe a donc exploité un fonds bien plus large que celui des traités portant sur les affinités chimiques, qui est celui de la chimie tout entière, allant jusqu’à retrouver dans la chimie de son temps des doctrines qui fleurissaient dans les textes alchimiques de la Renaissance.
60On pourrait alors soutenir que l’apparente facilité avec laquelle la doctrine chimique trouve à s’appliquer aux relations humaines s’explique par le caractère anthropomorphique de l’explication traditionnelle des opérations de la chimie. Alors, plus que d’une transposition de la chimie dans le roman, ou d’un traitement romanesque de la chimie, c’est du romanesque de la chimie elle même dont il faudrait finalement parler. Mais cela, dira-t-on, ne vaut que pour une science ancienne, périmée comme aurait dit Bachelard. Sans doute, et la chimie traditionnelle serait romanesque au même titre que l’était la physique cartésienne : non pas tant par le recours à des métaphores que par la nécessité de construire des hypothèses. Mais n’en est-il pas ainsi de toute science ? Et, quelles que soient ses références à des théories chronologiquement éloignées, n’est-ce pas à la chimie de son temps que Goethe entend apporter sa contribution ? N’est-ce pas aux ressorts profonds des relations individuelles telles qu’elles existent actuellement qu’il souhaite appliquer le bénéfice des découvertes de la chimie ? Dans ces conditions, si la science est si souvent présente dans la littérature, n’est-ce pas d’abord parce que le discours scientifique contient toujours en lui-même quelque chose du roman ?