jeudi 29 octobre 2015

Debray ,l'éloge des frontières



Ne nous  y trompons  pas , ce  livre  est  tout  sauf  xénophobe.
Ici  Régis Debray  plaide  contre   l'uniformité  , la pensée  unique , en faveur   du  pluriel  qui  enrichit l'humanité, la tolérance  sans  abdication  de  son  identité  .

En épigraphe ,  R.D. Cite  Feuerbach "Le dieu  Terme se  dresse en  gardien à l'entrée du  monde. Autolimitation : telle est la  condition d'entrée. Rien  ne se réalise sans  se  réaliser  comme un être déterminé. L'espèce dans  sa plénitude s'incarnant  dans  une   individualité  unique serait un  miracle  absolu, une suppression arbitraire de toutes  les lois et  de  tous les  principes de la réalité. Ce serait  en  fait  la fin du  monde." (Contribution  à la critique  de la  philosophie  de  Hegel, 1839). 


Ouvrage  de 95 pages
I A  contre-voie
II Au début  était  la peau
III Nids et  niches, le retour
IV Clôtures et   portails, la  montée
V La loi de  séparation

à l'occasion  d'une  conférence  donnée  à  la  Maison  franco-japonaise  de   Tokyo le 23 mars  2010

Une idée bête   enchante l' Occident : l'humanité , qui  va mal ,  ira mieux sans frontières .
.. Aussi tout ce qui  a  pignon  sur rue dans notre petit cap  de l'Asie -reporters,médecins, footballeurs,  banquiers, clowns, coaches, avocats  d’affaires et vétérinaires -  arbore-il l'étiquette "sans  frontières"...
Douaniers sans frontières c'est pour  demain....
Le globish  pour  effacer les frontières  linguistiques  
...Renoncer à  soi-même   est   un effort  assez   vain  : pour se  surpasser , mieux vaut  commencer  par  s'assumer....
..(Monnaie  sans frontières  ,  l'Euro  avec  symbole du  pont    sur   les billets )
La réalité  est  à  l'opposé
L'Economie se  globalise le  politique se  provincialise

 La frontière et le sacré
Ce qu'il y a de plus profond chez  l'homme   , c'est la peau disait  Valéry
C'est en  se dotant  d'une couche isolante, dont le  role   n'est pas d'interdire, mais de réguler l'échange entre  un dedans et un dehors, qu'un  être vivant peut se former et  croître.
Une personne  morale  a un  périmètre  ou  n'est pas   -ainsi de  la communauté internationale
...n'allons  pas croire qu'une  connexion  vaut  connivence.  A tout  apparentement civique ou  spirituel, il faut un  appareillage technique, mais  il  y  a  loin  du "connectif"  au collectif .Un  bidule  utile  utile  traverse la  planète en  un clin d'oeil, mais  se déclasse  aussi  en  un   clin d'oeil0. Le trait culturel, lui, ne fait pas de  bruit, mais  il  traverse le  temps.
On n'a  jamais tant   parlé de  bio  diversité que depuis  le  triomphe  de  l'uniformité
Quand  on  ne sait plus qui  on est ,  on est mal  avec tout le  monde et d'abord  avec soi-même.
A quoi sert  la frontière  en définitive ?   A faire  corps
Axiome  d'incomplétude :Aucun  ensemble  ne peut se  clore à l'aide   des seuls éléments de  cet  ensemble (il faut   un  unificateur ,  un  ciment ,un point d'ancrage ,un phare .. un clocher  ou  un beffroi)
Un  peuple, c'est une  population, plus des contours et  des conteurs
Misère mythologique  de  l'éphémère Union européenne
Conflits d’intérêts et liaisons dangereuses   résultent  d'une   confusion des  sphères  (plus de limites)
Le principe  de  laïcité  portait  un  nom :  la Séparation
ça cafouille à présent ,l'informel
La frontière a  mauvaise presse,  elle  défend  les contre-pouvoirs
Qu'est-ce que le  sans-frontièrisme ?
-Un économisme, il déguise  une multinationale en une fraternité
- un technicisme : Cette  hubris robotique qui  veut  donner pour une  metaculture mondiale, numérique  et  fibre  optique aidant, finira par confondre le  posthumain avec  le  feu follet
- Un absolutisme
- Un imperialisme
...... 

dimanche 11 octobre 2015

Madame H , Régis Debray


Commenté sur mon blog  "La fin  d'un  Monde"
 le 9.10.2015

Demain les dieux .... Transhumanisme 3


Comment  appeler   l'homme de  demain  ?  Robots,  homme  bionique,  ou  dieu ?
Se pourrait il  que  celui-là  cherche dans   x centaines d'années   ,  le chainon  manquant  entre  ce qu'il  sera devenu  et ce  que  nous sommes  .

Derrière ceci  plusieurs idées
- l'idée de  transhumanisme qui  progresse dans les esprits   au point que dans  un  dernier article   du journal  le  monde  d'aujourd'hui  j'ai   lu  très sérieusement  une  proposition  de   scinder la société actuelle  en  deux catégories : les transhumanistes de  gauche  et les  transhumanismes de  droite  qui  se  substitueraient   à  nos  clivages  socio-politiques  , les  nouvelles  classes   si j'ai  bien  perçu.


- La fracture   de nos intellectuels  entre   ceux qui   parlent  de  déclin  ,  de décadence   avec  une variable   significative  selon que  la dégringolade  annoncée  est celle 'une  culture  ,  d'une  civilisation  ,  ou  de  l'humanité  dans son ensemble  ou encore celle  de  la vieillesse  individuelle et  ceux qui  promettent   l'épanouissement  général dans la  société  de  consommation faisant  la promotion d'une société  future , fraternelle ,égalitaire (!) consensuelle, sans frontières ,à  condition que  soit  privilégiée progrès, expansion  économique , la liberté  d'entreprendre tous azimuts, en  oubliant  ou  en  feignant  d'ignorer que  ces paramètres contradictoires  ne  s'accordent  jamais et   sont   à  la base des  plus vieilles  utopies, qui  n'ont jamais vu le  jour ou se  sont   rapidement  effondrées .

Je viens de  lire  Madame  H. de  Régis Debray  .
H c'est   l'Histoire 
et le propos  voudrait  (il me semble), mettre en évidence  l'Histoire devenue  impossible  car   l'histoire  a  besoin  de Héros  ,  de  phares,  de  grands  hommes   , surement  à son sens d’idéaux  ,  et  que notre époque  n'en  a  plus , mais seulement  de  petits hommes  ,  dont  les  rêves  rasent le   sol  ,   et  se sont   soumis par opportunisme   qui  s'est  transformé  en   nature   ,  à  la bourse , aux  marchés,  à  l'intérêt ,  à la  pub,  au rentable , au jetable   .....
Ce déclin   R.Debray  nous le  faire  lire  au travers de  sa propre biographie . C'est sa vie qu'il  nous raconte  ,  avec ses espoirs   et  ses désillusions. , le partage  dans l'ombre des existences    de ces géants qu'il  a  côtoyés  Sartre,  De Gaulle,  Malraux,  Mitterrand,  aussi Gary etc...
Ce  déclin  semble   bien  être  son propre  déclin  , et peut être   ce retrait  qu'il  a choisi  par  rapport  au  monde  ?
Et  pourquoi    parle-t-il  si   peu  de ses  grandes  heures de   gloire   dans l'épisode   Che   Guevara  ?
Pourquoi  minimiser  ce  qui aurait   pu  lui conserver  son  auréole ?
Son dieu  argentin   est  mort   tout comme  le dieu  de   sa culture  , alors  il  semble  dire  :  voilà  pour preuve   , tout   fout  le camp  et  c'est  ainsi  , je   partirai  aussi  bientôt  et  serai aussi  vite  oublié  .
"Que le  diable t'emporte   , vieille   Europe"  semble résonner  à la fin de  son  livre  comme l' adieu désabusé   du  Crabe-tambour.

Parce  qu'il  a choisi pour illustrer  ce  déclin,  la sphère la plus   la plus  prosaïque  de son  existence , celle des antichambres,  ses  arguments ne  sont  pas assez  convaincants  Pardonnez-moi  ,  Monsieur   Régis  Debray  qui  fûtes  un  de   mes  phares  dans un" itinéraire  du divin"(1) et  l'approche  du  sacré (2) .J'attendais de  vous  des arguments plus forts pour   définir   cette  décadence  dont  nous sommes  tous  convaincus  de  sa réalité  mais sans certitudes pour en expliquer les  moteurs,  ni en  préciser la sphère .

Le changement   version  Michel  Onfray  est   beaucoup  plus  vitaliste   , plus  bruyant   mais aussi  plus  lumineux  Il est  vrai   que  Michel  Onfray  est   plus  jeune  (nous sommes  de  la  même   génération   Mr  Debray).Michel   Onfray  n'a pas votre  réserve,  Michel  Onfray  se  bat   "à  coup de  marteau"
Lui  semble  avoir  adopté  le  changement  et  me  parait   prêt  au  transhumanisme . Et  cependant  les  médias  , les  mettent  dans le  même   panier  des défaitistes-empêcheurs de  tourner  en  rond, oiseaux de mauvaises  augures ,"nouveaux- réacs déclinistes, pessimistes  " accrochés  à la vieille  identité nationale   et   à  ses  valeurs obsolètes  .
Je pense  que la plupart  de ses détracteurs ne  l'ont pas seulement  lu . Il  ne  fait  pas  partie   du  sérail   il  n'est pas  élitiste  , il  a déboulonné  l'idole qui  nous donnait sur le divan,  l'absolution hors confessionnal , autant  de raisons  suffisantes à justifier  la  cabale  dont il est  victime  .
Onfray  donc  voit plus un  changement  qu'un  déclin mais  lui aussi    la fin  de  l'Europe,d'une  europe, qui  pourrait , devrait  être le  commencement  d'autre  chose.
Comment, pourquoi ,  défendre  les valeurs  d'une  culture  dont il  dénonce les égarements  où  l'ont conduit sa religiosité   ?
Ce serait  négliger  sa défense  farouche  de  l'athéisme avec sa recherche  d'une  morale   laïque  , le pivot  de sa  philosophie,  son étendard .
S'il  nous fallait  un  héros  ,  un  Don Quichotte   nous  l'avons  trouvé  .

Mais  je n'ai  pas le   courage  de  la radicalité  de .M.Onfray. Je ne peux  pas  rayer  d'un  trait  de  plume   plus de  2000 ans de  culture  judéo-chrétienne  ; j'ai  besoin  de   tout  ce  que  nous avons  glané  au cours de   ce  fameux itinéraire  qui  mena  à  la   mort  de   Dieu, besoin  de mémoire,  besoin  de  cathédrales , besoin de  musique  sacrée  Bien que  je partage  votre   nostalgie  Mr  Debray ,  pour nos générations futures  il  faut   emboiter le  pas  de  notre  nouveau  croisé afin  de leur donner la  puissance  d'exister,(3) qu'elles  croient  encore et s'investissent pour l'espérance en de  beaux  lendemains qui seront  les leurs et  que nous ne  verront  pas .

( 1 Dieu  un intinéraire)
(2 Le feu  sacré) 
(3) De Michel  Onfray  



http://www.franceculture.fr/emission-repliques-l-adieu-a-l-histoire-2015-11-21