1ère partie , histoire du traitement de la mélancolie (la mélancolie à travers les âges)
Antiquité , Aristote, Hippocrate , Démocrite , Sénèque, Celse
Moyen Age :Paracelse
renaissance (l'âge d'or de la mélancolie)
lumières
époque moderne
contemporaine
définitions successives de la maladie , confusions de plusieurs états , progressions des decouvertes , traitement , recettes ......)
Longue persistance de l'humeur noire comme cause de la maladie
2ème partie : Anatomie de la mélancolie
Hippocrate : Lettre à Damagète
(http://fr.wikipedia.org/wiki/Lettres_d%27Hippocrate
__________________________
A propos des lettres du "pseudio Hippocrate
Site de philippe Remacle
http://remacle.org/
http://remacle.org/bloodwolf/erudits/Hippocrate/lettres1.htm
LETTRES.
DÉCRET. DISCOURS A L'AUTEL. DISCOURS D'AMBASSADE,
ARGUMENT.
J'ai traité de ces pièces dans le t. Ier,
pages 426-434 ; j'en ai traité de nouveau dans le t. vii, pages V-L; je
viens de les examiner dans le plus grand détail, notant les variantes,
corrigeant le texte et traduisant. Ces trois opérations successives,
exécutées à de longs intervalles, ont donné lé même résultat, à savoir: que
ces pièces ne méritent aucune confiance, qu'elles sont apocryphes, et
l'œuvre de faiseurs de pièces fausses.Cela posé, ces pièces offrent des différences qui méritent d'être notées. Les lettres entre Démocrite et Hippocrate, sauf la dernière (n° 23) où, en raison du style, on peut croire que l'auteur a copié ou imité des passages de quelque livre de Démocrite, sont dénuées de toute espèce d'intérêt. Il en est de même de la lettre d'Hippocrate à son fils et de celle au roi Démétrius. Le tout, au reste, se divise en trois groupes : 1° Le discours à l'autel et le discours d'ambassade, qui se rapportent à une querelle d'Athènes avec l'île de Cos, et présentent Hippocrate comme refusant les présents des rois de l'Illyrie et de la Péonie, et sauvant Athènes des ravages d'une peste qui ne paraît pas être la grande peste; 2° les lettres du grand roi, de ses lieutenants, des habitants de Cos et le décret du peuple d'Athènes, qui présentent Hippocrate comme refusant les présents du roi de 309 Perse et ayant déjà sauvé la Grèce d'une peste qui, cette fois sans doute, est la grande peste; 3° les lettres relatives à la prétendue folie de Démocrite.
Tout porte à croire que les pièces de la première et de la deuxième catégorie sont fort anciennes; elles témoignent donc que, de très-bonne heure, le nom d'Hippocrate fut assez illustre pour provoquer la création d'espèces de légendes, mais elle ne prouvent rien de plus ; on ne peut, de ces trois récits, tirer aucune conclusion qui y fasse découvrir la moindre parcelle de vérité; ils ne renferment aucun noyau de réalité; ou, s'ils en renferment, la critique n'a pas de moyen pour le dégager. Dans les livres hippocratiques, Hippocrate ou ses disciples ne pratiquent pas à Athènes; ils ne disent pas un mot de la grande peste; les seuls personnages considérables dont ils parlent, sont des seigneurs de laThessalie, et le grand roi n'est pas nommé ; les seuls philosophes qui soient cités sont Empédocle et Mélissus; Démocrite ne l'est nulle part; Thucydide nous apprend que rien ne put diminuer la violence du fléau qui désola Athènes; voilà l'histoire. Nos pièces disent qu'Hippocrate sauva du fléau Athènes et la Grèce; voilà la légende.
17. Hippocrate à Damagète, salut.
Il en est, Damagète, comme nous
l'avions pensé : Démocrite ne délirait pas ; mais il méprisait tout,
et il nous instruisait et, par nous, tous les hommes. Je t'ai
renvoyé, ami, le vaisseau qui est vraiment celui d'Esculape; au
signe du soleil qu'il porte déjà, ajoutes-y la santé ; car il a eu
en effet une navigation fortunée et est arrivé à Abdère le jour même
que je leur avais dit que j'arriverais. Aussi les trouvai-je
rassemblés devant les portes et m'attendant comme de raison ; non
seulement les hommes, mais aussi les femmes, les vieillards, les
enfants, les petits enfants, tous, je te le jure, dans la tristesse
; cette tristesse leur venait de ce qu'ils croyaient Démocrite fou ;
et lui, pendant ce temps, était tout entier livré à une philosophie
transcendante. En me voyant, ils parurent revenir un peu à eux, et
eurent bon espoir. Philopémen me pressait de me rendre à sa demeure
hospitalière, et c'était aussi l'avis des autres. Mais moi : je
n'ai, dis-je, ô Abdéritains, rien de plus pressé que de voir
Démocrite. Ils approuvèrent mon dire, et, joyeux, ils me
conduisirent aussitôt à travers le marché, les uns derrière, les
autres devant, d'autres sur les côtés, et me criant de sauver, de
secourir, de traiter. Et moi je leur donnais bon courage, assuré
d'après la saison étésienne que sans doute il n'y a aucun mal, ou
que, s'il y en a, il est petit et facile à réparer. Tout en parlant
ainsi, 341 je cheminais
; la maison n'était pas loin, et la ville tout entière n'est pas
grande. Nous voilà donc arrivés, la maison se trouvant proche du
rempart ; ils me conduisent sans bruit à une colline élevée qui
était derrière la tour et qu'ombrageaient des peupliers hauts et
touffus. De là on apercevait le logis de Démocrite, et Démocrite
lui-même assis sous un platane épais et très-bas vêtu d'une tunique
grossière, seul, le corps négligé, sur un siégé de pierre, le teint
très-jaune, amaigri, la barbe longue. Près de lui, à droite, un
filet d'eau, courant sur la pente de la colline, murmurait
doucement. Sur cette colline était un temple consacré, autant que je
conjecturai, aux nymphes et tapissé de vignes nées spontanément.
Démocrite tenait avec tout le soin possible un livre sur ses genoux
; quelques autres étaient jetés à sa droite et à sa gauche ; et de
nombreux animaux entièrement ouverts étaient entassés. Lui, tantôt,
se penchant, écrivait d'une teneur, tantôt il cessait, arrêté
longtemps et méditant en lui-même. Puis, peu après, cela fait, il se
levait, se promenait, examinait les entrailles des animaux, les
déposait, revenait et se rasseyait. Cependant les Abdéritains, qui
m'entouraient, affligés et bien près d'avoir les larmes aux yeux :
Tu vois, me disent-ils, la vie de Démocrite, ô Hippocrate, et comme
il est fou, ne sachant ni ce qu'il veut, ni ce qu'il fait. Et l'un
d'entre eux, voulant démontrer encore plus sa folie, poussa un
gémissement aigu semblable à celui d'une femme pleurant la mort de
son enfant; puis un autre se lamenta imitant à son tour un voyageur
qui avait perdu ce 353
qu'il portait. Démocrite, qui les entendit, sourit pour l'un, éclata
de rire pour l'autre, et cessa d'écrire, secouant fréquemment la
tête. Et moi : Vous, dis-je, ô Abdéritains, restez ici ; je veux
m'approcher davantage de la parole et de la personne de notre homme,
je le verrai, je l'entendrai, et je saurai, la vérité du cas. Ayant
ainsi parlé, je descendis doucement. Le. lieu était roide et en
pente ; aussi le pied me manquait et je n'arrivai qu'avec peine.
M'étant avancé, j'allais l'aborder, mais je le trouvai écrivant
d'enthousiasme et avec entraîne-men . Je m'arrêtai donc Sur place,
attendant que vînt l'intervalle de repos. Et de fait, lui, ayant peu
après cessé de tenir le stylet, m'aperçut qui m'avançais et me dit :
Salut, étranger. Et à toi aussi mille saluts, répondis-je,
Démocrite, le plus sage des hommes. Lui, honteux, je pense, de ne
m'avoir pas appelé par mon nom : Et toi, dit-il, comment te
nommes-tu? C'est l'ignorance de ton nom qui a été cause que je t'ai
appelé étranger. Mon nom, repartis-je, est Hippocrate le médecin. Il
répondit : La noblesse des Asclépiades et la grande gloire de ton
habileté dans la médecine sont venues jusqu'à moi. Mais quelle
affaire, ami, t'a conduit ici? Avant tout, assieds-toi; tu vois ce
siège de feuilles encore vertes et molle», il n'est pas désagréable
; les sièges de l'opulence qui attirent l'envie ne le valent pas. Je
m'assis, et il continua : Est-ce pour une affaire privée ou publique
que tu es venu ici? Parle, et je t'aiderai autant qu'il sera en mon
pouvoir. Et moi : A dire vrai, repris-je, c'est pour toi que je
viens, désireux d'avoir une entrevue avec
355 un homme sage; et
l'occasion a été fournie parla patrie, dont j'accomplis une
ambassade. Alors, dit-il, use avant tout chez moi de l'hospitalité.
Voulant tâter mon homme de tout côté, bien que déjà je visse
clairement qu'il ne délirait pas, je répondis : Tu connais
Philopémen, qui est un de vos concitoyens ? Très-bien, reprit-il, tu
parles du fils de Damon, qui demeure près de la fontaine Hermaïde.
De celui-là même, dis-je ; je suis, du chef de nos pères, son hôte
particulier; mais toi, Démocrite, donne-moi une hospitalité qui vaut
mieux, et d'abord, dis-moi, qu'est-ce que tu écris là ? Il s'arrêta
un moment, puis il dit : J'écris sur la folie. Et moi m'écriant : Ο
roi Jupiter, quel à-propos et quelle réplique à la ville ! De quelle
ville, Hippocrate, parles-tu ? me dit-il. Ne fais pas attention,
repris-je, ô Démocrite, je ne sais comment cela m'a échappé; mais
qu'écris-tu sur la folie? Qu'écrirais-je autre chose, répondit-il,
que sur sa nature, sur ses causes et sur les moyens de la soulager?
Les animaux que tu vois ici ouverte, je les ouvre, non pas que je
haïsse les œuvres de la divinité, mais parce que je cherche la
nature et le siège de la bile ; car, tu le sais, elle est,
d'ordinaire, quand elle surabonde, la cause de la folie ; sans doute
357 elle existe chez
tous naturellement, mais elle est plus ou moins abondante en chacun;
quand elle est en excès, les maladies surviennent, et c'est une
substance tantôt bonne, tantôt mau¬vaise. Et moi : Par Jupiter,
m'écriai-je, ô Démocrite, tu parles avec sagesse et vérité ; et je
t'estime heureux de jouir d'une si profonde tranquillité, tandis
qu'à moi cela n'est pas permis. Il me demanda : Et pourquoi cela ne
t'est-il pas permis, Hippocrate ? Parce que, dis-je, les champs, la
maison, les enfants, les emprunts, les maladies, les morts, les
serviteurs, les mariages, et tout le reste, en ôtent l'occasion. Là,
notre homme, retombant dans son affection habituelle, se mit à
beaucoup rire et à se moquer, puis garda le silence. Et moi je
repris : Pourquoi ris-tu, Démocrite? Est-ce des biens ou des maux
dont j'ai parlé ? Mais Lui rit encore plus fort ; et, des
Abdéritains qui à l'écart regardaient, les uns se frappèrent la tête
ou le front, les autres s'arrachèrent les cheveux ; car, comme ils
le déclarèrent ensuite, son rire avait été plus bruyant que
d'ordinaire. Moi je repris : Ο Démocrite, le meilleur des sages, je
désire apprendre la cause de ce qui t'émeut, et pourquoi j'ai paru
risible, moi ou ce que j'ai dit, afin que, mieux informé, je cesse
d'y donner lieu, ou que toi, réfuté, renonces à tes rires
inopportuns. Et lui : Par Hercule, si tu peux me réfuter, tu feras
une cure comme tu n'en as jamais fait, Hippocrate. Et comment, cher
ami, ne serais-tu pas réfuté? Ou penses-tu n'être pas extravagant en
riant de la mort, de la maladie, du délire, de la folie, de la
mélancolie, du meurtre, et de quelque
359 accident encore pire?
On, inversement, des mariages, des panégyries (sorte de solennité),
des naissances d'enfants, des mystères, des commandements, des
honneurs, ou de tout antre bien? De fait, tu ris de ce qui devrait
faire pleurer, te pleures. de ce qui devrait réjouir; de sorte que
pour toi il n'y a pas de distinction du bien et du mal. Et lui :
C'est très-bien dit, ô Hippocrate; mais tu ne connais pas la cause
de mon rire ; quand tu la connaîtras, je sais que, pour le bien de
ta patrie et pour le tien, tu remporteras, avec mon rire, une
médecine meilleure que ton ambassade, et pourras donner la sagesse
aux autres. En échange, sans doute, tu m'enseigneras, à ton tour,
l'art médical, mettant à son prix tout cet intérêt pour les choses
sans intérêt qui fait consumer la vie à poursuivre ambitieusement ce
qui est sans valeur et à faire ce qui est digne de rire. Là-dessus
je m'écrie : Achève, au nom des Dieux; car il semble que le monde
entier est malade sans le savoir, le monde qui n'a pas où envoyer
une ambassade à la recherche du remède; car qu'y aurait-il en
dehors? Lui reprenant : il est, Hippocrate, bien des infinités de
mondes; et ne va pas, ami, rapetisser la richesse de la nature.
Quant à cela, lui dis-je, ô Démocrite, tu en traiteras en son temps;
car j'appréhende que tu ne te mettes à rire, même en expliquant
l'infinité ; pour le moment, sache que tu dois au monde compte de
ton rire. Et lui, jetant sur moi un regard perçant : Tu penses qu'il
y a de mon rire deux causes, les
361 biens et les maux ; mais, au vrai, je ne ris que d'un
seul objet, l'homme plein de déraison, vide d'œuvres droites, puéril
en tous ses desseins, et souffrant, sans aucune utilité, d'immenses
labeurs, allant, au gré d'insatiables désirs, jusqu'aux limites de
la terre et en ses abîmes infinis, fondant l'argent et l'or, ne
cessant jamais d'en acquérir, et toujours troublé pour en avoir
plus, afin de ne pas déchoir. Et il n'a pas honte de se dire#
heureux, parce qu'il creuse les profondeurs de la terre par les
mains d'hommes enchaînés, dont les uns périssent sous les
éboulements de terrains trop meubles, et les autres, soumis pendant
des années à cette nécessité, demeurent dans le châtiment comme dans
une patrie. On cherche l'argent et l'or, on scrute les traces de
poussière et les raclures, on amasse un sable d'un côté, un autre
sable d'un autre côté, on ouvre les veines de la terre, on brise les
mottes pour s'enrichir, on (ait de la terre notre mère une terre
ennemie, et, elle qui est toujours la même, on l'admire et on la
foule aux pieds. Quel rire en voyant ces amoureux de la terre cachée
et pleine de labeur outrager la terre qui est sous nos yeux ! Les
uns achètent des chiens, les autres des chevaux; circonscrivant une
vaste région, ils la nomment leur, et, voulant être maîtres de
grands domaines, ils ne peuvent l'être d'eux-mêmes ; ils se hâtent
d'épouser des femmes que bientôt après ils répudient; ils aiment,
puis haïssent; ils veulent des enfants, puis, adultes, ils les
chassent. 363 Quelle
est cette diligence vaine et déraisonnable, qui ne diffère en rien
de la folie? Us font la guerre à leurs propres gens et ne veulent
pas le repos; ils dressent des embûches aux rois qui leur en
dressent, ils sont meurtriers; fouillant la terre, ils cherchent de
l'argent ; l'argent trouvé, ils achètent de la terre; la terre
achetée, ils en vendent les fruits ; les fruits vendus, ils refont
de l'argent. Dans quels changements ne sont-ils pas et dans quelle
.méchanceté? Ne possédant pas la richesse, ils la désirent ; la
possédant, ils la cachent, ils la dissipent. Je me ris de leurs
échecs, j'éclate de rire sur leurs infortunes, car ils violent les
lois de la vérité; rivalisant de haine les uns contre les autres,
ils ont querelle avec frères, parents, concitoyens, et cela pour de
telles possessions dont aucun à la mort ne demeure le maître; ils
s'égorgent; pleins d'iniquité, ils n'ont aucun regard pour
l'indigence de leurs amis ou de leur patrie; ils enrichissent les
choses indignes et inanimées ; au prix de tout leur avoir ils
achètent des statues, parce que l'œuvre semble parler, mais ils
haïssent ceux qui parlent vraiment; ce qu'ils recherchent, c'est ce
qui n'est pas à portée : habitant le continent, ils veulent la mer ;
habitant les îles, ils veulent le continent ; ils pervertissent tout
pour leur propre passion. On di-
365 rait à la guerre qu'ils louent le courage, et
pourtant ils sont vaincus journellement par la débauche, par l'amour
de l'argent, par toutes les passions dont leur âme est malade. Ce
sont tous des Thersites de la vie. Pourquoi, Hippocrate, as-tu blâmé
mon rire? On n'en voit pas un se rire de sa propre folie, mais
chacun se rit de celle d'autrui, celui-ci des ivrognes , quand il se
juge sobre, celui-là des amoureux, tout affligé qu'il est d'une pire
maladie; d'autres rient des navigateurs, d'autres des agriculteurs;
car ils ne sont d'accord ni sur les arts ni sur les œuvres. Là je
pris la parole : Voilà, ό Démocrite, de grandes vérités, et il n'y a
point de langage plus propre à montrer la misère des mortels ; mais
agir est imposé par la nécessité, à cause de la gestion des affaires
domestiques, à cause de la construction des navires, à cause de tout
ce qui concerne l'État, opérations auxquelles il faut que l'homme
soit employé ; car la nature ne l'a pas engendré pour ne rien faire.
Avec ces prémisses , l'ambition si générale a mené à faux l'âme
droite de beaucoup, qui s'occupaient de toute chose comme devant
réussir, et qui n'avaient pas la force de prévoir ce qui était
caché. Qui donc, υ Démocrite, en se mariant, a songé à la séparation
ou à la mort? en ayant des enfants, à les perdre? Il n'en est pas
autrement pour l'agriculture, la navigation, la royauté, le
commandement et tout ce qui se trouve dans le
367 siècle ; personne n'a
songé à l'insuccès, mais chacun est animé de bonnes espérances, sans
se souvenir des chances mauvaises. Ton rire n'est-il donc ici pas
hors de propos? Mais Démocrite : Combien, Hippocrate, ton esprit est
lent, et que tu t'éloignes de ma pensée, en ne considérant pas, par
ignorance, les limites du calme et du trouble! Tout ce que tu viens
de dire, ceux qui en disposent avec une sage intelligence se tirent
facilement des difficultés et m'épargnent le rire. Au lieu de cela ,
l'esprit troublé par les choses de la vie, comme si elles étaient
solides, les hommes s'enorgueillissent dans leur intelligence
déraisonnable et ne se laissent pas instruire à la marche
irrégulière des choses, car ce serait un enseignement suffisant que
la mutation de toutes choses, intervenant par de brusques retours et
imaginant toute sorte de roulements soudains. Eux, comme si elle
était ferme et stable, oublient les accidents qui surviennent
incessamment, souhaitent ce qui afflige, recherchent ce qui n'est
pas utile, et se précipitent dans toute sorte de malheurs. Mais
celui qui songerait à faire toutes choses selon ce qu'il peut,
tiendrait sa vie à l'abri des revers, se connaissant soi-même,
comprenant clairement sa propre constitution, n'étendant pas à
l'infini les soins du désir, et contemplant dans le
369 contentement la riche
nature, nourrice de tout. De même que, dans l'embonpoint, l'excès de
santé est un péril manifeste, de même la grandeur des succès est
dangereuse; et on contemple ces illustres personnages dans leurs
mauvaises fortunes. D'autres, mal instruits des histoires anciennes,
ont péri par leur propre mauvaise conduite, ne prévoyant pas les
choses visibles, pas plus que si elles étaient invisibles, bien
qu'ils aient la longue vie comme enseignement de ce qui advient et
de ce qui n'advient pas, d'où il fallait savoir reconnaître
l'avenir. Donc le sujet de mon rire, c'est les hommes insensés, qui
portent la peine de la méchanceté, de la cupidité, de
l'insatiabilité, de la haine^des guet-apens, des perfidies, de
l'envie (c'est vraiment un labeur d'énumérer la multiplicité des
ressources qu'a le mal, et là aussi est une espèce d'infini); les
hommes qui rivalisent d'astuce entre eux, dont l'âme est tortueuse,
et chez qui aller vers le pire est une manière de vertu ; car ils
exercent le mensonge, cultivent la volupté, désobéissant aux lois.
Mon rire condamne leur inconsistance, eux qui n'ont ni yeux ni
oreilles ; or il n'y a que le sens de l'homme qui voie loin par la
justesse de la pensée, et qui présage ce qui est et ce qui sera. Les
hommes se déplaisent à toutes choses et derechef se jettent dans les
mêmes choses; ayant refusé de naviguer, ils naviguent ; ayant
repoussé l'agriculture, ils cultivent; ils chassent leur femme et
371 en prennent une autre
; ils engendrent des enfants et les enterrent; les ayant enterrés,
ils en ont d'autres et les élèvent; ils souhaitent la vieillesse,
et, quand ils y sont, ils gémissent, sans conserver en aucune
condition la constance de l'esprit. Les chefs et les rois estiment
heureux les particuliers ; ceux-ci souhaitent la royauté ; celui qui
régit la cité envie l'artisan comme étant hors de péril ; l'artisan
envie le chef comme puissant en toute chose. Car les hommes
n'aperçoivent pas le droit chemin de la vertu, chemin libre, uni, où
l'on ne choppe pas, et pourtant où nul ne veut s'engager; au lieu de
cela, ils se jettent dans la voie rude et tortueuse, marchant
péniblement, glissant, trébuchant, la plupart même tombant, haletant
comme s'ils étaient poursuivis, disputant, en avant, en arrière. Les
uns, brûlés d'amours illégitimes, se glissent furtivement dans le
lit d'autrui, forts de leur impudence ; les autres sont consumés par
l'amour de l'argent, maladie insatiable. Ailleurs on se dresse
réciproquement des embûches; celui que l'ambition élève jusqu'aux
nues est précipité par le poids de sa méchanceté dans le fond de la
ruine. On abat et l'on réédifie ; on fait des grâce3 et l'on s'en
repent; on ravit ce qui est dû à l'amitié, on pousse les mauvais
procédés jusqu'à la haine, on fait la guerre aux liens de la
parenté, et de tout cela la cause est dans l'amour de l'argent. En
quoi diffèrent-ils d'enfants qui se jouent, et pour
373 qui, la pensée étant
sans jugement, tout ce que le hasard amène est divertissant ? Dans
les passions, qu'ont-ils laissé aux bêtes irraisonnables, sauf que
les bêtes se tiennent à ce qui les satisfait? En effet, quel lion a
enfoui de l'or en terre? quel taureau a mis ses cornes au service de
son ambition? quelle panthère s'est montrée insatiable? Le sanglier
boit, mais pas plus qu'il n'a soif; le loup, ayant déchiré sa proie,
ne pousse pas plus loin une alimentation nécessaire; mais l'homme,
pendant des jours et des nuits consécutives, ne se rassasie pas de
la table. L'ordre d'époques annuelles amène pour les animaux la fin
du rut ; mais l'homme incessamment est piqué par le taon de la
luxure. Quoi, Hippocrate ! je ne rirai pas de celui qui gémit
d'amour, parce que, heureusement, un obstacle l'arrête? et surtout
je n'éclaterai pas de rire sur celui qui, sans égard pour le péril,
se lance à travers les précipices ou sur les gouffres marins? je ne
me moquerai pas de celui qui, ayant mis sur la mer un navire et sa
cargaison, s'en va accuser les flots de l'avoir englouti tout chargé
? Pour moi, je ne crois pas même rire suffisamment, et je voudrais
trouver quelque chose qui leur fût affligeant ; quelque chose qui ne
fût ni une médecine qui les guérit ni un Péon qui leur préparât les
remèdes. Que ton ancêtre Esculape te soit une leçon, sauvant les
hommes et ayant pour remercîments des coups de foudre. Ne vois-tu
pas que moi aussi j'ai ma part dans la folie? moi qui en cherche la
cause, et qui tue et ouvre des animaux ; mais c'était dans l'homme
qu'il fallait la chercher. Ne vois-tu
375 pas aussi que le monde
est plein d'inimitié pour l'homme , et a rassemblé contre lui des
maux, infinis ? L'homme n'est, de naissance» que maladie ; en
nourrice, il est inutile à lui-même et demandant secours; ayant
grandi, il est méchant, insensé, et remis à des maîtres ; adulte, il
est téméraire ; sur le déclin, il est misérable, ayant semé par sa
folie les maux qu'il recueille. Le voilà en effet tel qu'il sort du
sein sanglant de sa mère, Puis les violents, pleins d'une colère
sans mesure, vivent dans les malheurs et les combats ; les autres
dans les séductions et les adultères ; d'autres dans l'ivresse ;
ceux-ci à désirer ce qui est à autrui, ceux-là à perdre ce qui est à
eux. Que n'ai-je le pouvoir de découvrir toutes les maisons, de ne
laisser aux choses intérieures aucun voile, et d'apercevoir ce qui
se passe entre ces murailles? Nous y verrions les uns mangeant, les
autres vomissant, d'autres infligeant des tortures, d'autres mêlant
des poisons, d'autres méditant des embûches, d'autres calculant,
d'autres se réjouissant, d'autres se lamentant, d'autres écrivant
l'accusation de leurs amis, d'autres fous d'ambition. Et si l'on
perçait encore plus profondément, on irait aux actions suggérées par
ce qui est caché, dans l'âme, chez les jeunes, chez les vieux,
demandant, refusant, mendiant, regorgeant , accablés par la faim,
plongés dans les excès du luxe, sales, enchaînés, s'enorgueillissant
dans les délices, donnant à manger, égorgeant, ensevelissant,
méprisant ce qu'ils ont, se lançant après les possessions espérées,
impudents, avaricieux, insatiables, assassinant, battus, arrogants,
enflés d'une vaine gloire, passionnes pour les chevaux, pour les
hommes, pour 377 les
chiens, pour la pierre, pour le bois, pour l'airain, pour les
peintures, les uns dans les ambassades, les autres dans les
commandements militaires, d'autres dans les sacerdoces, d'autres
portant des couronnes, d'autres armés, d'autres tués. Il faut les
voir allant, les uns aux combats de mer, les antres à ceux de terre,
d'autres à l'agriculture, d'autres aux navires de commerce, d'autres
à l'agora, d'autres à l'assemblée, d'autres au théâtre, d'autres à
l'exil, en un mot, les uns d'un côté, les autres d'un autre, ceux-ci
à l'amour des plaisirs, au bien-être et à l'intempérance, ceux-là à
l'oisiveté et à la fainéantise. Comment donc, voyant tant d'âmes
indignes et misérables, ne pas prendre en moquerie leur vie livrée à
un tel désordre ? Ta médecine même, je 'suis bien sur qu'elle n'est
pas bien venue auprès d'eux; leur désordre les rend maussades pour
tout, et ils traitent de folie la sagesse. Et certes je soupçonne
que bonne partie de ta science est mise à mal par l'envie ou par
l'ingratitude ; les malades, dés qu'ils sont sauvés, attribuent leur
salut aux dieux ou à la fortune ; d'autres en font honneur à la
nature et haïssent leur bienfaiteur, s'indignant, ou peu s'en faut,
si on les croit débiteurs. La plupart, étant en eux-mêmes étrangers
à toute idée d'art, et n'ayant aucun savoir, condamnent ce qui est
le meilleur ; car les votes sont entre les mains des stupides. Ni
les malades ne veulent confes- 379
ser, ni les confrères ne veulent témoigner, car l'envie s'y oppose.
Ce n'est certes pas à un homme épargné par ces misérables propos que
je parle ici, sachant bien que toi aussi as souvent subi des
indignités, sans avoir voulu, pour argent ou pour envie, dénigrer à
ton tour, mais il n'y a ni connaissance ni confession de la vérité.
Il souriait en me parlant ainsi, et il me paraissait, Damagète, un
être divin, et j'oubliais qu'il était un homme. Alors je repris la
parole : O Démocrite plein de gloire, je rapporterai à Cos de bien
grands dons de ton hospitalité ; car tu m'as rempli d'une immense
admiration pour ta sagesse; je m'en retourne, proclamant que tu as
exploré et saisi la vérité de la nature humaine. J'ai reçu de toi le
remède qui guérira mon intelligence, et je prends congé, car l'heure
l'exige, ainsi que les soins réclamés.par le corps; mais demain
381 et les jours suivants
nous nous reverrons. A ces mois, je me levai, et lui, se préparant à
me suivre, donna les livres à quelqu'un qui sortit je ne sais d'où.
Alors je pressai le pas, et m'adressant à ceux (véritables
Abdéritains, ceux-là) qui m'attendaient sur la hauteur : Amis,
dis-je, je vous dois bien des grâces de m'avoir appelé au milieu de
vous ; car j'ai vu le très-sage Démocrite, seul capable de rendre
sages les hommes. Voilà ce que j'ai à t'annoncer au sujet de
Démocrite, avec une pleine satisfaction. Porte-toi bien.
_________________________________Site Jean de La Fontaine
http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/index.htm
DÉMOCRITE ET LES ABDÉRITAINS
Que j'ai toujours haï les pensers du vulgaire !
Qu'il me semble profane, injuste, et téméraire,
Mettant de faux milieux entre la chose et lui,
Et mesurant par soi ce qu'il voit en autrui !
Le maître d'Épicure (1) en fit l'apprentissage.
Son pays le crut fou : Petits esprits ! mais quoi ?
Aucun n'est prophète chez soi.
Ces gens étaient les fous, Démocrite, le sage.
L'erreur alla si loin qu'Abdère (2) députa
Vers Hippocrate (3) , et l'invita
Par lettres et par ambassade,
A venir rétablir la raison du malade.
Notre concitoyen, disaient-ils en pleurant,
Perd l'esprit : la lecture a gâté (4) Démocrite.
Nous l'estimerions plus s'il était ignorant.
Aucun nombre, dit-il, les mondes ne limite :
Peut-être même ils sont remplis
De Démocrites infinis.
Non content de ce songe, il y joint les atomes,
Enfants d'un cerveau creux, invisibles fantômes ;
Et, mesurant les cieux sans bouger d'ici-bas,
Il connaît l'univers, et ne se connaît pas.
Un temps fut qu'il savait accorder les débats :
Maintenant il parle à lui-même.
Venez, divin mortel ; sa folie est extrême.
Hippocrate n'eut pas trop de foi pour ces gens ;
Cependant il partit. Et voyez, je vous prie,
Quelles rencontres dans la vie
Le sort cause ; Hippocrate arriva dans le temps
Que celui qu'on disait n'avoir raison ni sens
Cherchait dans l'homme et dans la bête
Quel siège a la raison, soit le cœur, soit la tête.
Sous un ombrage épais, assis près d'un ruisseau,
Les labyrinthes (5) d'un cerveau
L'occupaient. Il avait à ses pieds maint volume,
Et ne vit presque pas son ami s'avancer,
Attaché selon sa coutume.
Leur compliment fut court, ainsi qu'on peut penser.
Le sage est ménager du temps et des paroles.
Ayant donc mis à part les entretiens frivoles,
Et beaucoup raisonné sur l'homme et sur l'esprit,
Ils tombèrent sur la morale.
Il n'est pas besoin que j'étale
Tout ce que l'un et l'autre dit.
Le récit précédent suffit
Pour montrer que le peuple est juge récusable.
En quel sens est donc véritable
Ce que j'ai lu dans certain lieu,
Que sa voix est la voix de Dieu ?
Cette fable nous montre un La Fontaine très critique des préjugés du vulgaire. La dérision du proverbe Vox populi, vox Dei est nettement montrée (dernier vers de la fable) Sources : Les lettres apocryphes d'Hippocrate (lettres du Sénat et du peuple d'Abdère à Hippocrate pour lui demander de venir guérir Démocrite ; lettre d'Hippocrate racontant ses entretiens avec Démocrite). L.F. les avait lues soit dans le texte grec, soit dans la traduction latine, soit dans les Conférences d'Hippocrate et de Démocrite, traduites du grec en français avec un commentaire (1632) par le médecin Bompart. (notes, G. Couton, fables p. 496) |
(1) Démocrite, avec Leucippe : fondateurs de la doctrine atomique (2) colonie grecque de Thrace, patrie de Démocrite (3) Hippocrate (460-377 ?) av. JC) Le plus célèbre des médecins de l'Antiquité (4) endommagé (5) les circonvolutions cérébrales |
Illustration : Jean-Baptiste Oudry__________________________
p. 167
Le miroir du père Bouhours
http://books.google.fr/books?id=PL48S0lnacwC&pg=PA303&lpg=PA303&dq=Le+miroir+++Bouhours&source=bl&ots=avdjO9keq3&sig=V1vrStw-M-PtXy9M01tSSCIMBiw&hl=fr&sa=X&ei=rkPcUpj7MMLY7AaHiIBg&ved=0CGUQ6AEwCQ#v=onepage&q=Le%20miroir%20%20%20Bouhours&f=false
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_____p 169 et suite
E. Kant
"Dans le cas le plus favorable tel que l'envisage Kant dans les observations sur le Sentiment du beau et du sublime , le mélancolique apparait comme le plus apte à éprouver le sentiment du sublime , mais aussi comme celui qui est , à l'égard de lui-même et des autres un juge sévère" et il n'est pas rare ajoute Kant qu'il soit insatisfait de soi aussi bien que du monde.
+ Anthropologie>>> nostalgie.
_____Schiller >>>la satire
____Torquato Tasso de Goethe
____Baudelaire :"héautotimorouménos"
_____Freud : choix d'objet narcissique
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P. 181
L'Utopie de robert Burton ....
Anatomie de la Mélancolie (1621)
Chacun connaît le jeu de l'île déserte. L'Anatomie de la mélancolie de Robert Burton (1576-1640) fait partie des dix livres à emporter sur cette fameuse île. Sans équivalent à son époque ni après elle, l'Anatomie est la somme de toutes les questions que se pose l'individu face au monde, la somme aussi de toute la culture classique. Si l'Anatomie est la Bible de l'honnête homme, elle demeure pour nous un livre total. Il aura fallu attendre plus de trois siècles pour que le lecteur français découvre le père de la psychologie moderne, l'ancêtre de la psychanalyse et s'aperçoive que les inquiétudes religieuses et existentielles sont toujours les mêmes. La langue française est la seule à n'avoir pas très rapidement accueilli Robert Burton (1576-1640), malgré les avertisssements répétés d'autres grands monstres de la littérature (de Sterne à Mac Cormack - en passant par Melville -, de Baudelaire à Borgès, etc.). Sous le nom de Démocrite junior, Robert Burton analyse la Mélancolie : ses causes, ses symptomes, ses effets, les caractéristiques les plus inattendues de ses manifestations, ses remèdes. Divisée en trois grandes parties, Anatomie de la mélancolie est précédée d'un succulent prologue de quelque 300 pages qui explique le pourquoi et le comment du sujet, le justifie en quelque sorte. Très lue dès sa sortie, pillée par la suite, oubliée au XVIIIe siècle, redécouverte par le mélancolique XIXe, si l'oeuvre ne vient à bout d'un sujet ontologiquement inépuisable, elle révèle les aspects les plus divers de l'espèce humaine. Traduit par Bernard Hoepffner avec la collaboration de Catherine Goffaux, présenté par Jean Starobinski, cette nouvelle édition de cette oeuvre-monstre, saluée en 2000 par l'ensemble de la critique, est vendue en deux volumes inséparables et comporte un index complet. - Présentation de l'éditeur -
(date de publication : 1er avril 2004)
http://www.franceculture.fr/oeuvre-anatomie-de-la-m%C3%A9lancolie-de-robert-burton.html#.Ut-3wTYGPuM.facebook
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Keats Ode sur la Mélancolie
Ode sur la mélancolie
(in Les Odes,
trad. Alain Suied, Éditions Arfuyen)
Non, non, ne va pas boire au Léthé, ne va pas boire
Le vin empoisonné de l’aconit aux rudes racines ;
N’accepte pas que ton front pâle reçoive le baiser
De la belladone, vermeil raisin de Proserpine ;
Ne fais pas ton rosaire des grains de l’if ;
Ne laisse pas le scarabée, ni la phalène devenir
Ta Psyché de deuil, ni le hibou duveteux
Le compagnon des mystères de la Mélancolie ;
Car l’ombre rejoindrait la torpeur des ombres
Et noierait l’angoisse vigilante de l’âme.
Mais quand s’abattra la Mélancolie,
Soudaine messagère des Cieux, nuage de larmes,
Qui abreuve les fleurs aux têtes tombantes,
Et cache la verte colline sous un linceul d’Avril;
Alors gave ta peine d’une rose matinale,
Ou de l’arc-en-ciel entre vague et rivage,
Ou de l’abondance des globes de pivoines ;
Ou si ta maîtresse montre une riche colère,
Emprisonne sa douce main dans la tienne, laisse-la
Se déchaîner et bois son regard sans pareil.
Sa demeure est dans la Beauté - mortelle condition ;
Et dans la Joie, dont la main esquisse à ses lèvres
Un éternel adieu ; et dans le douloureux Plaisir,
Qui se change en poison tandis que la bouche, abeille,
L’aspire : oui, au temple même de la Félicité,
La Mélancolie voilée trouve un sanctuaire souverain
Que seul sait voir celui qui peut, d’une langue vive,
Faire éclater les raisins de la Joie contre son fin palais ;
Son âme goûtera le triste pouvoir de la Déesse
Et deviendra l’un de ses trophées de nuages.
(http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/keats.html)
P 222 Shakespeare le Jacque de Comme il vous plaira
p248 Van Gogh Dr Gachet
p247 La leçon de la nostalgie
p268
Le role de la musiqueSigne memoratif fr Rousseau
(Dictionnaire de la musique
p 283 la nostalgie , une variété du deuil
p287 l'exil Ulysse
p316 L'é&légie
mémoire littéraire
Les Tristes d'Ovide
Ovide>>Delacroix >>Baudelaire
Tableau Ovide en exil chez les Scythes
p324 Goethe, Torquato Tasso
p 327 Mandelstam ? Tristia
Yves Bonnefoy
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Le Salut par l'ironie
XVIIIème retour au "petit", lexs contes qui remplacents les mythes"l'ombre portée du mythe " , les bibelots
p 360 Le théatre Diderot Gozzi ? (Italie = ironie)
P 386 Kierkegaard
les 3 ages
les pseudonymes
Humm encore 300 pages ....:
on voit que pour exploiter Starobinsky , il faudrait au moins un an sur le livre afin d'essayer de dégager une synthèse
peut être ne s'adresse-til qu'à de grands érudits , j'avoue que je suis un peu noyée .....et pourtant il est bien difficile de l'abandonner ...
Juste quelques titres de chapitre ...
Rêve et immortalité mélancolique
Baudelaire
les proportions de l'immortalité : "j'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans....."
Les rimes du vide
Le regard des statues
le prince et son bouffon
Des négateurs et des persécutés
L'encre de la mélancolie
"Dans son néant j'espère trouver le tout "
Don Quichotte
Madame de Staël
Jouve ouvrier de l'entre-deux
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