mardi 25 décembre 2018

Montaigne par Stefan Zweig

Courte biographie  et dernier   ouvrage  de   Zweig  avant  son  suicide en 1942.

"Dans  Montaigne,  ne  m'émeut et  ne  m'occupe aujourd'hui que ceci  :  comment  dans  une  époque  semblable à la  notre,  il  s'est  lui-même  libéré intérieurement et comment, en  le lisant, nous  pouvons  nous-mêmes  nous fortifier à  son exemple. Je vois  en  lui  l'ancêtre, le protecteur et  l'ami " de  chaque homme  libre sur terre", le meilleur  maître de cette science  nouvelle et pourtant éternelle qui consiste à se  préserver  soi-même de tous et  de  tout."
(4ème  de  couverture ,  PUF collection  Quadrige)

Quand  Zweig écrit  ce  livre ,  il est en exil  au Brésil, ses espérances personnelles et collectives ébranlées, ses conceptions humaniste,  universaliste , européaniste, pacifiste malmenées. 
Son refus   d'un engagement   plus actif  , y compris en  faveur   du  pacifisme  est mal  compris  par  ses amis  , on perçoit qu'il cherche  chez Montaigne  la justification de son attitude où  la liberté de  pensée  s'exprime par le silence, anticipant   la  justification  jusqu'à son suicide lui-même  
On sait  à quel  point  il  fut  l'ami et l'admirateur  de   Romain  Rolland  et combien  il  partagea ses positions  lors  du déclenchement  de  la seconde   guerre  mondiale , comment   Romain  Rolland  se défendait  au  titre d'une  conscience libre  pour se situer   "Au-dessus  de  la  mêlée".  Après  l'Armistice  de1918 , les relations  entre  les amis  s'espacèrent  (La biographie de  Romain  Rolland par   Stefan  Zweig s’arrête  à  1920) . Romain  Rolland  ne cessa  de  s'engager  pour  dénoncer  avec force la montée du  nazisme, en  homme  libre,  en solitaire ...  Au  silence  de   Zweig  ,  Rolland  opposait   l'engagement   littéraire et  des  prises de   positions officielles soutenues . Il  fit de sa  notoriété  une  arme   pour défendre  leurs convictions  partagées . Deux stratégies divergentes pour  exprimer  le droit  de  penser  en  homme  libre ....
Ce n'était  peut  être  pas  la  volonté précise de  Zweig ,  mais  en  lisant  ce texte ,  dans  les circonstances  où  il  a  été écrit,  j'ai  l'impression qu'il s'adresse à Romain  Rolland   en prenant  Montaigne  à  témoin  en quelque sorte .

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