vendredi 5 octobre 2018

L'enfant et la rivière de Henri Bosco





Un  récit poétique comme  défini par la  4ème de couverture. :

l’âme se manifesta vers  minuit.
Elle  marcha  le long du  rivage, écarta un buisson et descendit la grève. Elle m'y apparut, comme une petite blancheur. Cette blancheur erra un moment, puis s'approcha de l'eau.
C'est  alors  que je perdis  la  tête. Je détachai la barque u mouillage,  et tout doucement,  à la perche, je la  poussai. Elle  m'obéit et se  mit  à glisser  sur l'eau noire.
"voilà peut-être  l'une des reconquêtes  du  XXe siècle, cette  liberté  poétique, cette remontée  à  la source des symboles et des  images !" (J Steinmann).
(éditons Gallimard 1953)

Henri  Bosco né  en  1888 à  Avignon, de souche  provençale et  italienne, mort  en  1976.
L'enfant et la rivière  est de  1945.
Henri  Bosco  sur  Wikipédia

Ce que  m'apprend Wikipédia  :  Henri Bosco est un des écrivains favoris de Gaston Bachelard9, qui le cite fréquemment dans ses œuvres pour commenter ses images et ses métaphores, notamment dans La Flamme d'une chandelle. Les deux auteurs ont entretenu une correspondance

Je me suis précipitée sur   La flamme  d'une  chandelle  pour découvrir  que   ce livre est effectivement  dédicacé  à  Henri  Bosco.
Le récit  poétique , tout  imprégné  de la  magie de  l'eau, des lieux  humides, des  iles  , des marais,    aurait  pu  me mener directement à   Bachelard et  à   sa  Poétique  des  eaux  dormantes.  Pourquoi  cette dédicace  pour  ce livre consacré à  l'imaginaire  du feu  ?
En fait   les rêveries que partageaient le philosophe  et  le  romancier sont  bien  plus  vastes et ne se limitent   ni  à  l'eau  ni  au feu , mais bien  aux quatre éléments !
Ainsi , les  deux enfants du  roman,  en escapade, ont trouvé refuge sur  une  île et tels  des  Robinson, prélèvent  à  la nature leur repas quotidien:
[...]Dés  lors  nous  menâmes une vie  passionnante. Nous avions  dans nos  mains  la  nourriture! Quelle  nourriture !  Car  ce n'était  pas  là  un  aliment  banal,acheté,  préparé,  offert  par d'autres  mains, mais  notre nourriture  à  nous, celle que  nous avions  pêchée  nous-mêmes, et qu'il   nous fallait  nettoyer, assaisonner, cuire  nous-mêmes.
Or,  les  pouvoirs secrets de cette nourriture donnent  à  celui  qui  la mange,  de  miraculeuses facultés. Car elle  unit sa vie  à  la  nature. C'est  pourquoi entre nous et  les éléments naturels un merveilleux contact   s'établit  aussitôt. L'eau, la terre,  le  feu et  l'air nous furent  révélés.
L'eau  qui  était devenue notre  sol  naturel : nous  habitions  sur  l'eau;  nous en  tirions  la vie.
La terre,  à peu  près  invisible, mais qui  tenait  les eaux entre ses bras  puissants.
L'air d'où viennent  les vents, les  oiseaux, les insectes.
L'air  où  les  nuages circulent  si  légèrement. L'air  paisible et  orageux. l'air  où s'étendent  la lumière  et  l'ombre. L'air  où  se  forment  les  présages.
Le feu, enfin, sans quoi la nourriture est  inhumaine. Le feu  qui réchauffe et  rassure. Le feu  qui fait le campement. Car sans  le feu  il  manque  un  génie  à  la  halte. Elle n'a  plus e sens . Elle  perd tout son  charme; elle  n'est  plus  une  vraie  halte, avec son  repas  chaud, ses causeries, son  loisir entre deux étapes, ses rêves et son  sommeil bien protégé.
Jusqu' ce jour, je  ne connaissais  pas  le  feu, le vrai  feu, le  feu de  plein  air.Je n'avais jamais  vu  que  des feux apprivoisés, des feux captifs  dans  un fourneau, des feux  obéissants, qui  naissent d'une pauvre allumette, et  auxquels ont ne  permet  pas toutes  les flammes.On  les  mesure,  on  les tue,  o  les ressuscite et , pour tout dire,  on les avilit. Ils sont  uniquement  utiles. Et si  l'on  pouvait s'en passer, pour chauffer  et cuire, on n'en verrait  plus chez  les  hommes. Mais  là , en  plein vent,au  milieu  des roseaux  et des saules, notre feu  fut vraiment  le feu, le vieux  feu  es  camps  primitifs.
[...]       

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