(extraits de Paregga et Paralipomena sortie en 1851: " Sur la doctrine de l'indestructibilité de notre être réel par la mort" et "Affirmation et négation de la volonté de vivre" )
Commentaires de Didier Raymond:
La pensée d'A. Schopenhauer est restée longtemps incomprise du public de l'époque.... subjugué d'hegelianisme et par les derniers feux de l'idealisme.
Or la philosophie de S est en grande partie un effort pour sortir de cet idealisme qui ne comprend le monde que comme idée ou comme représentation , une totalité réductible aux lois de l'entendement.. Toute cette tradition spéculative s'est détournée de ce que les sciences de la nature , et en particulier la physiologie, mettaient alors au jour à savoir la vie comme processus physiologique et chimique. Le soin avec lequel le philosophe lit les oeuvres de ( José Cabanis?) et de Xavier Bichat montre assez le souci de ne jamais séparer la demarche scientifique de la recherche philosophique "la metaphysique dit Schopenhauer est une science de l'expérience " . Cette proposition à valeur d'axiome mais ne signifie pas que sa pensée philosophique découle de l'expérience....sciences (physiologie)au XIX ème confirment les intuitions de la métaphysique Par métaphysique de la vie il faut entendre cette idée qui est au coeur de son système, à savoir que ce qui est le plus originaire dans toutes nos expériences et dans la totalité des être vivants , c'est le vouloir-vivre. Le Vouloir -vivre est un mouvement d'auto-developpement du vivantconçu hors des cadres traditionnels de la métaphysique, independamment du principe de finalité. Pense que la nture d'un être vivant répond à une finalité, c'est à dire à un but et finalement possède un sens , est le type d'illusions consolatrices que la philosophie doit éliminer. Seule subsiste la causalité réglant le monde des phénomènes .....
A lire sur la tentative avortée de la philosophie genealogiste de Schopenhauer : theoria.fr/schopenhauer-premisse-dune-genealogie/
Dans son ouvrage intitulé Schopenhauer, philosophe de l’absurde,
Clément Rosset nous invite à voir en Schopenhauer l’instigateur de la
méthode généalogiste, méthode reprise à sa suite par d’autres penseurs
tels que Nietzsche, Freud ou Marx.
En quoi consisterait cette méthode ? Il
s’agirait d’établir les rapports entre les deux termes d’un même
phénomène, et ce non pas dans le sens d’une filiation chronologique
(puisqu’il s’avère impossible de déterminer comment une idée peut agir
sur des idées postérieures) mais, dans une perspective très
schopenhauerienne, en reliant une manifestation à une volonté sourde qui
tendrait à réaliser ses buts selon une série de transformations que
décrypterait alors le généalogiste. Dans ce sens, Nietzsche, Marx et
Freud présenteraient la même valeur critique ainsi qu’une même approche
méthodologique : n’est-ce pas après tout une quête identique de l’être
caché dans le phénomène tangible qui s’exprime à travers leurs pensées
respectives ? Cette méthode aura réellement valu uniquement dans la
seconde moitié du XIXème siècle. Schopenhauer ne serait donc pas le
véritable père fondateur de la philosophie généalogiste, mais aurait
tout de même introduit certains germes de cette méthode à travers son
système ; en ce sens, il fut le père d’une intuition dont il n’aurait
pas mesuré la portée, trop respectueux d’un cadre normatif et
terminologique kantien qu’il comptait honorer. Il conviendra ici de se
questionner sur ce qui a fondé, chez lui, les prémisses de cette
méthode, et ce en s’appuyant sur les propos de Clément Rosset ; il
s’agira ensuite de vérifier la pertinence de la théorie de Rosset.
Pour en aboutir à cette intuition
généalogiste, Schopenhauer est parti de deux réflexions portant sur la
causalité et l’étonnement. Portons de prime abord notre regard sur cet
étonnement ; celui-ci, tout platonicien, porte sur des phénomènes
ordinaires et prend pour sujet d’étude le banal et l’habituel. Au
contraire de l’étonnement scientifique, qui vise les phénomènes inscrits
dans la nature (nature qui comporte des lois auxquelles il existe des
exceptions), l’étonnement philosophique surgit dans le cours naturel des
choses. L’étonnement schopenhauerien, quant à lui, tient lieu d’une
angoisse devant l’absence de causalité. Nous retrouvons ici une parenté
avec David Hume qui déjà critiquait l’idée de connexions causales dans
les phénomènes physiques et esquissait une différence fondamentale entre
nécessité physique et nécessité logique. Or, cet étonnement tend à
péricliter car tout, sous l’empire de l’entendement et de la science,
devient causal. L’étonnement schopenhauerien vise alors à détruire cette
idée de causalité scientifique partout présente dans la représentation,
et ce en opérant une distinction entre la cause (qui concerne la
nécessité physique) et la raison (qui concerne la nécessité logique).
Or, exprimant une Volonté absurde, l’existence est sans cause ni raison.
Schopenhauer émet une méfiance terrible envers l’impuissance de
l’étiologie, qui n’explique jamais que les connexions existantes entre
les phénomènes sans jamais toucher à leur essence : cette prétendue
science de la connaissance ne sera donc jamais que celle du prévenir, de
l’action, de l’operari (qui faut ici opposer à l’esse)
; Schopenhauer s’appuie notamment sur le concept de « force
naturelle », inexplicable pour la science. Or, c’est cette même force
qui provoque la chute d’un caillou ou la croissance d’une plante.
L’étiologie ne sera donc jamais qu’un sujet de désillusion. La science
renvoie d’apparence en apparence, de masque en masque, et veut s’imposer
comme science totale de la nature.
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